Né le 5 avril 1817 à Gien (Loiret) ; ouvrier menuisier ; déporté en 1851 ; délégué, sous la Commune, à la mairie du XXe arrondissement ; déporté en Nouvelle-Calédonie.
« Ancien déporté [de 1851], affilié à plusieurs sociétés secrètes ». Il habitait, en 1870, rue de Tourtille, à Belleville (XXe arr.). Il s’était marié le 23 avril 1843 à Châtillon-sur-Loing (Loiret) ; il était père de deux enfants en 1871.
Malade et trop âgé pendant le Siège, il n’appartint pas à la Garde nationale. La Commune de Paris en fit un délégué à la mairie du XXe arr., où il était chargé du logement des sans-abri. Il dirigea un certain nombre de perquisitions et menaça des réfractaires. Il signait toutes les pièces : « Ancien déporté de décembre 1851 ».
Arrêté le 3 juin 1871, il fut condamné, le 17 février 1872, par le 12e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée.
Son dossier de déporté renferme des lettres intéressantes parce qu’elles disent les tourments du voyage et l’atmosphère de la Nouvelle-Calédonie. Ils partirent 500, dont 146 étaient destinés à la déportation dans une enceinte fortifiée, et les autres à la déportation simple. Ils mirent quatre mois pour franchir les 6 500 lieues d’une pénible navigation, mais ne perdirent que trois des leurs. Arrivé en février 1873, il note l’amalgame systématique de condamnés de droit commun, de gardes nationaux attirés par la solde, et des « politiques » ; les difficultés matérielles qui les assaillirent : lopin de terre qui donnait péniblement quelques légumes, travaux artisanaux destinés par exemple à une exposition et que l’administration paya peu ou mal ; interdiction faite aux déportés, après que Rochefort se fut évadé, d’aller à Nouméa ; ennui morne d’un séjour à l’hôpital. En 1876, Thibaudier et ses compagnons espérèrent l’amnistie ; elle ne vint pas et il continua sans doute à « philosophier », comme il disait. À cette époque, il faisait encore suivre sa signature des trois points maçonniques. Voir Thirifocq E.
Amnistié en 1879, il rentra par la Picardie.
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/823 et H colonies 102. — Arch. PPo., listes d’amnistiés.