BRUNET Jean

Par Maurice Rouzier

Né le 23 mars 1915 à Paris (VIe arr.), fusillé le 3 décembre 1942 à Biard (Vienne) ; ouvrier ; militant de la Jeunesse communiste et résistant de l’Organisation spéciale (OS) dans les Deux-Sèvres.

Jean Brunet fut élevé par sa mère, son père ne l’ayant pas reconnu. Il entra jeune à l’usine de fabrication de trains d’atterrissage Rusz à Asnières dans la région parisienne. Il rencontra Germaine Heurtaux, originaire de Saint-Germain-en-Laye, avec qui il se maria le 30 décembre 1940 à Bois-Colombes. Comme Yves Berthou et Paul Lagrue, ancien conseiller municipal communiste de Colombes, Jean Brunet rejoignit l’usine à Thouars (Deux-Sèvres) après le repli stratégique de celle-ci. Avec son épouse, il s’installa rue Tyndo, dans cette ville. À l’usine, il fit la connaissance de Maxime Bacquet, venu d’Arcueil et militant communiste.
Dès les débuts de l’année 1941, selon les témoignages de Martial Coutant et d’André Forestier ; Maxime Bacquet et Jean Brunet recrutèrent d’autres jeunes et mirent sur pieds l’Organisation spéciale (OS). Ils furent aidés par des « inters » (« Jacques », « Robert », Simone Thomas, alias « Josette » et, en mai 1942, Joseph Berthou, alias « Jean Perron »), par Antonin Revéreault, un des responsables du triangle de l’organisation de la section communiste locale. Dans la région de Thouars, ils organisèrent des « planques » (les maisons du couple Yves Berthou, de Claire Liné, de Simone Turquois, la chambre de Simone Thibault). Jean Brunet et sa femme logèrent eux-mêmes des « inters » (« Robert » ; Joseph Berthou).
L’OS, connue sous le nom d’OS 680, organisa la production de pièces défectueuses pour les trains d’atterrissage, ce qui entraîna une intensification des contrôles effectués par les Allemands. Parallèlement, le groupe réalisa des distributions de tracts et des récupérations d’armes. Jean Brunet était chargé de répartir les tracts entre les différents distributeurs. Il collectait également des armes : Forestier lui remit un pistolet et des munitions qu’il avait dérobés lors de son apprentissage dans un établissement de la Défense nationale basé à Thouars ; Chénier l’emmena récupérer un fusil « Lebel » abandonné lors de la retraite de 1940. Au printemps 1942, sur les consignes de Bacquet, il fut chargé avec Chénier et Drapeau de récupérer de la poudre en dessertissant les obus d’une trentaine de cartouches abandonnées sur la route de Saint-Généroux à 9 kilomètres de Thouars, ainsi que des douilles vides. L’essentiel de la poudre (30 kg) fut transporté à Niort dans une valise par Julienne Wadoux. Cependant, le groupe en garda un peu pour réaliser un sabotage en gare de Thouars contre un transformateur. La tentative de sabotage eut lieu dans la nuit du 19 au 20 avril, mais elle échoua. Après le départ précipité de Bacquet, Brunet devint le responsable du groupe.
Jean Brunet et son épouse furent arrêtés dans le coup de filet qui démantela le groupe le 5 juin 1942 et incarcérés le 7. Jean Brunet fut condamné à dix ans de prison par la Section spéciale de la cour d’appel de Poitiers, en juillet 1942 comme « co-auteur de l’attentat de Thouars par moyens fournis », comme responsable du groupe et pour détention d’armes. Il fut rejugé avec ses camarades par le tribunal de guerre de la Feldkommandantur 677 de Poitiers du 18 au 24 novembre 1942. Il y eut 15 condamnations, dont 11 à mort : outre Germaine et Jean Brunet, Joseph Berthou, Yves Berthou, Édouard Chénier, René Drapeau, Antonin Revéreault, Jean Richet, Simone Thibault et Julienne Wadoux. Onze membres du groupe furent déportés, dont les trois femmes condamnées à mort. Jean Brunet a été fusillé avec ses sept camarades le 3 décembre 1942 à Biard. Il fut inhumé dans cette commune.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136094, notice BRUNET Jean par Maurice Rouzier, version mise en ligne le 2 janvier 2011, dernière modification le 30 mars 2022.

Par Maurice Rouzier

SOURCES : Mémoire d’André Forestier sur l’OS 680, CRRL Thouars. – Témoignage de Martial Coutant, 19 décembre 1985, CRRL Thouars. – Rapport établi par le Commissaire de police judiciaire après les arrestations de juin 1942 (Archives départementales de la Vienne, document communiqué par Jean-Yves Pineau et Jacky Berge, Parthenay). – Demande de certificat d’inhumation établi par la préfecture de la Vienne en date du 16 décembre 1942, transmis par M. Alain Floch (neveu d’Yves Berthou).

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