VOIRIN Maurice

Par Jean Maitron

Né le 28 janvier 1891 à Noyers-Pont-Maugis (Ardennes), mort le 19 décembre 1980 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) ; député socialiste des Ardennes de 1932 à 1940.

Député des Ardennes

Maurice Voirin comptait dans sa famille un aïeul, compagnon du Tour de France, qui participa aux Journées de 1848 à Paris. Fils d’instituteurs, il fit ses études à Rocroi, puis à l’École normale de Charleville. En 1910, il fut nommé professeur de lettres à l’École primaire supérieure de Mézières où il enseigna jusqu’à son élection aux législatives de 1932. Son intérêt pour la chose publique et pour le Parti socialiste — dès 1922 ou 1923 — le poussa à se présenter, en 1928, aux élections du conseil général du canton de Mézières et il fut élu. Il devint conseiller municipal en 1929 puis maire en 1935 de la ville de Mohon, jouxtant Mézières. Entre temps, il avait été candidat socialiste aux élections législatives de mai 1932 et avait été élu au second tour dans la circonscription de Mézières, recueillant 4 451 voix puis 6 330 sur 13 151 inscrits. Le candidat communiste P., Jean Caralp* s’était maintenu au second tour. Maurice Voirin fut candidat socialiste SFIO à Mézières aux élections législatives de 1936 et réélu au second tour grâce au désistement des candidats communiste et radical, recueillant 7 222 voix sur 13 489 inscrits.

Reprenant les thèses du Parti socialiste, il insistait, dans ses programmes de 1932 et 1936, sur la lutte contre la guerre, l’inégalité sociale et les puissances d’argent, sur la défense de la République menacée par les ligues fascistes ; il réclamait l’école unique et le développement post-scolaire. Lors des débats dans le Parti socialiste, en 1933, Maurice Voirin qui avait, comme Charles Boutet*, voté les crédits militaires en mai, accepta mal les critiques de sa fédération. Il n’y voyait qu’une violente tentative de « bolchévisation » lui rappelant les controverses du congrès de Tours.

Son action à la Chambre, dont il fut secrétaire de 1934 à 1936, reflétait à la fois les préoccupations du groupe socialiste et sa passion pour les problèmes touchant à l’école. Membre de la commission de l’enseignement et des beaux-arts, il fut notamment rapporteur de la loi d’aide au Museum d’histoire naturelle. Maurice Voirin s’attacha aussi en 1937 au développement touristique de sa région dans le cadre de la commission du grand tourisme de Strasbourg. De plus, il fut l’auteur de nombreuses propositions de lois tendant à l’amélioration des conditions de vie et de travail des fonctionnaires, notamment des enseignants, et il prit une part active aux discussions du budget de l’Éducation nationale. Présidant la commission d’Alsace-Lorraine de 1936 à 1940, il intervint en faveur du renforcement de la frontière du Nord-Est, et s’inquiéta de l’exode de la main-d’œuvre et de l’industrie de cette région.

Au conseil général des Ardennes, Maurice Voirin intervint avec ses amis socialistes de la même assemblée (Charles Boutet, Émile Jevais*) contre les décrets-lois Laval de 1935. Au début de 1936, il signalait que 35 % des chômeurs, sous-alimentés, étaient malades. Sans lui, en 1934, les bâtiments vétustes de l’École normale d’instituteurs de Charleville n’auraient pu être rénovés, ce qu’il obtint en dépit des difficultés de la crise économique qui rejaillissait sur le budget départemental.

Maurice Voirin cessa toute activité politique après avoir voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, ce qui lui valut d’être exclu du Parti socialiste SFIO en novembre 1944. Il se retira par la suite à Neufmanil (Ardennes).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article135000, notice VOIRIN Maurice par Jean Maitron, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 10 octobre 2022.

Par Jean Maitron

Député des Ardennes

SOURCES : Notice Ass. Nat. — Séances du conseil général des Ardennes. — Madame Candille-Lareppe, Le Front populaire dans les Ardennes, MM, Paris I, 1973. — Témoignage d’H. Manceau.

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