WEITZEL Robert

Par Pierre Schill

Né le 14 mai 1886 à Reipertswiller (Basse-Alsace annexée), mort le 20 novembre 1944 au camp de concentration de Buchenwald (Allemagne) ; ouvrier ; secrétaire de la cellule communiste de Saint-Avold (Moselle) ; secrétaire de la section de Saint-Avold de la CGTU ; résistant du groupe « Mario » en Moselle annexée au IIIe Reich.

Robert Weitzel
Robert Weitzel
Communiqué par Pierre Schill

Orphelin assez jeune, Robert Weitzel fut élevé par une famille adoptive à Lichtenberg (Basse-Alsace annexée). Envoyé au séminaire, il obtint son certificat d’études et entama des études de théologie qu’il ne mena pas à leur terme.
Il effectua quatre années de service militaire dans l’armée impériale allemande entre 1910 et 1914 et fut ensuite mobilisé dans l’armée allemande pendant la Première Guerre mondiale au cours de laquelle il fut blessé assez gravement à la tête. Les atrocités de la guerre le rendirent athé et le poussèrent à s’engager dans le combat syndical et politique. Il resta en Allemagne jusqu’au début de l’année 1922 et s’installa dans une petite localité près de Dresde (Saxe) où résidait son beau-frère.
À son retour en Lorraine il travailla aux houillères de Sarre et Moselle et habita Folschviller (Moselle). Il s’installa à partir de mars 1927 à Saint-Avold (Moselle) et travailla à la brasserie Suchet. Déjà engagé dans la lutte syndicale et politique, Robert Weitzel construisit une petite cabane dans la cour de sa nouvelle maison pour accueillir ses camarades de la CGT et du Parti communiste.

Candidat aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929 dans la commune de Saint-Avold, il ne fut pas élu.
Robert Weitzel était en juillet 1932 secrétaire de la cellule communiste de Saint-Avold-L’Hôpital (Moselle) qui comptait alors dix-huit membres.
Il mena une nouvelle fois la liste du Parti communiste aux élections municipales complémentaires des 10 et 17 juin 1934 et obtint au premier tour 108 voix sur 812 suffrages exprimés. Il fut à nouveau candidat, sans plus de succès, aux élections municipales de mai 1935.

En octobre 1934, il fut l’un des deux candidats du Parti communiste à l’élection au conseil d’arrondissement de Forbach pour représenter le canton de Saint-Avold. Il obtint au premier tour 647 voix sur 3 215 suffrages exprimés loin derrière les candidats de droite qui totalisèrent plus de 2 100 voix.

Proche du secrétaire du syndicat des mineurs CGT et responsable communiste, Pierre Muller*, Robert Weitzel anima les grèves du Front populaire dans le bassin houiller.

En septembre 1939, il fut évacué avec sa famille à Couhé dans la Vienne puis s’installa ensuite dans le Pas-de-Calais et travailla aux mines de Bully-Grenay. Lorsque les Allemands investirent cette région ils dressèrent une liste de mineurs lorrains qu’ils souhaitaient rapatrier. Robert Weitzel souhaitait rester dans le nord avec sa famille mais les occupants l’obligèrent à regagner la Moselle au cours de l’année 1940.
A son retour en Moselle annexée au Reich hitlérien, Robert Weitzel et sa famille se réinstallèrent à Saint-Avold. Il figurait sur la liste de Lorrains à expulser vers « la France de l’intérieur » dressée par l’administration allemande de la commune. Réquisitionné au même moment par l’Arbeitsdienst (l’Office du travail) pour aller travailler sur un chantier en Allemagne, il y fit une grave chute qui entraîna son hospitalisation à l’hôpital de Homburg (Sarre). Il resta gravement handicapé et ne fut finalement pas expulsé par les Allemands.

La possibilité de rester à Saint-Avold lui permit de faire partie du groupe de résistance « Mario », le plus important du département de Moselle annexée. Ce groupe affilié au mouvement de résistance communiste Front national, avait été mis sur pied, au cours de l’été 1941, par l’instituteur messin Jean Burger* dont le pseudonyme de résistant était « Mario ». Jean Burger venait parfois au domicile naborien de Robert Weitzel qui était devenu responsable de la résistance communiste de son secteur. Son activité clandestine consistait à fabriquer et diffuser des tracts aux différentes structures locales de l’organisation dans le bassin houiller. Son fils Pierre assurait, à vélo, le portage des tracts à la structure de résistance de Merlebach. Robert Weitzel supervisa aussi des actions de sabotage, comme par exemple la destruction d’un train de munitions allemand en gare de Hombourg-Haut. Il organisa également le passage vers l’intérieur de la France de personnes recherchées par la Gestapo en Sarre ou en Moselle annexée.
Il fut arrêté, par la Gestapo de Metz, le 2 novembre 1943 et détenu au Fort de Queuleu à Metz dans la cellule n°1 habituellement réservée aux résistants les plus importants. Après avoir été torturé, il fut transféré au milieu du mois d’août 1944 au camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin annexé). De là déporté au camp de Dachau (Allemagne), il fut transféré au camp de Buchenwald (Allemagne) où il mourut le 20 novembre 1944.

Robert Weitzel s’était marié en 1914 à Metz (Lorraine annexée), avec Anne Gertrude Pott native de Sarre, avec laquelle il eut huit enfants. Il fut homologué au titre la résistance intérieure française et obtint à titre posthume le titre de déporté résistant, la Croix de guerre avec palme ainsi que la Médaille militaire. La Croix Rouge internationale envoya à sa veuve un colis contenant ses derniers effets : une chemise tâchée de sang et un livre de Goethe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article135310, notice WEITZEL Robert par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 21 mai 2016.

Par Pierre Schill

Robert Weitzel
Robert Weitzel
Communiqué par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Nat. : F7/13129. - Arch. des Houillères du Bassin de Lorraine : dossier personnel. - Arch. Dép. Moselle : 301 M 78 ; 303 M 75 et 148. – Arch. Ministère de la défense, Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (bureau « Résistance ») : dossier individuel. - Serv. Hist. de la Défense (Vincennes) : dossier GR16P-602306. - Arch. Mun. de Saint-Avold (Moselle) : registres d’état-civil microfilmés (renseignements fournis par Pascal Flaus) ; 1 K 3 et 6. – Arch. de la Direction interdépartementale d’Alsace du Secrétariat d’Etat à la Défense chargé des Anciens Combattants : fichier du camp de Natzweiler-Struthof. - Arch. de la fédération régionale des mineurs de charbon CGT de Moselle à Merlebach : Le Travailleur du Sous-Sol, Der Kumpel, décembre 1966. - L’Humanité d’Alsace-Lorraine, 7 mai 1929. - François Goldschmitt, Alsaciens et Lorrains à Dachau, tome 5, Les derniers jours de Dachau, Sarreguemines, Pierron, 1947. - Union des Syndicats des cheminots A.-L. CGT, Heimat unterm Hakenkreuz, Strasbourg, 1953. - Léon Burger, Le Groupe « Mario », une page de la Résistance Lorraine, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1965. - Léon Burger, Tragédies mosellanes. Le Fort de Queuleu à Metz, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1973. – Pierre Schill, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, Éditions Serpenoise, 2006. - Cédric Neveu, La Résistance en Moselle annexée. Le groupe « Mario », Strasbourg, Éditions du Quotidien, 2015. - Renseignements fournis par Pierre Weitzel, son fils (questionnaire, 2001).

ICONOGRAPHIE : Portrait (années trente) : collection personnelle de Pierre Weitzel (transmis par Pierre Schill).

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