WIRTZ Auguste

Par Jean-Marie Conraud, Jean-Pierre Kintz

Né le 13 juillet 1892 à Guebwiller (Haut-Rhin), mourut le 6 janvier 1983 à Brumath (Bas-Rhin) ; ouvrier du textile ; militant syndicaliste CFTC.

Auguste Wirtz entra en 1906 comme apprenti à l’usine de Bary-Merian où son père était contremaître. Il adhéra deux ans plus tard à la section locale du Textilverband (Fédération du Textile), syndicat chrétien dont le siège central se trouvait à Düsseldorf. Auguste Wirtz accepta la fonction de percepteur des cotisations. La responsabilité du secrétariat de la section locale, qui avait été créée en 1901, lui fut confiée vers 1910. Deux ans plus tard, il devint secrétaire de la section locale du Zentralverband christlicher Textilarbeiter (Fédération chrétienne des travailleurs du Textile). Il militait aussi au sein des associations catholiques, en particulier le Cercle des jeunes gens dont le siège se trouvait à la maison des œuvres de la paroisse Saint-Léger de Guebwiller. En 1908, Auguste Wirtz devint secrétaire du Cercle. Incorporé dans l’armée allemande, il combattit en 1915 sur le front des Carpathes et fut fait prisonnier. De retour à Guebwiller en 1918, il fut employé comme les autres ouvriers de la commune aux travaux de reconstruction (déblaiement des ruines, terrassements, etc.).

Le syndicalisme alsacien s’étant reconstitué sur la base de l’unité, la section locale de Guebwiller était présidée par Alexandre Eisenring* et Auguste Wirtz fut vice-président. Celui-ci provoqua la rupture de l’unité. Il reprochait à Eisenring de vouloir imposer Die Mülhauser Volkszeitung (Journal populaire de Mulhouse), d’inspiration socialiste, comme organe syndical, alors que Die Volksblatt de Guebwiller (Gazette populaire de Guebwiller) avait servi les intérêts des travailleurs locaux. A partir du 1er mai 1919, Auguste Wirtz fut engagé en tant que responsable du district de Guebwiller par la Fédération des syndicats indépendants d’Alsace et de Lorraine, qui avait été formée le 23 février précédent à Strasbourg. Il se chargea dès lors de reconstituer le syndicalisme chrétien dans la région de Guebwiller. Il fut appelé le 1er septembre à Strasbourg par la section locale restée sans secrétaire.

En 1920, Auguste Wirtz devint secrétaire départemental de l’Union des syndicats du Bas-Rhin. Il participa à la reconstitution des sections à la Robertsau (tanneries Herrenschmidt, ouvriers du bois), Schiltigheim (Ungemach et brasseries), Lingolsheim (Tanneries), Schirrhein (bûcherons de la forêt de Haguenau) et Pechelbronn (pétrole). A Strasbourg même, Auguste Wirtz trouva en Émilie Imbs* (Hôpitaux) et Victor Spiesser* (employés municipaux) de précieux collaborateurs. Auguste Wirtz aida aussi l’abbé Schiess dans la création d’une coopérative alimentaire dans les Vosges, à Grendelbruch. Le syndicalisme chrétien s’implanta alors à nouveau dans la vallée de la Bruche (Lutzelhouse, Schirmeck, La Broque et Natzwiller) et les Vosges (cristalleries de Saint-Louis et verreries de Vallerysthal). De 1920 à 1940, Auguste Wirtz fut membre du comité de la Fédération internationale des ouvriers du Bâtiment. Secrétaire adjoint de la Fédération CFTC du Bâtiment en 1936, vice-président en 1938 et 1939, il fut candidat de l’Union populaire républicaine (UPR) aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929.

Dès 1920, Auguste Wirtz avait été appelé à siéger comme membre du conseil de la Caisse locale de Strasbourg qui gérait alors différentes caisses d’assurances-maladies. En 1936, les élections au conseil ayant abouti à un partage presque égal des sièges, la vacance de la présidence provoqua le choix de trois vice-présidents dont chacun représentait l’une des tendances : cégétiste, chrétienne et patronale. Une des vice-présidences échut ainsi à Auguste Wirtz. Il siégeait également au sein de la commission des indices des prix qui permettait de fixer le salaire minimum dans certaines branches, tel le Bâtiment ou le Bois.

Au début des années trente, Auguste Wirtz était entré au conseil d’administration de l’Office municipal d’habitations. Il y travailla à partir du mois de décembre 1940. Après avoir été enquêteur de cet office, il fut nommé caissier par Charles Hueber*, ancien maire de Strasbourg, devenu directeur de l’Office.

A partir de 1944, Auguste Wirtz œuvra à nouveau à la reconstitution du mouvement syndical. Il s’occupa surtout de la trésorerie de l’Union départementale jusqu’à sa retraite au début de l’année 1965, peu après la scission de la CFTC. Wirtz fut élevé à la dignité de chevalier de la Légion d’honneur le 18 août 1958.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article135392, notice WIRTZ Auguste par Jean-Marie Conraud, Jean-Pierre Kintz, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 octobre 2012.

Par Jean-Marie Conraud, Jean-Pierre Kintz

SOURCES : Der Unabhängige Gewerkschaftler, avril-juin 1927. — C.r. de l’administration de la ville de Strasbourg 1919-1935, Strasbourg, Office municipal de la statistique, 1935. — Le Travailleur d’Alsace et de Lorraine, 1er septembre 1958. — URSCAL, 50 années de syndicalisme chrétien en Alsace et Lorraine, Colmar, 1952. — F. L’Huillier, « Remarques sur les grèves de 1920 et de 1936 en Alsace », Bulletin de la Société d’histoire moderne, Suppl. à la Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1972. — Rens. de J. Églin.

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