KROËS Marguerite [née STREET Marguerite, Louise]

Par Daniel Grason

Née le 1er avril 1910 à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), morte le 26 juin 1993 à Furiani (Haute-Corse) ; institutrice ; militante communiste ; résistante ; déportée.

Fille de John David, employé de commerce et d’Alice Marie, née Simon, couturière, elle épousa le 11 juin 1936 en mairie du XVe arrondissement, Maurice, Georges Kroës, vingt-trois ans, comptable, fils d’un mécanicien des postes. Celui-ci a été fait prisonnier lors des combats contre les Allemands.
Marguerite Kroës, mère d’un enfant, vivait 166 rue de Charonne à Paris (XIe arr.). Elle était institutrice à l’école Jules-Ferry à Bagnolet (Seine, Seine-Saint-Denis). Elle fut repérée par la police, suspecte de diffuser la propagande du Parti communiste parmi les enseignants. Le 7 mai 1941 à 6 heures 45, du matin deux inspecteurs se présentèrent à son domicile et perquisitionnèrent.
Après avoir nié toute activité communiste, elle remettait aux policiers une trentaine tracts, une dizaine de brochures et autant d’affichettes, ainsi des carnets de souscription, du papier pouvant servir à la confection de papillons et une soixantaine de livres et de brochures furent saisies. Ces écrits s’adressaient aux familles de prisonniers de guerre et de prisonniers politiques.
Lors de son interrogatoire, elle reconnut d’emblée mener une activité clandestine. Elle hébergea pendant plusieurs mois Charles Désirat, interpellé par des policiers de la Préfecture de police le 13 janvier 1941. Celui-ci fut condamné à 18 mois de prison et était détenu depuis le 13 janvier 1941 à Fresnes.
Marguerite Kroës avait été membre du mouvement J.E.U.N.E.S au moment du Front populaire, avait adhéré au Parti communiste en 1938, et y avait milité jusqu’à sa dissolution. Lors de son interrogatoire, elle assuma son activité politique : « J’ai conservé des relations avec des militants de ce Parti, et, depuis, j’ai toujours eu entre les mains du matériel de propagande clandestine. » Interrogée sur qui lui fournissait les tracts, elle refusa de répondre.
« Indiquez-nous par quels moyens vous parvenait ce matériel ? » demandèrent les policiers. Elle répondit : « Je refuse de l’indiquer. Je tiens d’ailleurs à préciser que je ne fournirai aucun renseignement sur l’organisation de la propagande à laquelle je participe. J’ai conservé mes opinions politiques et je m’efforce de les diffuser dans tous les milieux qui me sont accessibles. »
Les inspecteurs demandèrent des explications « sur la présence du matériel de propagande trouvé dans [son] sac à main et, d’autre part, dans [son] appartement ? »
Elle refusa « de fournir aucune explication sur la provenance et la destination de ce matériel. »
Dans son sac à main avait été trouvé « Le Trait d’Union », les policiers demandèrent qui avait « corrigé et complété le tract ». Elle assuma « C’est moi qui a fait ce travail » Dernière question sur trois lettres signées « Charlot » qui étaient dans son sac à main. Elle rétorqua « Ces trois lettres émanent d’un militant communiste Charles Désirat, que j’ai hébergé chez mois pendant trois mois environ, sachant qu’il était recherché par la police. »
Incarcérée à la prison de La Roquette, Marguerite Kroës comparaissait le 3 septembre 1941 devant la Section spéciale, elle fut condamnée à dix ans de travaux forcés pour « distribution de tracts communistes ». Elle fut emprisonnée à Fresnes, puis transférée le 30 septembre à la prison de Rennes réservée aux femmes.
Le 17 mai 1944 elle fut transférée au Fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis). Le 30 mai, elle partit de la gare de l’Est à destination du camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne). Elle a été transférée au kommando de travail de Leipzig-Schönfeld le 20 juillet 1944, puis à celui de Leipzig-Taucha le 1er février 1945 elle a été transférée à Leipzig-Taucha, où à la fin janvier 1945, mille deux cents femmes travaillaient à la production de munitions et de Panzerfaust (lance-grenades antichars). Marguerite Kroës fut libérée le 22 avril 1945.
Elle mourut le 26 juin 1993 à Furiani (Haute-Corse).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136061, notice KROËS Marguerite [née STREET Marguerite, Louise] par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 novembre 2019, dernière modification le 5 juin 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/2. — Arch. PPo. Rapport des Renseignements généraux du 8 septembre 1941, BA 2057. — Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. — FMD base des Hauts-de-Seine. — État civil AD Hauts-de-Seine Colombes : E_NUM_COL_ 1910 acte de naissance n° 144. — Acte de mariage n° 1058 Paris XVe arrondissement. — Notes de Jacques Girault.

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