Par Claude Pennetier
Né le 2 novembre 1906 à Lodz (Pologne) ; ingénieur ; militant communiste en Palestine puis en France et enfin en URSS.
Fils de « petits bourgeois qui m’ont donné une éducation nationaliste juive », Joseph Rapoport devint membre d’une organisation sioniste en 1921. Deux ans plus tard, il évolua vers l’aile gauche, le « groupe radical » de ce mouvement. Il quitta la Pologne en 1924 pour la Palestine (Caïffa), où il milita dans les syndicats réformistes tout en se rapprochant du mouvement communiste. Ses parents, ruinés par la crise économique, vinrent le rejoindre en Palestine ; sa mère devint ouvrière pendant que son père travaillait comme artisan. Joseph Rapoport rompit avec la Poaly Zion « gauche » pour affirmer son soutien à la « révolte des syriens contre l’impérialisme français » et sa volonté de présenter des candidats au Parlement national juif ou à défaut de soutenir ceux du Parti communiste palestinien. Il aida donc le PCP et, en 1926, adhéra au SRI puis aux Jeunesse communistes. Il fut chargé du « cours de l’ABC du communisme » et des cours scolaires pour les espagnols juifs qui ne connaissaient pas le Yiddish. Il fut manœuvre tout en passant son baccalauréat. Il suivit les cours de l‘école polytechnique de Caïffa, section travaux publics.
Joseph Rapoport milita en France à partir de janvier 1928. Il fut membre de l’Union fédérale des étudiants (UFE) de 1928 à 1930 (section UGET) puis à l’Union syndicale des techniciens de 1930 à 1933. Militant du Ve arr. de Paris où il assista à la rupture « des droitiers du Parti », il fut secrétaire des Étudiants polonais (Zycie) et en 1930 organisa la dissolution de l’organisation pour rejoindre le Funk, organisation des étudiants juifs, en fait des étudiants polonais juifs, dont il fut exclu. Ses interventions communistes dans les réunions publiques lui valurent de sévères coups portés aussi bien par les « fascistes » (pour reprendre son vocabulaire) juifs que par les « fascistes »palestiniens. Membre du secrétariat du Kamf (sous le nom de Rapcio), organisation d’étudiants juifs dirigés par la fraction communiste, Rapoport dénonça « une politique de libéralisme pourri à l’égard de quelques éléments trotskystes » et démissionna. Membre de la commission régionale de la MOI, il devint en septembre 1932 secrétaire du sous-rayon de Puteaux puis en décembre, il demanda sa mutation pour le rayon d’Ivry-Vitry.
Ses cours à l’École spéciale des travaux publics lui permirent d’obtenir le diplôme d’ingénieur. Marié en France, père d’un enfant né en France, il était désireux d’obtenir la naturalisation, ce qui ne fut pas possible. Hyperactif, il milita à la cellule communiste de Damoy à Ivry-sur-Seine dont il devint secrétaire ainsi que du "groupe polonais" de Vitry-sur-Seine et fut membre du comité de rayon. Il quitta la France, en 1933, pour travailler en URSS avec une lettre de recommandation de Jacques Duclos et fut employé comme ingénieur de béton armé.
La commission des cadres avait annoté son autobiographie du 17 avril 1933 par un « A », « Militant très actif. Intelligent ».
En septembre 1936, la direction du PCF répondit positivement à une demande de renseignements du PCUS : « Il s’agit d’un intellectuel qui ne militait pas dans les groupes de langues. On sait qu’il est parti régulièrement et que c’était un bon militant ».
Par Claude Pennetier
SOURCE : RGASPI, 495 270 1247 : très gros dossier en polonais, russe et français.