Par Alain Dalançon
Née le 8 mars 1905 à Paris (IXe arr.), morte le 20 février 2004 à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) ; professeure agrégée d’anglais ; militante syndicaliste de la CGT, du SNES, de la CGT-FO et de la FIAET.
Denise Wurmser était la quatrième enfant de Charles Wurmser, négociant, et de Louise Kahn (après Simone, Léon et Lise).
Lauréate du concours de l’agrégation masculine d’anglais en 1930, elle était professeure au lycée de jeunes filles de Nantes en 1933-1934 puis de Caen (Calvados), avant d’entrer dans le cadre parisien au lycée Racine à Paris où elle enseignait en 1937-1938, puis au lycée Fénelon après la guerre.
Avant 1939, Denise Wurmser était bibliothécaire bénévole du Centre confédéral d’éducation ouvrière de la CGT.
Militante du Syndicat national de l’enseignement secondaire après la guerre, elle fut signataire de l’appel à passer à la CGT-FO paru dans L’Université syndicaliste en février 1948. Élue à la commission exécutive sur la liste des partisans de FO en 1948, elle siégea au bureau national aux côtés de Paul Ruff. Mais l’année suivante elle ne réapparut pas dans les organigrammes du SNES. Elle choisit de s’engager à la CGT-FO dans le Centre d’éducation ouvrière, dans la continuité de son militantisme d’avant-guerre, aux côtés de Georges Vidalenc et de Gilbert Walusinski, à qui elle succéda en 1951 dans la direction des Cahiers Fernand Pelloutier. Elle écrivait régulièrement dans l’hebdomadaire Force Ouvrière de 1949 à 1953, au nom du CEO. Elle préférait aux décades de formation syndicale accélérée des méthodes d’étude plus progressives et opiniâtres, tout en admettant leur utilité « faute de mieux ».
Par ailleurs, elle signa en novembre 1948 le « Manifeste des Groupes de liaison internationale » rédigé par Albert Camus, où l’on retrouvait Jean Bloch-Michel, Gilbert Sigaux, Jean-Daniel Martinet, Nicolas Lazarévitch, Roger Lapeyre et des syndicalistes de la FEN, Charles Cordier, Henriette Pion et Gilbert Walusinski..
Elle militait à la Fédération internationale des associations pour l’éducation des travailleurs fondée en 1947, et participa du 5 au 7 décembre 1949 au comité d’experts réunis à la Maison de l’UNESCO à Paris, « relatif aux obstacles qui s’opposent à l’égalité des femmes à l’éducation », dont elle fut vice-présidente sur proposition de Marie-Louise Cavalier. Elle intervint notamment dans un débat animé, pour que le comité ne donne pas l’impression que la plupart des femmes abandonnaient leurs activités professionnelles pour se marier. Elle n’assista pas à la dernière séance du comité d’experts qui présenta un texte de compromis.
Du 14 au 17 décembre 1950, elle participa au même titre à la Conférence internationale des organisations de jeunesse à la Maison de l’UNESCO à Paris ; elle demanda quelles étaient les moyens concrets de l’UNESCO pour favoriser l’éducation des travailleurs.
Denise Wurmser s’appelait Denyse Wurmser-Tomas à partir de 1952, ayant épousé Jean-Baptiste Tomas, le 8 mars 1952 à Paris (VIIIe arr.).
En 1955, Toussaint Ottavy lui succéda comme directeur des Cahiers Fernand Pelloutier, tout en devenant le directeur-adjoint gérant du CEO. Son remplacement était lié à une réorientation de la formation syndicale organisée par Force ouvrière, avec la création, l’année précédente, du Centre de formation des militants syndicalistes. Le pilotage de la formation syndicale fut désormais confié à des militants syndicaux et non plus à des enseignants. Ce fut aussi une forme de reprise en main par Robert Bothereau de ce secteur, au sein duquel il plaça des proches ou des soutiens de la direction confédérale. Denyse Wurmser-Tomas disparut des tablettes de la CGT-FO à cette époque.
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Par Alain Dalançon
SOURCES : Arch. IRHSES. — Arch. confédérales CGT-FO, Pascale Rubin. — unesdoc.unesco.org. — Gilbert Walusinski, « Camus et les Groupes de liaison internationale », La Quinzaine littéraire, n° 297, 1er mars 1979. — Cristofalo Paula, Yon Karel, « De la fabrique des libres-penseurs à l’administration des dévouements : Force Ouvrière et la mise en cursus de la formation syndicale (1948-1971) », Le Mouvement Social 2/2011 (n° 235), p. 71-87. — Nathalie Ethuin et Karel Yon (dir.), — La Fabrique du sens syndical, La formation des représentants des salariés en France (1945-2010), éditions du Croquant, 2014. — Note de Jean Maitron dans DBMOF et d’Hervé Le Fiblec.