Par Jean-Louis Panné
Ouvrier métallurgiste ; militant communiste ; membre du comité central et du bureau politique ; exclu du PC en février 1925.
D’origine suisse, militant communiste, Gérard Werth signa après le congrès national de Paris (15-19 octobre 1922) la déclaration des partisans de la motion Dondicol-Renoult, « contre le front unique avec les chefs, pour l’unité d’action avec les masses », « pour l’unité révolutionnaire du Parti communiste ». Il fit partie de la délégation de vingt-cinq membres au IVe congrès de l’Internationale communiste (Moscou, 4 novembre-5 décembre 1922). A la suite des remaniements imposés par l’IC, il entra au Comité directeur provisoire du PC, en tant que représentant de la fraction Renoult, chargé des problèmes d’organisation. Après la démission de L.-O. Frossard*, la conférence de Boulogne-sur-Seine (21 janvier 1923) le fit entrer au Comité directeur qui comptait alors 24 membres. Au IIIe congrès du PC (Lyon, 20-23 janvier 1924), il fut reconduit au comité central (nouvelle appellation du Comité directeur).
Selon Maurice Chambelland*, Gérard Werth, permanent rétribué, fut l’un des « bolchévisateurs » du parti français pendant l’année 1924. Maurice Chambelland qui avait dénoncé aussi bien ses activités politiques que sa malhonnêteté (« Werth était un noceur et un voleur. Il volait l’argent du parti et, en plus, profitant de sa fonction et de ses missions, il escroquait les camarades »), fut exclu en octobre 1924 dans des circonstances qu’il exposa à la cellule de Juvisy (Seine-et-Oise) dans une lettre datée du 30 octobre 1924 : « Je suis exclu parce que j’aurais tenté, en démissionnant de me soustraire aux responsabilités assumées par le fait d’avoir posé lors d’une assemblée interne du parti, une question écrite faisant état de certaines accusations portées contre un ex-membre du BP » Maurice Chambelland précisait : « Cette assemblée a eu lieu le 17 août. Elle était convoquée pour le compte rendu du Ve Congrès mondial. Les assistants étaient autorisés à demander, par écrit, les précisions qui leur semblaient nécessaires. Fort de ce droit, je posais quelques questions relatives à l’exclusion du camarade Souvarine et, notamment celle-ci : "On a exclu le camarade Souvarine au nom de la discipline. Qu’attend-on pour exclure le citoyen Werth au nom de l’honnêteté ? » »
Maurice Chambelland accusait G. Werth d’avoir détourné plusieurs milliers de francs mais la commission d’enquête réunie au sujet de Werth se refusa à livrer ses conclusions, compte tenu des circonstances politiques ; il était difficile de donner raison à un opposant à la « bolchévisation ». Dans sa lettre à la cellule de Juvisy, Maurice Chambelland maintenait l’intégralité de ses accusations qui se trouvèrent confirmées par l’exclusion de Werth.
En mars 1925, La Révolution prolétarienne annonça que le comité central avait exclu Werth le 24 février 1925.
Par Jean-Louis Panné
SOURCES : Arch. P. Monatte (IFHS), 14 AS 246. — BMP, Mfm n° 44 et 45. — La Révolution prolétarienne, n° 3, mars 1925. — M. Laporte, Les Mystères du Kremlin, op. cit. — J. Humbert-Droz, Origines et débuts des partis communistes, op. cit. — L’Humanité, 7 mars 1925.