LAMBERT Jean, Charles

Par Didier Bigorgne

Né le 25 juillet 1921 à Romigny (Marne), mort le 24 juin 1995 à Collioure (Pyrénées-Orientales) ; médecin stomatologue, puis médecin du travail ; résistant et militant socialiste ; secrétaire fédéral de l’Union de la Gauche socialiste (UGS) des Ardennes (1958-1960), puis du Parti socialiste unifié (PSU) des Ardennes (1966-1967).

Fils de Jean Lambert, instituteur puis gérant du journal L’Union, et de Marie Lévêque, sans profession, Jean Lambert était l’aîné de deux garçons. Après avoir effectué ses études primaires et secondaires à Reims, il fréquenta la Faculté de médecine ; il y présenta sa thèse sur la médecine pendant la Révolution française. D’abord médecin du travail en 1949-1950, il exerça en qualité de médecin stomatologue de 1951 à 1967 dans les Ardennes, à Rocroi puis à Fumay. Il quitta le département en 1967 pour devenir à nouveau médecin du travail à Reims. En 1972, il fut l’un des six gérants de L’Union, au titre du réseau Libération-Nord.

En effet, Jean Lambert s’était engagé dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Il servit, en qualité d’infirmier, dans le maquis Chantereine du réseau Libération-Nord. Auparavant, il avait mené des actions pour sauver les juifs, à Reims, de 1942 à 1944. En contact avec le commissaire de police du 2e canton de la ville, il prévenait des personnes en cas de rafles. Il aida aussi la famille Schumer en lui faisant passer la ligne de démarcation pour rejoindre la zone libre. Dans le même temps, il procura une fausse carte d’identité à la fille Madeleine Schumer pour lui permettre de poursuivre ses études. Le 27 décembre 1948 à Reims, Jean Lambert l’épousa ; celle-ci devint chirurgien-dentiste et lui donna trois enfants (une fille et deux garçons).

À la Libération, Jean Lambert adhéra au Parti communiste internationaliste (trotskyste) avant de rejoindre les Jeunesses socialistes dont il fut le responsable rémois. En désaccord total avec la politique menée par Guy Mollet en Algérie, Jean Lambert quitta, avec Andrée Viénot, le Parti socialiste SFIO en novembre 1956. Avec une poignée de démissionnaires, il fonda le groupe d’Action socialiste des Ardennes dont il devint le secrétaire. Il s’exprimait régulièrement dans un bulletin bi-mensuel ronéoté, Action socialiste dont le dernier numéro parut le 30 novembre 1957. Après avoir adhéré à l’UGS fondée le 30 décembre 1957, Jean Lambert fit partie de la quarantaine de délégués qui participèrent au premier congrès départemental réuni le 16 février 1958 à Charleville. Il y fut élu secrétaire fédéral de l’UGS des Ardennes, fonction qu’il occupa jusqu’à la fusion entre L’UGS et le PSA (Parti socialiste autonome) au congrès d’Alfortville (1er – 3 avril 1960) pour donner naissance au PSU (Parti socialiste unifié). Pendant son court mandat, Jean Lambert représenta son parti aux élections des 21 et 28 avril 1958 pour le conseil général dans le canton de Flize ; avec 229 voix sur 5440 inscrits et 3931 votants, il fut éliminé au premier tour.

À la création du PSU des Ardennes, Jean Lambert devint secrétaire fédéral adjoint. En 1960, il succéda à Guy Desson au poste de secrétaire fédéral pour le conserver jusqu’à son départ des Ardennes en 1967. Pendant toutes ces années, Jean Lambert s’investit sans retenue dans tous les combats menés pour la Fédération du PSU. Il était en correspondance avec la tendance SR (gauche du PSU, papiers Marcel Pennetier). Il lutta pour l’indépendance de l’Algérie en établissant des contacts avec le FLN dans la vallée de la Meuse industrielle et ouvrière. Il dénonça le pouvoir gaulliste en signant de nombreux articles dans le journal fédéral L’Espoir dont il fut l’administrateur à partir de 1962. Il s’opposa à la force de frappe en adhérant au Mouvement contre l’armement atomique créé en septembre 1963 et en participant au Comité ardennais conte la force de frappe et pour le désarmement général constitué en avril 1964. Enfin, il s’éleva contre le réarmement de l’Allemagne. Le 17 avril 1961, il conduisit la délégation ardennaise du PSU lors du rassemblement régional de protestation organisé à Reims ; en juillet 1962, il fut arrêté à Sedan pour avoir mené campagne pendant deux mois contre la présence de soldats allemands au camp militaire de Mourmelon. Dans le même temps, Jean Lambert échoua à deux reprises aux élections pour le Conseil général. Le 4 juin 1961, il obtint 88 voix sur 1634 inscrits et 1269 votants dans le canton de Machault ; le 8 mars 1964, il recueillit 270 suffrages sur 2004 inscrits et 1532 votants dans le canton de Buzancy.

Dès son embauche à la médecine du travail en 1967, Jean Lambert rejoignit la CGT en adhérant à l’UGICT (Union générale des ingénieurs, des cadres et des techniciens.). Par contre, il quitta le PSU en 1970. Après son départ à la retraite en 1971, Jean Lambert se retira à Collioure où il milita à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Il mourut accidentellement pendant une baignade et fut inhumé dans son village natal de Romigny.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136183, notice LAMBERT Jean, Charles par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 31 janvier 2011, dernière modification le 20 septembre 2020.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Archives du PSU. – Fonds Jean Lambert (UER de Lettres à Reims). – L’Espoir, 1960 à 1967. – Presse locale – Notes de Gilles Déroche. – Témoignages des époux Lambert-Schumer. – Renseignements communiqués par Jean-Luc Lambert, fils de l’intéressé.

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