THIÉRY Nicolas, dit Bref-je-me-résume

Socialiste, mort à Dijon le 19 août 1886.

Soldat de la garnison de Saumur (Maine-et-Loire), lors du complot républicain civil et militaire connu sous le nom du général Berton, qui fut guillotiné le 6 octobre 1822, il échappa aux poursuites en passant en Angleterre. Sans doute avait-il appartenu à l’une des sociétés secrètes qui étaient à l’origine du complot, soit à la vieille société des Philaldelphes (celle du colonel Oudet, du général Mallet et aussi de Buonarroti), soit à celle des Cœurs Francs, soit aux Chevaliers de la Liberté, soit à la Charbonnerie, plus ouverte peut-être aux simples soldats.
À Londres, il se fixa et réussit comme fabricant et comme marchand de chaussures. Il accueillit les divers proscrits français. En particulier, il accueillit les républicains évadés de Sainte-Pélagie en 1835 et participa sans aucun doute à la fondation de la Société Démocratique Française. Voir Berrier-Fontaine*. En 1852, il était aux côtés de Louis Blanc*, Cabet* et Pierre Leroux* dans l’Union socialiste.
Dans le grand magasin qu’il possédait, Regent’s street, il employait plusieurs socialistes proscrits, tels Nétré* et Bone*. Au moment où Gustave Lefrançais* s’apprêtait à regagner la France, il offrit un petit banquet à son intention. Y assistèrent Jules Leroux, Bone, Latour, Dejacque et Nétré. Thiéry raconta, de nouveau, comment il s’était réfugié à Londres après qu’eut échoué le complot républicain de 1834. Son récit, que ses convives entendaient au moins pour la dixième fois, fut, toujours aux mêmes endroits, coupé de « bref, je me résume » qui lui valurent son surnom.
Rentré en France en 1870, il se fixa à Dijon. Le préfet de la Côte-d’Or le soupçonnait de subventionner la presse radicale en 1873.
Il fut effectivement un peu plus tard un des souscripteurs de La Justice, le journal de Clemenceau. Il présida le « Comité central démocratique » de Dijon et, en 1885, fut élu au conseil municipal de la cité. La même année, il fut, sur une liste radicale, candidat aux élections législatives en Côte-d’Or.
À sa mort, on l’inhuma à Sombernon (Côte-d’Or). Alexandre Millerand prit la parole à ses obsèques, au nom de la rédaction de La Justice, radicale et socialiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136025, notice THIÉRY Nicolas, dit Bref-je-me-résume , version mise en ligne le 1er décembre 2010, dernière modification le 1er décembre 2010.

SOURCES : Arch. Dép. Côte-d’Or, série M. — Colonel Gauchais, Histoire de la Conspiration de Saumur..., Paris, 1832, in-8°, 81 pp. Version républicaine, qui est l’œuvre d’un condamné à mort par contumace. — Almanach du Nouveau Monde, Paris, 1851. — Union socialiste (Acte de société — Louis Blanc, Cabet, Pierre Leroux), Londres, Bureaux de l’Union socialiste, in-4°, 4 pp. — Jean Gaumont, Le Socialisme en Côte-d’Or (manuscrits de la Bibliothèque de Dijon). — Lefrançais dans ses Souvenirs d’un Révolutionnaire confond les événements de Saumur et l’insurrection d’avril 1834 à Lyon et à Paris. — A. Zévaès, « Les Proscrits français à Londres en 1848 et 1851 », La Révolution de 1848, janvier-février 1924. — Jacques Grandjonc, Communisme/ Kommunismus/ Communism. Origine et développement international de la terminologie communautaire prémarxiste des utopistes aux néo-babouvistes, Trier, Karl Marx Haus, 1989, p. 164.

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