GOURVEST Pierre, Marie

Né le 22 juillet 1905 à Pleyber-Christ (Finistère), mort le 24 juillet 1977 à rambouillet (Yvelines) ; préposé à l’Assistance publique ; militant communiste radié en novembre 1938.

Pierre Gourvest était le fils d’un boulanger à Pont-de-Buis (Finistère) qui, ayant perdu son épouse, se remaria et s’installa en 1926 hôtelier restaurateur à Chateauneuf du Faou. D’opinions « ni trop rouge ni trop blanc » selon son fils auquel il demanda de ne rien faire « qui pourrait nuire à son commerce ». Pierre Gourvest fit ses études à l’école primaire de Pont-de-Buis puis en 1920-1921 à l’école Saint Joseph de Landerneau. Il obtint le brevet élémentaire. Après avoir été employé à la boulangerie de ses parents jusqu’en 1926 puis à la succursale Potin d’Aubervilliers pendant une année, il prépara le concours de commis de l’Assistance publique acquérant ainsi quelques notions de droit administratif et civil. Il entra en juin 1927 dans l’Assistance publique travaillant successivement aux hôpitaux Saint-Antoine, Hôtel Dieu, la Pitié et enfin Beaujon. Après avoir été ajourné cinq fois il fit six mois de service actif puis fut nommé caporal en 1937 au cours d’une période de réserve.

Gourvest épousa Mathilde Soupenne, infirmière masseuse, fille d’un forgeron retraité habitant à Champagne-sur-Seine (Seine-et-Marne). Ils avaient en octobre 1938 une fille de cinq ans mais la mère était devenue totalement sourde en 1935 à la suite d’une angine.

Gourvest affirmait que, depuis l’âge de 16-18 ans il avait toujours sympathisé avec le PC au point d’être considéré comme communiste par ses relations. Cependant, en 1930 il avait été attiré par la Franc Maçonnerie « pour son côté éducatif » mais avait renoncé à une offre d’y entrer. Il lisait alors L’Œuvre. Dans son travail à l’hôpital Saint-Antoine il avait connu Corentin Celton et l’avait informé de son désir d’adhérer au PC ce qui eut lieu quelque temps après lorsque Gourvest entra à la cellule de l’hôpital Beaujon qui venait d’être formée (carte n° 46563). Il indiquait ne pas avoir « une activité formidable » étant occupé par les problèmes familiaux (femme infirme). Il était surtout chargé de tâches syndicales : collecteur, délégué, membre du bureau de propagande et d’action syndicale. Il était aussi au bureau de la cellule et à la commission de contrôle de la section. Il assista en mai 1938 à des cours d’orateur mais ne lisait guère que quelques brochures.

Pourtant ce militant apparemment sans défaut va subir une sanction à la suite de son autobiographie d’octobre 1938. Aux questions sur ses relations et connaissances il citait : un beau-frère commissaire divisionnaire dans le IXe arr., un demi-frère gendarme dans le Finistère et un oncle retraité de la gendarmerie. Par ailleurs il déclarait avoir connu en 1937 un doriotiste en vacances dans le Finistère et un autre secrétaire du PPF qu’il jugeait « intelligent et droit ». La commission des cadres, alertée, le classa « B », « voire C », « suspect », « à exclure ». Le secrétariat du PC, par une lettre du 5 novembre 1938, demanda à la Région Paris-Ouest la radiation de Gourvest « en raison du contenu de son questionnaire ». Le 29 novembre une nouvelle lettre demandait confirmation de la radiation. En réponse, le responsable de la région retournait la carte du Parti rendue par Gourvest et relatait l’entretien avec celui-ci qui lui avait expliqué comment son beau-frère était devenu commissaire et il affirmait qu’il ne discutait jamais politique avec ce policier « non fasciste mais néanmoins anticommuniste ». Un compromis fut alors mis au point. Gourvest, selon le rapport « a très bien compris les raisons données pour sa radiation » et il « restait de cœur un communiste, qu’il saurait d’ailleurs le prouver par son activité à l’hôpital ». À sa question sur l’explication à donner à sa cellule, la région lui répondit d’invoquer des difficultés familiales et d’indiquer par ailleurs à son beau-frère qu’il n’appartenait pas au PC. Sur la fiche d’évaluation l’expression « à exclure » était barrée et remplacée par « à radier ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136154, notice GOURVEST Pierre, Marie , version mise en ligne le 19 janvier 2011, dernière modification le 17 juin 2020.

SOURCES : RGASPI, 495 270.7343, autobiographie du 1er octobre 1938.— Etat civil.

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