MAIRESSE Suzanne, Aline, Élise [née BERLAN] dite Janine

Par Jean-Pierre Besse, Gérard Larue

Née le 5 avril 1916 à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), morte le 29 avril 1981 à Bondy (Seine-Saint-Denis) ; militante et résistante communiste ; déportée.

Suzanne Mairesse
Suzanne Mairesse
Arch. com. Le Blanc-Mesnil

Suzanne Berlan, fille d’Albert Berlan, plombier et de Marie Fender ; adhéra en 1935 aux Jeunes filles de France (JFF) et en était la trésorière pour la région Paris-Nord en 1937-1938. Elle adhéra au Parti communiste en 1939, à la cellule du quartier des sables au Blanc-Mesnil. Elle était à cette date, femme de service au dispensaire du Blanc-Mesnil. Son mari, William Mairesse, qu’elle avait épousé au Blanc-Mesnil le 8 mai 1937, était un ancien élève de l’École léniniste internationale de Moscou.

Le 11 mars 1940, Suzanne Berlan-Mairesse fut arrêtée à Aubervilliers en compagnie de neuf autres militants communistes (dont Eugène Cas et Renée Rihet, qu’elle retrouvera dans les FTP) alors qu’elle distribuait des tracts. Emprisonnée à la Petite Roquette, elle fut lors de l’exode en juin 1940 conduite par les policiers français à Libourne. Grâce à sa mère qui parlait couramment l’allemand et à de l’argent prêté, sa famille réussit à la faire libérer par les Allemands le 3 août 1940.

Dès son retour, elle reprit contact avec le PC clandestin. Elle fut condamnée le 5 décembre 1940 par le tribunal militaire de Périgueux à un an de prison et 500 francs d’amende pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 portant dissolution du Parti communiste. Elle était alors, comme cinq autres militants dont Eugène Cas, et Renée Rihet-Cas en fuite.

En 1941, elle échappa par deux fois à l’arrestation et se cacha dans sa famille à Choisy-le-Roi jusqu’en août 1943 où elle rencontra Eugène Cas et Renée Rihet. Elle participa à la lutte clandestine (liaisons, renseignements, transports d’armes). Ainsi sous le pseudo de Janine, matricule 5433, et pour un salaire mensuel de 2 100 franc par mois elle assurait la liaison entre Joseph Epstein et le groupe FTP de la région sud de Paris, puis du Groupe spécial d’exécution dont le responsable était François Roeckel dit Rageac. Ce groupe était composé d’Eugène Cas, Paul Quillet, André Durand, Henri Haudelaine et Renée Rihet.

En septembre 1943, à la demande de ses supérieurs elle vérifia sur le terrain les habitudes de l’inspecteur Paland d’Ivry accusé d’être à l’origine d’arrestations de militants communistes qui furent fusillés. Ce policier subit par la suite une tentative d’assassinat. Elle fit également des reconnaissances sur un nommé Demerval.

Elle effectua une reconnaissance sur l’inspecteur Barraquin , pour le compte du Groupe spécial d’exécution de Roeckel. Le 8 octobre 1943, elle désigna la cible à Roeckel, Durand, Haudelaine, Quillet. « Françoise » avait apporté une mitraillette. Échange de coups de feu, personne ne fut blessé. C’est elle qui transmettait « au Centre » les tickets d’alimentation pris lors de l’attaque de la Mairie de Nogent, et reçus des mains d’Henri Haudelaine.

Son domicile officiel était 71 avenue Pasteur au Blanc Mesnil mais elle vivait dans la clandestinité 9 rue de la Savonnerie à Choisy-le-Roi (Seine, Val-de-Marne).

Elle fut arrêtée le 11décembre 1943, en même temps que ses camarades du GSE . Conduite à la prison de Fresnes, elle fut déportée le 16 décembre 1943 (30 mai 1944 date donnée dans le dossier Vincennes ?) vers les prisons allemandes. Classée « NN », elle fut transférée au camp de Ravensbrück, commando Zwodau. Elle revint en France à la mi-juin 1945, quelques jours avant son mari, prisonnier de guerre.

Après sa libération des camps, elle vécut au Blanc-Mesnil avec William Mairesse. Elle milita au Parti communiste, à l’Amicale des déportés de Ravensbrück, à la FNDIRP, à l’ARAC et à l’Amicale des FTPF-FFI. Elle était titulaire de la Légion d’honneur et de la Médaille du combattant volontaire de la Résistance.

Dans un entretien donné en 1995 au secrétariat général de la mairie, William Mairesse disait qu’elle a toujours été discrète sur ses activités clandestine et qu’elle faisait sans doute partie du réseau Manouchian. Ses fonctions de liaison entre le centre et le dirigeant du groupe spécial des FTP l’avaient en effet mis en rapport avec le groupe Manouchian.

Décédée à Bondy, elle fut enterrée au Cimetière du Blanc-Mesnil le 2 mai 1981. Elle avait quatre fils.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136095, notice MAIRESSE Suzanne, Aline, Élise [née BERLAN] dite Janine par Jean-Pierre Besse, Gérard Larue, version mise en ligne le 3 janvier 2011, dernière modification le 9 octobre 2014.

Par Jean-Pierre Besse, Gérard Larue

Suzanne Mairesse
Suzanne Mairesse
Arch. com. Le Blanc-Mesnil

SOURCES : Arch. PPo., BS2 carton 28. – Archives de la justice militaire au Blanc, registre du tribunal de Périgueux. – La Fondation pour la mémoire de la déportation, Le livre mémorial…op. cit. – Dossier Vincennes ° 16P50415. – Odette Delgrange, William Mairesse, interview pour Le Mensuel, organe municipal d’information, avril 1995. — Renseignements communiqués par les Archives communales du Blanc-Mesnil, janvier 2011.

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