MOUTON Charles [MOUTON Pierre, Charles]

Par André Balent, Jean Maitron

Né le 19 décembre 1838 à Besançon (Doubs) ; cordonnier ; membre de l’Internationale ; communard ; militant socialiste de Perpignan (Pyrénées-Orientales) au début des années 1880.

Charles Mouton (Le Siège et la Commune de Paris, Documents Photos, Collections Spéciales de la Northwestern University Library).

Il habitait, en 1871, 72, rue d’Angoulême-rue du Temple, à Paris, XIe arr.
Le 27 mars 1871, il fut nommé directeur de la prison de Mazas, puis, le 24 avril, de celle de Saint-Lazare. " Il montra des égards pour les prisonnières et notamment pour les dames de Picpus ", et " manifesta une certaine bienveillance à plusieurs des otages ".
La cour d’assises de la Seine le condamna, le 16 novembre 1871, à sept ans de réclusion. Il n’avait encouru auparavant aucune condamnation.

Durant sa détention, sa femme (Élisabeth Nasplèse, née à Perpignan, âgée de 25 ans en 1876), couturière, se retira à Perpignan chez ses parents, emmenant avec elle la mère de son mari restée veuve et qui avait exercé le métier de couturière, 19, rue de Belleville, XIXe arr. Les deux femmes étaient dénuées de toutes ressources.
Mouton fut interné à Melun à partir du 4 février 1872. Sa conduite fut jugée " des plus satisfaisantes " et il fut nommé chef ouvrier de l’atelier de cordonnerie. D’après une note du directeur de la Maison centrale de Melun, il était un " travailleur extraordinaire ". Il envoyait à sa famille ce qu’il pouvait prélever sur le produit de son travail. C’est durant sa détention qu’il perdit son père et son enfant.
Dans un recours en grâce du 4 juin 1874, Mouton expliquait et jugeait ainsi sa conduite passée : Comme tant d’autres, l’insurrection de la Commune l’avait surpris dans un moment où Paris ne pouvait pas croire à sa défaite. Il avait souffert d’un long siège. D’habiles fauteurs de troubles ont su l’exploiter en lui parlant de patriotisme et de trahison. " J’ai eu le malheur de céder à l’entraînement de certains meneurs qui étaient arrivés à m’inspirer quelque confiance. L’ambition [...] m’a rendu insensé au point que je n’ai pas refusé une charge à laquelle ni mon instruction ni mon expérience ne m’avaient préparé ".
Le 5 décembre 1874, sa peine de réclusion fut réduite à cinq ans et, le 24 juin 1876, il bénéficia de la remise du reste et de la dispense de la surveillance.

Mouton rejoignit alors sa femme à Perpignan. Dans cette ville, il milita dans les cercles socialistes qui se formèrent à partir de 1881. Le 11 août de cette année, il fut élu membre du comité central révolutionnaire socialiste de la 1re circonscription de Perpignan qui préparait les élections législatives de ce mois. Le comité repoussa sa candidature à l’élection législative et lui préféra celle d’Hortala par une majorité de 68 voix.
En mai 1882, il était membre du Cercle d’études sociales de Perpignan, organisé par Paule Mink.

Charles Mouton et Élisabeth Nasplèse eurent un fils, Gabriel, qui fut un militant syndicaliste et socialiste de Perpignan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article135989, notice MOUTON Charles [MOUTON Pierre, Charles] par André Balent, Jean Maitron, version mise en ligne le 1er décembre 2010, dernière modification le 8 décembre 2021.

Par André Balent, Jean Maitron

Charles Mouton (Le Siège et la Commune de Paris, Documents Photos, Collections Spéciales de la Northwestern University Library).

SOURCES :Arch. Nat. BB 24/732 et BB 24 807, n° 5 237. — Arch. com. Perpignan, état civil. — L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 11 août 1881. — Le Républicain des Pyrénées-Orientales, 14 mai 1882, 14-15 août 1882.

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