VOILLOT Jean

Par Justien Raymond

Né le 5 avril 1874 à Ternant (Nièvre), mort le 18 février 1953 à Lyon (Rhône) ; menuisier ; militant syndicaliste et socialiste ; conseiller municipal socialiste de Lyon, conseiller général, député et sénateur du Rhône.

Jean Voillot
Jean Voillot

Jean Voillot naquit d’un père menuisier qui fut d’abord ouvrier bûcheron. Il alla, très jeune, habiter Lyon et y devint à son tour ouvrier menuisier. Dès 1893, il se fit remarquer par son activité militante. Il y apporta un dévouement continu et de réelles qualités personnelles : organisateur, orateur, homme modeste, il frappait ceux qui l’approchaient par une distinction naturelle. La police elle-même rendait hommage à sa « sobriété, son intelligence et sa bonne conduite ». En mai 1894, après avoir manifesté des tendances anarchisantes, Jean Voillot adhéra au Parti ouvrier français (POF).

Militant syndicaliste, il fut longtemps secrétaire du syndicat des ouvriers menuisiers, siégea dans les unions locales et participa aux congrès de la CGT, de 1900 et de 1901. Au XIe congrès — 5e de la CGT, Paris, septembre 1900 — il affirma (cf. c. rendu, p. 126) que « l’action économique est parfaitement restreinte si elle n’est pas complétée par l’action politique ». Au XIIe congrès (Lyon, septembre 1901), c’est lui qui donna lecture du rapport sur le Conseil supérieur du Travail (cf. c. rendu p. 110-112). Il déclara notamment : « Il faut que les forces patronales et ouvrières, numériquement égales, aient seules le droit de discuter les questions intéressant la classe ouvrière [...] En dehors de ces conditions, nous combattrons le Conseil supérieur du Travail » (p. 113). Il donna lecture également du rapport sur les syndicats et l’action politique — c. rendu p. 146-148. L’action syndicale, dit-il, doit « s’affirmer en dehors de toute influence politique » (cf. p. 151).

En 1899, il fut délégué à son congrès d’Épernay. En 1900, il fut son candidat au conseil municipal de Lyon (IVe arr.) et échoua avec 121 voix. Cette même année, il fut son délégué au congrès de Paris, salle Wagram. En 1902, il fut le premier secrétaire de la fédération révolutionnaire départementale affiliée au Parti socialiste de France, né de la fusion du POF et du PSR. En 1904, dans le 6e arr. il fut élu au conseil municipal sur une liste de concentration, par 6 447 voix. À dater du congrès du 15 mai 1905 auquel il participa, il appartint à la fédération du Rhône du Parti socialiste SFIO. Il la représenta aux congrès nationaux de Toulouse (1908), de Saint-Étienne (1909), de Nîmes (1910) et de Lyon (1912). Battu au conseil municipal en 1908, il y fut réélu en 1912. En 1904, il fut élu conseiller général du Rhône par 4 436 voix dans le canton de Villeurbanne et y fut réélu en 1910 par 5 556.

Aux élections législatives de 1902, candidat du Parti socialiste de France dans le 10e arr. de Lyon, il recueillit 700 suffrages, tandis que F. de Pressensé, socialiste indépendant, en rassemblait 4 042 et était élu. En 1906, il porta les couleurs de la SFIO dans le 7e arr. où il obtint 882 voix, et en 1910, il en groupa 1 363 contre Augagneur dans le 3e. Quelques années avant la guerre, il exerça le métier de représentant de commerce qu’il fit servir à la propagande. En 1914, il fut élu député du Rhône dans le 10e arr., l’ancienne circonscription de Francis de Pressensé. Il recueillit 6 400 voix et fut élu au scrutin de ballottage par 8 478 sur 20 917 inscrits.

Pendant la guerre, il soutint d’abord avec la majorité du parti et du groupe parlementaire socialiste la politique de défense nationale. Mais, en décembre 1916, il se prononça contre la participation d’Albert Thomas au second cabinet Briand et, le 2 août 1917, avec 48 députés socialistes, 38 s’abstenant, il vota contre le cabinet Ribot où siégeait Albert Thomas. Le lendemain, il fut un des neuf députés qui se prononcèrent pour le retrait immédiat d’Albert Thomas : il était alors en compagnie des plus ardents minoritaires, A. Blanc, Brizon, Raffin-Dugens. Par la suite, il suivit fidèlement A. Pressemane, collabora au Populaire, organe de la minorité, et, avec cette dernière, érigée en comité pour la défense du socialisme international, il signa l’appel au Parti socialiste à la veille du congrès national de 1916.

Le 21 juillet 1918, au conseil fédéral du Rhône, il fut violemment attaqué en raison de sa passivité lors de l’affaire Calzan, secrétaire adjoint de la Fédération poursuivi pour son action pacifiste.

En 1919, il était au quatrième rang de la liste de douze candidats socialistes aux élections législatives : les trois premiers seuls furent élus. Personnellement, il recueillit 39 026 voix sur 156 075 votants, le quotient électoral étant de 12 859. Mais il conserva son siège de conseiller général.

Au cours de la préparation du congrès de Tours (décembre 1920), il signa la motion du Comité de reconstruction de l’Internationale et, le 19 décembre, au congrès fédéral qui se tint à Lyon à la mairie du VIe arr., il prôna une adhésion conditionnelle à la IIIe Internationale. Après la scission, il resta au Parti socialiste SFIO et devint l’un des lieutenants de Rognon et de Marius Moutet.

Il occupait un poste de directeur d’hôpital quand il fut élu sénateur du Rhône le 9 janvier 1927. En octobre 1935, il ne sollicita pas le renouvellement de son mandat. Il devait survivre longtemps à la fin de sa vie politique active.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134994, notice VOILLOT Jean par Justien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 août 2015.

Par Justien Raymond

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ŒUVRE : J. Voillot collabora au Peuple, à la Dépêche, à la Quotidienne, à l’Avenir socialiste, organe de la fédération du Rhône, et au Populaire.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 476 à 510, passim et Les Fédérations socialistes III, op. cit., p. 457 à 549, passim. — L’Humanité, 23 juin 1914. — Arch. Dép. Rhône, P 4 M 534. — Le Socialiste, 1902-1913. — Le Progrès. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit. — Notes de M. Moissonnier.

ICONOGRAPHIE : Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 489.

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