Né le 21 février 1844 à Paris (IIIe arr.) ; mort le 27 décembre 1922 à Paris (XIe arr.) ; militant blanquiste ; publiciste, journaliste au Père Duchêne sous la Commune de Paris, déporté en Nouvelle-Calédonie ; par la suite, conseiller municipal et député radical-socialiste du XVe arr. de Paris.
Né dans l’ancien XIIe arr. (l’actuel IIIe), A. Humbert perdit son père, éditeur d’estampes, et fut élevé par sa mère qui dirigeait, rue Saint-Jacques, dans le Ve arr., un cabinet de lecture pour étudiants. D’assez fragile constitution, l’enfant commença ses études dans une institution privée de Versailles avant de fréquenter le lycée de cette ville. Ce fut un brillant élève qu’une malencontreuse typhoïde empêcha d’entrer à l’École polytechnique. Il travailla alors dans le laboratoire Raspail et se lia avec les militants blanquistes. Qualifié d’étudiant en droit, il assista au 1er congrès de l’Internationale tenu à Genève en septembre 1866, en compagnie de quelques blanquistes dont Protot, Jeannon, Lalourcey. Aucun d’eux n’était officiellement délégué. Ils intervinrent malgré la décision de Blanqui et causèrent du désordre. Pour examiner leur manquement à la discipline — avant tout celle de Protot — une réunion eut lieu le 7 novembre au café de la Renaissance, 1, boulevard Saint-Michel. La police était au courant et de nombreuses arrestations furent opérées. Un procès s’ensuivit en janvier-mars 1867 et des condamnations furent prononcées. Humbert dut faire trois mois de prison.
Cette même année 1867, il fut arrêté avec Breuillé, Charles et Gaston Da Costa, Ch. Longuet et d’autres blanquistes pour avoir crié « Vive Garibaldi ! » place de l’Hôtel de Ville sur le passage de Napoléon III et de l’empereur d’Autriche. Humbert fut condamné à nouveau à trois mois de prison.
Au cours des années 1868 et 1869, il participa aux réunions publiques parisiennes et, en avril 1869, signa le manifeste blanquiste « Déclaration des socialistes de toutes les doctrines » (cf. L’Opinion nationale du 10 avril). Cette déclaration répondait au manifeste des socialistes proudhoniens qui, aux approches des élections législatives, envisageait un débat sur la question sociale avec les députés de la gauche.
A. Humbert collabora à La Marseillaise de Rochefort (19 décembre 1869-9 septembre 1870). Pour offenses envers l’empereur, il fut condamné, le 7 mai 1870, à un an de prison. Il se réfugia en Belgique d’où il revint à la chute de l’Empire. Il collabora alors au Journal du Peuple, 1er juillet-20 septembre, puis au journal de Blanqui, La Patrie en danger, 7 septembre-8 décembre 1870 (89e numéro).
En tant que délégué des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » Voir Ansel.
Le 8 février 1871, aux élections en vue de la formation d’une Assemblée nationale, il figura parmi les 43 candidats socialistes révolutionnaires présentés par l’Internationale, la Chambre fédérale des sociétés ouvrières et la Délégation des vingt arrondissements. Il ne fut pas élu. Il collaborait alors au Vengeur de F. Pyat, 3 février-11 mars, puis 30 mars-24 mai. Surtout, il allait publier le Père Duchêne, 6 mars-22 mai, avec Vermersch et Vuillaume...
Après la défaite de la Commune, il se cacha aux Batignolles, rue Truffaut, mais fut dénoncé et arrêté, en juin 1871. Il fut condamné, le 24 décembre 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Embarqué le 19 juin 1872 sur la Virginie, il arriva à Nouméa le 24 octobre, matricule de déportation 3722.
Gracié le 8 mai 1879, il fut rapatrié par la Picardie. Quelques mois après son retour, il passait en correctionnelle pour avoir attaqué la justice française. Élu conseiller municipal du quartier Javel en 1879, puis du quartier de Grenelle en 1886, il fut député radical-socialiste du XVe arr. en 1893 et, cette même année, président du conseil municipal de Paris. Il habitait, en 1880, 16, rue des Batignolles, XVIIe arr. Il fut, en 1881, l’un des fondateurs de la « Ligue de l’intérêt public - Société protectrice des citoyens contre les abus » créée à l’initiative de son ami le docteur Edmond Goupil.
En 1885, Chincholle le présentait ainsi dans Les Survivants de la Commune : « Il a quarante ans. Taille moyenne. Teint brun. Moustache et cheveux noirs. Petits yeux brillants qui ne savent qu’être ou joyeux ou colère. Pas de milieu. » En 1879, il avait épousé la sœur d’Edmond Lepelletier qui fut, en 1911-1913, l’auteur d’une Histoire de la Commune de 1871 en trois volumes.
En 1908, Humbert présenta à Berlin un Rapport sur l’état présent et le développement possible des institutions de prévoyance dans la presse (Bibl. Nat., 8° R pièce 11.689) au 12e congrès international de la Presse.
De son mariage avec la sœur d’Edmond Lepelletier, A. Humbert eut quatre filles dont trois moururent en bas âge.
Il fut conseiller municipal radical socialiste puis autonomiste socialiste du quartier de Grenelle (Paris, XVe arr.) de 1886 à 1893, date à laquelle il fut élu député. Aux élections de 1886 il avait obtenu 16,48 % puis 28,62 %, en 1887 42,79 %, en 1890 28,64 % puis 38,56 %, et en 1893 35,69 % puis 31,56 %.
Il mourut en 1922.
SOURCES : Arch. Min. Guerre, 3e conseil. — Arch. PPo., B a/468 et E a/46. — M. Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire, op. cit. ; Blanqui... et la Commune, op. cit. — M. Vuillaume, Mes Cahiers Rouges, op. cit. — La Commune di Parigi (G. Del Bo), op. cit. — Floréal, 14 janvier 1922 (article de M. Vuillaume). — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979. — Note de Louis Bretonnière. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.