WEISSE Robert, Jean

Par Daniel Grason

Né le 24 juin 1905 à Paris (XIXe arr.), mort le 4 février 1981 à Saint-Amand-Montrond (Cher) ; carreleur faïencier ; militant syndicaliste CGTU puis CGT ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant ; déporté à Neuengamme (Allemagne).

Robert Weisse
Robert Weisse

Ouvrier parisien, Robert Weiss adhéra à la CGTU en 1923 puis au Parti communiste en 1930. Selon le témoignage de Robert Masquet, il habitait Argenteuil rue du Coudray. Militant et responsable du mouvement Amsterdam-Pleyel, il s’engagea également dans les Brigades internationales pendant onze mois, il arriva en Espagne le 4 juin 1937.
Arrêté en 1940, il s’évada et rejoignit la Résistance en mai 1942. Propagandiste communiste clandestin, il fut de nouveau arrêté (Robert Masquet fait un lien avec la perquisition du domicile d’une dame Lacipière (peut-être sa compagne), 12 rue Gouthière (affaire Brossard et tous autres) en février 1943), emprisonné puis déporté au camp de concentration de Neuengamme (Allemagne). Après sa retraite, il se retira à Saint-Amand-Montrond (Cher) où il mourut.
Robert avait donné deux enveloppes à Robert Masquet portant son adresse à la prison de la Santé : « M. Robert Weisse Détenu politique 14ème division cellule 57 bis 42 rue de la Santé Paris. »
Robert Weisse quitta Argenteuil en compagnie de Suzanne Lacipière également militante communiste, le couple habita à Paris. Les policiers de la BS1 et BS2 menaient une chasse impitoyable aux militantes et militants communistes clandestins. Robert Weisse et Suzanne Lacipière militante d’Argenteuil furent filés de la fin décembre 1942 au début mars 1943.
Le 21 décembre 1942, il rencontra à 9 heures 35 rue Duphot, Suzanne Lacipière. Le 13 janvier 1943 à 10 heures 30, il conversa avec Léon Kammeney devant le bureau des PTT 195 boulevard Saint-Germain à Paris (VIIe arr.) Le 20 janvier 1943 à 17 heures il rencontra Lacipière place de la Nation, ils furent perdus de vue sur le cours de Vincennes.
Le 15 février à 9 heures 10 Robert Weisse se rendit chez Antoine, au 6, place de Valois à Paris (Ier arr.). À 10 heures 55 il alla dans une agence immobilière au 6, place de la République à Levallois-Perret, puis à 11 heures 45 au 19 rue Trézel dans la même ville, à midi il retourna à l’agence immobilière.
Le 25 février 1943, Suzanne Lacipière et Robert Weisse quittèrent à 8 heures 40 le 12 rue Gouthière à Paris (XIIIe arr), ils se séparèrent au métro Censier Daubenton. Seul Weisse était gardé en filature. Il se rendit dans le Xie arrondissement au 56 rue de la Roquette à 10 heures 10 dans un local dont il possédait les clefs, puis il rentra à son domicile 12 rue Gouthière.
Le 27 février dès 9 heures il alla au café des Templiers rue du faubourg-du-Temple (XIe arr.). Le 1er mars à 9 heures 25 un inspecteur nota que Robert Weisse parlait avec Adrien Abonneau place de la Nation. À 10 heures il se rendit au 27 rue Titon dans le XIe arrondissement, deux fois de suite il entra avec un sac plein et ressortit avec un sac vide.
Robert Weisse a été interpellé le 2 mars 1943 par quatre inspecteurs de la BS1, les policiers saisirent mille francs à son domicile. Il a été détenu une quinzaine de jours dans les locaux des Brigades spéciales. Incarcéré à la Santé, il comparut le 31 mars 1944 devant le Tribunal d’État. Il a été condamné à huit ans de travaux forcés. Lors de la même audience il y eut seize autres condamnations, tous les condamnés chantèrent La Marseillaise.
Il resta une quinzaine de jours au Dépôt, fut incarcéré à la Santé, puis à la prison de Blois (Loir-et-Cher). Le 21 mai 1944 il était dans le convoi de 2004 hommes à destination de Neuengamme (Allemagne), matricule 31384, il fut affecté au Kommando de travail de Pölitz dépendant du camp de concentration de Sachsenhausen, puis à celui de Wöbbelin rattaché au camp de Neuengamme où les détenus construisaient un camp de prisonniers de guerre. Les déportés furent libérés le 2 mai 1945.
Le 11 juin 1945 Robert Weisse témoigna devant la commission d’épuration de la police. Il déclara : « Pendant mon séjour aux brigades spéciales, je n’ai pas été victime de sévices. »
« Une perquisition effectuée à mon domicile a amené la découverte de différents documents concernant l’organisation du parti. Il m’a été dérobé un costume d’homme, un imperméable, une paire de chaussures triple semelle, un stylo, tout mon linge de corps et de maison, des photographies de famille. »
« Dans les autres locaux que je contrôlais, il a été dérobé notamment rue Titon, les archives photographiques du journal l’Humanité et une certaine quantité de papier blanc en rames au 56 rue de la Roquette et 10 rue Breguet, une grande quantité de papier que j’évalue à environ cinq tonnes, trois nourrices de vingt-cinq litres d’essence chacune, six pneus de vélos neufs, quatre dérailleurs de bicyclettes et six chaînes de bicyclettes, environ cinq cents kilos de plombs d’imprimerie ont également été enlevés. »
Il porta plainte « contre les inspecteurs » qui l’arrêtèrent et « contre ceux qui se sont rendus coupables de vols à mon préjudice. Je tiens également à signaler qu’il m’a été dérobé à mon domicile un appareil photographique et douze rouleaux de pellicules. »
Robert Weisse a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).
Après sa retraite, il se retira à Saint-Amand-Montrond (Cher) où il mourut le 4 février 1981.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article135301, notice WEISSE Robert, Jean par Daniel Grason, version mise en ligne le 11 mars 2020, dernière modification le 29 août 2022.

Par Daniel Grason

Robert Weisse
Robert Weisse

SOURCES : Arch. PPo. 77 W 3101-219674, 77 W 3119- 304416, GB 55 BS1 C7, GB 35, BA 2057, KB 48. – Arch. Moscou liste 545.6.1039. – Bureau Résistance GR 16 P 602253. – Notes Dix-huit, 23 février-1er mars 1981 – État civil numérisé Paris XIXe arrondissement du 2 avril au 7 juillet 1905 absent.

Photographie : Arch. PPo. GB 170

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