VOISIN Georges, Charles

Par Yves Le Floch

Né le 29 juillet 1895 à Loguivy-Plougras (Côtes-du-Nord), mort le 5 janvier 1945 à Flossenburg (Allemagne) en déportation ; instituteur ; militant syndicaliste ; militant socialiste ; résistant.

Instituteur à Guingamp (Côtes-du-Nord), membre du Parti socialiste SFIO depuis 1922, Georges Voisin fut le secrétaire de la section socialiste de cette ville et l’un des militants les plus actifs du département. Guingamp comptait du reste l’une des plus fortes sections des Côtes-du-Nord avec soixante membres en 1928. En 1929, Georges Voisin fut élu secrétaire fédéral après le retrait d’Hippolyte Pasquiou*, ce qui constituait une innovation puisque le secrétariat fédéral se tenait traditionnellement à Saint-Brieuc. Réélu secrétaire fédéral en 1930, il représenta la fédération au conseil national de Bordeaux de 1930, et fut délégué au congrès de Tours en mai 1931.

Dans L’Éveil breton du 16 avril 1933, Georges Voisin demanda que les tendances soient officiellement représentées dans la fédération et semblait à ce moment très proche de la ligne de La Charrue rouge et des sections du Lannionais (voir Augustin Hamon*). En fait, il voulait probablement faire contrepoids à l’influence, dominante dans la fédération, exercée par le maire socialiste de Saint-Brieuc, Octave Brilleaud*, qui fin 1933 se sépara du parti avec les néo-socialistes. Il faut souligner que Guingamp faisait la liaison entre les militants du Lannionais et ceux des communes rurales de l’intérieur de l’Ouest du département, nettement plus combatifs et plus à gauche que ceux de Saint-Brieuc et de Dinan. De plus la CGT, dont Voisin était membre, était fortement implantée aux usines Tanvez à Guingamp. Tout cela confère une valeur sans doute plus que circonstancielle à la part prise par Voisin et Guingamp dans la réorganisation consécutive à la scission « néo ».

Avec Frédéric Choffé* et Guy Robert*, Georges Voisin créa un nouveau journal fédéral — L’Éveil breton étant propriété de Brilleaud — dont il fit adopter le principe lors du congrès extraordinaire de la fédération en juillet 1934. A cette époque un conflit violent l’opposa à Alexandre Le Guennic*, de la CGT, et l’amena devant le tribunal pour coups et injures lors des élections cantonales. Le conflit est un peu obscur, Le Guennic était un militant ouvrier de plus en plus discuté et Georges Voisin, qui avait été trépané durant la guerre, avait un caractère difficile. Le Combat publia pendant longtemps des motions de solidarité envers Voisin. En 1936, il obtint 1 141 voix aux élections législatives sur 17 368 inscrits et devint secrétaire de l’union des sections de la circonscription de Guingamp. La même année, il se chargea de l’Union locale CGT, poste qu’il occupait encore en 1938.

Georges Voisin intervint en d’importantes occasions de la vie syndicale de Guingamp : au cours d’une réunion du syndicat CGT des Métaux le 22 juillet 1937, au cours d’une réunion de propagande de l’Union locale CGT contre les décrets Daladier le 16 septembre 1938. Il joua un rôle important lors de la grève du Bâtiment fin juin-début juillet, organisant des réunions où il appela au calme, prenant la tête des cortèges ouvriers. La grève menaçant le pardon, principale rentrée annuelle d’argent pour les commerçants, il fut menacé par les forains et fit immédiatement imprimer une affiche assurant que le pardon pourrait se dérouler normalement. Georges Voisin prit également part à un important meeting tenu le 15 octobre 1938 pour la réintégration des ouvriers licenciés par les fonderies Tanvez, qui travaillaient pour la défense nationale. Par ailleurs, Voisin s’occupa très activement d’œuvres scolaires, dont la colonie de vacances des Petits Gars à Bréhec-en-Plouézec (Côtes-du-Nord).

Résistant depuis 1942, responsable du secteur de Guingamp chargé du recrutement et l’hébergement des réfractaires au STO, Georges Voisin fournit aux FTP de la région plusieurs revolvers et des munitions qu’il avait cachés depuis 1940 avec des amis. Arrêté, il fut déporté aux camps d’Auschwitz, Buchenwald puis Flossenburg où il mourut. Il fut décoré de la médaille de la Résistance à titre posthume.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article135015, notice VOISIN Georges, Charles par Yves Le Floch, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 13 mars 2021.

Par Yves Le Floch

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-du-Nord, série M. — L’Éveil breton. — Arch. ministère des AC et victimes de guerre.

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