Par Jean-Pierre Besse, Michel Thébault
Né le 26 février 1899 à Limoges (Haute-Vienne), fusillé comme otage le 2 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; chef d’entreprise ; militant socialiste de Haute-Vienne ; résistant, responsable régional de Libération-Sud.
Il était le fils de Pierre Dutreix cultivateur, âgé de 34 ans à sa naissance et de Marie Perrier 27 ans, sans profession, domiciliés au lieu-dit Magré, commune de Limoges. Après sa scolarité primaire, Armand Dutreix apprit le métier d’électricien. En 1918, lors de son recrutement pour l’armée, il était domicilié à Bourges (Cher) et y exerçait la profession de monteur-électricien. Mobilisé en avril 1918, il participa à la Première Guerre mondiale dans l’artillerie et reçut la Médaille militaire. Il fut démobilisé le 23 octobre 1919 et épousa à Limoges en mars 1920 Jeanne Faye ; le couple eut deux enfants, deux fils Roger et Jean. Installé à Limoges, il développa une entreprise spécialisée en électricité médicale. Militant socialiste, il fut également franc-maçon appartenant à la loge maçonnique du Grand Orient de France de Limoges : Les Artistes Réunis.
Il entra en contact dès 1941 avec le centre lyonnais du mouvement Libération-Sud. Il en devint le responsable départemental pour la Haute-Vienne, fonction qu’il cumulait avec celle de responsable régional pour la région 5 dite Émaux (Haute-Vienne, Creuse et Indre). Il avait pour pseudonyme Verneuil. Ayant des clients dans toute la région pour la maintenance des appareils de radiologie médicale, il utilisait ce moyen pour justifier ses multiples déplacements. Il recruta prioritairement dans les milieux socialistes et francs-maçons qui lui étaient proches. Il fut aussi membre de l’état-major de l’Armée secrète.
Il fut arrêté le 17 avril 1943 à son domicile, 7 rue Jules Guesde à Limoges, par la SIPO-SD. Il fut d’abord interrogé et incarcéré à Limoges puis transféré au fort de Romainville le 25 juin 1943 (Seine, Seine-Saint-Denis). Il fut exécuté comme otage au Mont-Valérien avec quarante-neuf autres détenus, dont six résistants de la région : Maurice Schmitt, François Perrin, Georges Leblanc de Limoges, André Boissière (Dordogne) , Martial Brigouleix (Corrèze) et Louis Maudeux (Creuse), le 2 octobre 1943, entre 18 heures et 19 heures en représailles à l’exécution de Julius Ritter. Celui-ci, colonel SS responsable en France du Service du travail obligatoire (STO) avait été abattu le 28 septembre 1943 par un détachement des Francs-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) composé de Marcel Rajman, Léo Kneler, Spartaco Fontanot et Celestino Alfonso. Le jour de son exécution le 2 octobre 1943, Armand Dutreix a laissé dans la chapelle du Mont-Valérien un graffiti en ajoutant après son nom et Limoges, les mots « Vive la France ».
En juillet 1945, le conseil municipal de Limoges donna son nom au faubourg d’Angoulême.
Il fut homologué, à titre posthume, lieutenant-colonel FFI le 12 octobre 1945. Il obtint la mention mort pour la France en mai 1948 et son nom figure à Limoges sur le monument commémoratif du jardin d’Orsay. Il figure aussi sur le monument commémoratif du Mont-Valérien à Suresnes et sur le mémorial du Grand-Orient de France, 16 rue Cadet à Paris (IXe arr.).
Par Jean-Pierre Besse, Michel Thébault
SOURCES : AVCC, Caen, dossier 21P 178498. — SHD, DIMI, Bureau Résistance, dossier 16 P 206098. — Laurent Douzou, La désobéissance, histoire d’un mouvement et d’un journal clandestins : Libération-Sud (1940-1944), Odile Jacob, 1995. — Fondation de la Résistance — Arch. Dép. Haute-Vienne (registre matricule). — État civil.