Né à Paris, le 18 ou le 20 avril 1813 ; mort à Paris, le 10 janvier 1882, faubourg du Temple, n° 74 ; petit fabricant bijoutier ; collaborateur occasionnel de L’Atelier ; une des figures importantes du mouvement coopératif sous le Second Empire.
Buchézien, il connut l’Association des bijoutiers en doré, voisine de son propre atelier. Il vécut dans ce groupe d’ouvriers intelligents et cultivés qui, pendant de longues années, reçut les enseignements de Philippe Buchez, de Ott, et de Marius Rampal. Il fut l’ami de Corbon, de Gilland, de Leneveux et de Agricol Perdiguier.
Bijoutier, fabricant de perles d’acier, employant trois personnes, il était, en mars 1848, membre du Club des Gravilliers.
En 1850, il joua un rôle prépondérant dans la Société des Ménages, coopérative de consommation qui dut se dissoudre au moment du coup d’État, et dont plusieurs membres furent alors emprisonnés. Elle avait compté jusqu’à 2 500 sociétaires et possédait quatre dépôts établis dans des quartiers de grosse population ouvrière : 8, passage de la Bonne-Graine, dans le faubourg Saint-Antoine ; 18, rue Descartes ; 24, rue Aumaire, et 72, rue Frileuse, à Gentilly.
Agent général, en 1851, de cette société et responsable du dépôt de la rue Aumaire, il fut poursuivi, en décembre, pour avoir distribué et fait afficher porte Saint-Denis des proclamations signées Victor Hugo et Michel de Bourges. Il fut laissé en liberté sous surveillance. Voir Barbaste Claude.
Quelque temps après, Favelier s’établissait, 18, rue du Petit-Thouars, dans l’ancien Hôtel de Guise. En 1863, il participa à la fondation du « Crédit au travail » de Jean-Pierre Béluze et devint membre du conseil de gérance. Le 1er novembre, il fut parmi les fondateurs de la société coopérative qui édita L’Association, bulletin des coopératives françaises et étrangères. Il appartint au comité de surveillance. En août 1865, il prit part aux travaux du comité patronné par L’Association qui mit sur pied des modèles de statuts généraux pour les trois types de coopératives ouvrières : de production, de consommation, et de crédit.
Le 7 avril 1866, il joua son rôle dans le lancement de "La Sincérité", association coopérative de consommation ayant pour but l’exploitation d’une meunerie-boulangerie, l’ouverture de magasins d’alimentation avec intéressement des consommateurs aux bénéfices de la société. Il fut placé au poste essentiel de président de la commission de contrôle.
Depuis quelques années déjà, il appartenait au Crédit mutuel de sa profession, au Crédit mutuel de son quartier, celui du Temple, à l’« Union nationale » du faubourg Saint-Antoine. Dans le mouvement coopératif français de la période 1863-1870, il ne fut pas un théoricien, mais une sorte d’universel praticien.
En novembre 1864, il avait contribué à l’organisation de l’« Association générale d’approvisionnement et de consommation Poindron et Cie », qui avait ouvert son premier magasin de vente, 5, rue de la Montagne (maintenant rue Beethoven), à Passy, et qui, en 1866, était devenue précisément « La Sincérité ». La plupart du temps, d’ailleurs, on continuait à donner à Favelier le titre de directeur de l’« Association d’approvisionnement ». Son activité le portait surtout vers les coopératives de consommation dont il estimait qu’elles devaient être créées avant les coopératives de production (dont elles auraient à écouler les produits) et les associations de crédit. Malheureusement, « La Sincérité » ne put faire de bonnes affaires.
En 1866, Favelier protesta énergiquement contre le projet de loi gouvernemental qui tendait à donner aux coopératives un statut spécial, les mettant en dehors du droit commun. Il intervint au premier congrès de la coopération française qui se tint le 21 juillet 1866, à Paris, 9, rue Baillet, au siège du « Crédit au Travail ». Il proposa la création d’un « Syndicat des associations parisiennes » chargé de connaître de toutes contestations et d’arbitrer tous les différends entre les sociétés et les coopérateurs.
En 1868, il fut de ceux qui fondèrent La Réforme, journal du progrès politique et social, organe de la coopération. En mars de cette même année, il se vit contraint de demander la liquidation de « La Sincérité », et en fut nommé liquidateur. « La Sincérité » n’avait pu, en dépit du montant de son chiffre d’affaires, faire face aux frais généraux encore trop élevés pour l’importance des ventes.
Après la guerre de 1870 et la Commune, Favelier s’établit rue Fontaine-au-Roi, puis rue du Faubourg-du-Temple, XIe arr. Il intervint dans une réunion publique le 23 octobre 1876, avec Martin, l’un des signataires et rédacteur du Programme coopératif de la Réforme de 1868, pour préconiser la création d’une « Banque populaire », qui fut en effet créée peu après.
À cette même époque, Favelier proposait la création d’un « comptoir » passant des contrats avec des fournisseurs qui s’engageraient à faire aux consommateurs désignés une remise, tout en leur vendant aux mêmes prix et qualité qu’aux clients habituels. Les associations de consommation seraient chargées du placement de certains produits industriels qui, vendus avantageusement à leurs sociétaires, laisseraient encore un bénéfice à la caisse du Comptoir. Il proposa en outre aux sociétés de faire leurs achats en gros « en se syndiquant ».
Le 14 avril 1878, au banquet des associations de production tenu au Salon des familles, avenue de Saint-Mandé, il prit la parole pour appuyer le projet de réunion des associations en une Société générale de renseignements entre les diverses associations de production. En mai 1880, il signa un appel aux Sociétés de consommation du XIe arr. en faveur des ouvriers lésés par l’incendie d’une usine. Favelier avait été, l’année précédente, le président de la Commission des quatre-vingt-cinq Chambres syndicales parisiennes qui protestèrent contre les accusations et les « calomnies » contre Barberet du journal socialiste de Jules Guesde, l’Égalité.
SOURCES : Arch. Min. Guerre, B 1928. — J. Gaumont, Histoire générale de la coopération en France, t. I. — Le Coopérateur de France, 20 décembre 1957. Certains militants cités ont été « biographiés » dans les précédents volumes.