KUNTZ Pierre, Georges

Par Jacques Girault

Né le 6 octobre 1917 à Bourges (Cher) ; mort le 7 octobre 1996 à Montluçon (Allier) ; professeur ; résistant ; militant syndicaliste du SGEN ; conseiller municipal de Montluçon.

photo d’identité
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Fils d’un comptable, commis d’économat, et futur intendant de l’hôpital d’aliénés de Bourges, catholique, ancien combattant, Pierre Kuntz reçut une éducation catholique et fut pendant toute sa vie un « catholique fervent et pratiquant ». Elève du lycée de Bourges, titulaire du baccalauréat, il participa à la création d’une section « frontiste » pacifiste, à Bourges. Il commença des études de lettres à la Sorbonne puis à la faculté des lettres de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. Il y connut Alfred et Paul Coste-Floret, fit partie du groupement d’étudiants rattaché au réseau de Résistance qu’ils avaient créé à la fin de 1941, qui se fondit dans le mouvement « Combat ». Il fut « un des adjoints directs » de Paul Coste-Floret.

En poste au lycée de Bourges, Pierre Kuntz se maria en juillet 1944 à Bourges avec une professeure de piano, originaire de Dordogne qu’il avait connue à Clermont-Ferrand. Il fit intervenir Alfred Coste-Floret pour obtenir une délégation ministérielle ou un poste de répétiteur à Montluçon où son épouse résidait. Licencié, il devint plus tard professeur certifié de lettres classiques au lycée de Montluçon où, surnommé « PK », il effectua toute sa carrière jusqu’à sa retraite en 1978.

Pierre Kuntz adhéra au Syndicat général de l’Éducation nationale. Il participa aux luttes du courant « Reconstruction » dans la CFTC qui conduisit à la naissance de la CFDT en 1964. Il fut le responsable du SGEN dans son lycée. Il fut le secrétaire de l’Union locale de la CFDT et prit la parole en son nom à l’issue de la manifestation locale du 13 mai 1968.

Pierre Kuntz n’adhéra pas au Mouvement républicain populaire en raison de ses positions sur les questions scolaires et coloniales. Il milita dans des groupes de la gauche chrétienne, anima jusqu’à son décès un cercle de recherches philosophiques entre chrétiens. Il signa, avec Maurice Brun*, un appel de deux « personnalités catholiques » en juin 1953 pour demander la révision du procès des époux Rosenberg.

Après la dissolution du conseil municipal de Montluçon en 1950, Kuntz participa à une liste regroupant des jeunes chrétiens qui obtint quatre élus en juin 1950. Non élu, il suivit de près la vie municipale et le soutien apporté par ses camarades au maire socialiste André Southon. Cinquième sur la liste « indépendante d’action municipale », conduite par Maurice Brun aux élections municipales de Montluçon, le 26 avril 1953, qui arriva en troisième position et eut sept élus, il fut élu en 23éme position dans l’ordre du tableau. Il fit partie de quatre commissions : administration générale et finances, hygiène santé jeunesse sports beaux arts, instruction publique, conservatoire musique harmonie. Hostile au ralliement du Parti socialiste SFIO au général de Gaulle en 1958, il intervint, à titre personnel, lors d’une réunion du conseil municipal, le 28 mai 1958 pour affirmer son « attachement au régime républicain », « ce qui exclut tout pouvoir personnel et implique au contraire la subordination des militaires au pouvoir civil ». Membre du comité local de l’Union des forces démocratiques, attiré par d’autres activités, il ne se représenta pas aux élections municipales de 1959, en désaccord avec certains aspects de la constitution d’une liste « apolitique » autour de Maurice Brun, avec lequel il conserva des liens de proximité, Il partagea les analyses et les actions de Robert Barrat* pour une solution négociée en Algérie.

Pierre Kuntz fut à l’origine de la création en 1956 du Forum en relations avec les « Forums de L’Express » animés par le bâtonnier William Thorp. Des conférences (8 à 9 par an) sur des sujets d’actualité (politique, société, philosophie) s’y déroulèrent. En outre, il participait aux activités de l’Institut français de recherches internationales dont il était membre.

Par la suite, il évolua vers le socialisme et fut un des dirigeants locaux du Parti socialiste unifié. Après avoir pris des distances par rapport aux luttes internes dans les milieux socialistes locaux à la fin des années 1960, il adhéra au Parti socialiste dans le sillage de Michel Rocard dont il était proche. Considéré comme « une des têtes pensantes locales » du PS, il dirigea en 1981 le comité de soutien à François Mitterrand.

En juin 1979, Pierre Kuntz s’engagea en faveur des réfugiés du Sud-Est asiatique à la suite de Bernard Kouchner. Il présida un comité de coordination pour leur accueil qui rencontra des hostilités dans divers milieux dont les communistes locaux, mais qui permit l’insertion de nombreuses familles. En outre il participa aux réunions hebdomadaires d’un cercle de recherches philosophiques entre chrétiens.

Ses obsèques, le 9 octobre 1996, furent religieuses.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136062, notice KUNTZ Pierre, Georges par Jacques Girault, version mise en ligne le 6 décembre 2010, dernière modification le 2 mai 2022.

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SOURCES : Arch. Nat., F17 17820, CAC, 20010216/169. – Arch. mun. Montluçon (Marie-Paule Aufaure), séries 1 F, 1 K. - Presse. – TOURET (André), Montluçon après la tourmente 1944-1977, éditions Créer, Nonette (Puy-de-Dôme), 2003. – BROMBERGER (Jacqueline), dossier témoignage : Histoire de la Résistance de l’Université française de Strasbourg à Clermont-Ferrand, Délégation à la mémoire et à l’information historiques, 1993, 34 p. - Renseignements fournis par l’épouse de l’intéressé. - Notes d’Alain Bisson, de Maurice Brun, de Gilles Morin, d’André Touret.

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