WAGNER Jean [WAGNER Frédéric, Jean]

Par Gilles Morin, Justinien Raymond

Né le 6 mars 1894 à Colmar (Haut-Rhin), mort le 19 septembre 1956 à Mulhouse ; typographe et linotypiste puis journaliste ; militant syndicaliste et socialiste ; élu du Haut-Rhin.

Issu d’une famille ouvrière, Jean Wagner fréquenta l’école primaire puis se forma comme typographe et linotypiste. Exerçant son métier à Mulhouse, il milita à partir de 1912 au syndicat du Livre et au sein du mouvement socialiste. De 1918 à 1935, il présida le syndicat du Livre de Mulhouse. A ce titre, il prit part à tous les pourparlers avec les syndicats patronaux ainsi qu’à l’élaboration des conventions collectives sur les arts graphiques des trois départements, Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle. Il fut successivement linotypiste au quotidien socialiste, le Républicain du Haut-Rhin, puis, parrainé par Jean Martin* (voir Jean Blaise Martin*), journaliste en 1922, enfin directeur politique en 1928, rédigeant quotidiennement un article de fond.

Adhérent de la section socialiste de Mulhouse, Jean Wagner en fut secrétaire de 1925 à la guerre. Il était l’un des militants les plus en vue de la Fédération socialiste SFIO du Haut-Rhin qui en fit souvent son candidat. En 1923, lors d’une élection municipale complémentaire, Jean Wagner fut élu sur la liste socialiste à Mulhouse. Il allait siéger sans interruption jusqu’en 1940, animant les campagnes électorales qui permirent aux socialistes de conquérir la majorité municipale dès 1925. En 1927, il accéda au poste d’adjoint au maire et devint premier adjoint en 1935. Il fut successivement chargé de l’assistance publique puis des affaires culturelles. A deux reprises, il fut le candidat aux élections législatives dans l’arrondissement de Thann. En 1928, il obtint 3 195 voix, devant Galler*, communiste et Renoir, républicain de gauche, mais le député autonomiste et clérical Brom fut réélu dès le premier tour. En 1932, Brom fut réélu au premier tour tandis que Jean Wagner rassemblait 2 935 suffrages, devançant un catholique national et un communiste. En 1936, il fut candidat dans la 1re circonscription de Mulhouse abandonnée par Salomon Grumbach* qui y avait été battu en 1932. Sur 28 602 inscrits, Jean Wagner obtint 8 096 voix, derrière Wallach, républicain de gauche, député sortant, devant l’autonomiste Jacob et le communiste Joseph Woelfflin*. Au ballottage, Jean Wagner, avec 10 188 voix, fut battu par Wallach. Le 23 avril 1939, une élection législative partielle se déroula dans la même circonscription ; Jean Wagner y obtint 7 523 voix et fut battu par Féga au second tour. Il était aussi l’un des initiateurs de la fondation de l’association des maires du Haut-Rhin et, en 1931, membre des Amis de la nature, mouvement créé en 1913. En 1931, il avait été délégué au congrès de l’IOS.

Jean Wagner participa à la lutte contre l’État de Vichy et contre l’occupation allemande. Chassé de ses fonctions municipales, il fustigea Pétain et la collaboration dans la presse suisse. Réfugié à Toulouse, il fut l’un des fondateurs du groupement des réfugiés et des expulsés d’Alsace et de Lorraine. Revenu à Mulhouse, il fut grièvement blessé le 14 décembre 1944 aux deux jambes en combattant et resta handicapé jusqu’à la fin de sa vie.

Secrétaire de la Fédération SFIO du Haut-Rhin en 1945, Jean Wagner devint le puissant administrateur de l’imprimerie Union et directeur du journal le Républicain du Haut-Rhin. A la mort d’Auguste Wicky*, il fut désigné maire de Mulhouse, du 3 janvier au 20 octobre 1947. Battu en octobre de cette même année, il fut réélu maire en 1953. Ses mandats locaux furent surtout marqués par la lutte contre la crise du logement. Il siégea aux deux Assemblées constituantes et fut réélu député, de 1946 à 1955. Il intervint dans de nombreux débats parlementaires intéressant l’Alsace, sur l’enseignement du français dans cette province, à propos du chômage dans les mines de potasse ou au sujet des crimes commis par des alsaciens de la division « Das Reich » à Ouradour-sur-Glane. Jean Wagner siégea à deux grandes commissions, la presse et l’intérieur. Il présida cette dernière, en 1953, après le décès du maire de Lille, Denis Cordonnier, et participa activement à l’élaboration du code municipal en 1947 et au projet de loi relatif au statut général des agents communaux. A deux reprises, en 1954 et 1955, il fut désigné comme responsable de mission parlementaire en Algérie. Après son échec aux élections de 1956, en dépit d’un gain de 16 000 suffrages par rapport à 1951, il fut désigné par la SFIO pour siéger comme conseiller de l’Union française.

Président départemental de la Ligue de l’enseignement, président d’honneur de la Fédération du Haut-Rhin de la Ligue des droits de l’Homme et membre du comité département de la Croix-Rouge française du Haut-Rhin, Jean Wagner était chevalier de la Légion d’honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article135138, notice WAGNER Jean [WAGNER Frédéric, Jean] par Gilles Morin, Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 2 mai 2022.

Par Gilles Morin, Justinien Raymond

ŒUVRE : 50 Jahre Buchdrucker-Organisation zu Mülhausen, Mulhouse, Impr. Union, 1923. — Dix années d’activité municipale, 1935. — Une génération d’activité municipale, 1947.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13127. — Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. OURS. — La Voix du peuple, janvier 1936. — La Vie du parti, n° 85, juin 1939. — Die Mülhauser Volkszeitung, 1904-1915, devenu Le Républicain du Haut-Rhin en 1918. — A la mémoire de Jean Wagner, Mulhouse, Impr. Braun & Cie, 1956. — Le Populaire, 20 septembre 1956. — Le Républicain du Haut-Rhin, 22 et 29 septembre 1956. — É. Muller, Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1962.

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