SAILER Christian

Par Philippe Darriulat

Né à Paris le 6 avril 1812, mort à Cayenne en 1864. Ouvrier typographe et chansonnier.

Christian Sailer
Christian Sailer
Cliché fourni par Philippe Darriulat

Ce parisien ne reçoit pas d’instruction au-delà de l’école primaire et doit travailler très jeune comme typographe, activité où il fait la connaissance d’Hégésippe Moreau dont il devient l’ami. Familier des goguettes de la monarchie de Juillet, il fréquente particulièrement l’Enfer - où il retrouve notamment Vinçard, Gustave Leroy, Charles Gille, Louis Festeau, etc. - et entre à la Lice chansonnière en 1838. En 1840 il publie, chez Mascana, un recueil La Lyre prolétaire et participe à la livraison du mois de mars de la Ruche populaire avec « Aux riches », un appel à leur générosité en faveur des autres « enfants du Christ ». On le retrouve dans la même revue en mai 1841 avec « Au dix-neuvième siècle ». La même année il est aussi présent dans les Poésies sociales des ouvriers d’Olinde Rodrigues (« A mon ami » - grâce aux « apôtres du progrès » le narrateur cesse d’être misanthrope – et « Luttons contre l’adversité » - le poète doit chanter pour donner espoir à ceux qui souffrent). Sa présence dans ces publications et le contenu des vers qu’il y présente, montrent que C. Sailer a au moins subi l’influence saint-simonienne au début des années 1840. Envoyé à Sainte-Pélagie pour s’être moqué du président de la Cour de cassation Joseph Zangiacomi, il y écrit deux chansons : A M. Zangiacomi et Jovial en prison (« Ils ont traqué l’anti-sottise,/ Ils ont bâillonné la franchise,/ Ils ont banni la liberté,/ La paix et la fraternité ;/ Ils ont envoyé le mérite/ Rejoindre la gaieté proscrite./ Gai mes amis ! la prison/ Sert de patrie à la chanson. ») Ces deux titres – avec le très pessimiste « Découragement » - sont publiés en 1844 dans le recueil de Charles Regnard et Charles Gille, La Chanson de nos jours. Pur autodidacte, il apprend le grec et le latin, écrit parfois ses propres musiques et se lie à Lachambeaudie et Barillot. Ses productions sont surtout marquées par une grande mélancolie et un fort désenchantement, il pleure la femme aimée, les espoirs envolés, les amitiés rompues etc. En 1848 il écrit quelques chansons publiées dans le Républicain lyrique ou dans La Voix du peuple, il y manifeste une certaine solidarité avec les insurgés de juin. Dans Une séance du Tribunal Piou-piou il s’en prend à Marrast et aux magistrats qui condamnent ceux qui « fut’ maîtres » en février ; dans Un condamné à sa femme il chante la plainte de l’exilé, déporté par des « bourreaux » au service d’un « ombrageux pouvoir ». En 1850 il fait partie du petit groupe de goguettiers qui se retrouvent – avec Gustave Leroy, Charles Gille, [Rabineau], Pécatier, René Ponsard, Jules Jeannin et Eugène Baillet - dans l’arrière boutique du libraire Henri Piaud pour discuter et entonner des airs à la gloire de la gauche démocrate ou socialiste. Après le coup d’Etat il part à Cayenne comme typographe, en qualité de sous-directeur de l’imprimerie du gouvernement. Il y meurt en 1864.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136135, notice SAILER Christian par Philippe Darriulat, version mise en ligne le 13 janvier 2011, dernière modification le 24 août 2017.

Par Philippe Darriulat

Christian Sailer
Christian Sailer
Cliché fourni par Philippe Darriulat

ŒUVRES : Cinq pièces de poésie légère, Paris, s. d. . — Les Délassements de l’entr’acte, chansonnier théâtral, Paris, s. d. . — Gutenberg, Paris, 1844 . — Une lyre prolétaire, Paris, P. Mascana, 1840 . — Une séance du tribunal piou-piou, Paris, s. d.

SOURCES : AN : ABXIX 727 (collection Bachimont) . — Marius Boisson, Charles Gille ou le chansonnier pendu (1820-1856), histoire de la goguette, Paris Peyronnet 1925 . — Alphonse Leclercq « Les Goguettes d’autrefois », dans Les Echos parisiens, artistiques et littéraires, n° 3, 1re année, 15 juin 1873.

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