BRÉANT Fernand

Par Daniel Grason

Né le 14 mars 1911 à Paris (XIVe arr.), fusillé comme otage le 30 avril 1942 à Biard (Vienne) ; ouvrier trempeur ; militant communiste.

Fernand Bréant était le fils naturel d’Albertine Rivet, blanchisseuse de vingt-deux ans domiciliée à Boulogne, qui fut légitimé par le mariage en septembre 1915 de sa mère avec Marcel Bréant, tâcheron. Marié en juin 1935 à Osnoy (Seine-et-Oise) avec Paulette Dagun, le couple eut deux enfants Claude, né en 1932, et Jeannine, née en 1934 ; la famille demeurait 71 rue Vallier, à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine).

Alors qu’il travaillait chez Hispano-Suiza à Bois-Colombes, il était décrit ainsi par la police : « Connu comme un militant communiste notoire, un meneur et propagandiste dangereux ». Il fut interné administratif une première fois le 28 mai 1940. Il prit la fuite lors de son transfert en zone libre. Il gagna Limoges où l’autorité militaire l’arrêta et le fit interner au dépôt d’Arzacq (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques). Il fut libéré le 7 août 1940 et regagna aussitôt Levallois-Perret.
Selon les services de police, Fernand Bréant était devenu le principal animateur de la propagande communiste dans sa ville. Les tracts et papillons qui furent distribués dans cette ville entre son retour et sa seconde arrestation portaient sur des revendications liées aux difficultés du ravitaillement, à la répression, au caractère de la guerre.
Le Comité populaire des usines Citroën de Clichy et Levallois dénonçait le chantage au débauchage et le climat créé par la direction. « Nos moindres gestes sont épiés, pas le droit de parler ; tout en supprimant le boni » la direction « veut accélérer la cadence ; pour la moindre futilité, c’est le licenciement ». (octobre 1940).
Un tract signé de la région ouest du Parti communiste rendait hommage à Paul Vaillant-Couturier ainsi : « Il aurait trouvé les mots qu’il fallait pour dénoncer la guerre injuste, la guerre des riches, la guerre de l’impérialisme, dont les gouvernements de crime voulaient faire une entreprise contre l’Union Soviétique » (octobre 1940).

Les Brigades spéciales d’intervention des commissariats de Puteaux et de Levallois-Perret procédèrent à plusieurs arrestations début décembre 1940 dans cette ville. Les policiers de Puteaux arrêtèrent René Kourtz, Pamelard et Pierre Déjardin le 5 du mois. Le lendemain, ceux de Levallois-Perret appréhendèrent André Leclair, Fourcriat et Fernand Bréant. Le 7 décembre 1940, la 12e chambre du tribunal correctionnel de Paris condamna Fernand Bréant à huit mois de prison et à six mois le 28 avril 1941. Il fut interné le 10 février 1941 au camp de séjour surveillé de Rouillé (Vienne).
Un train de permissionnaires allemands reliait régulièrement Maastricht (Allemagne), à Cherbourg (Manche) en passant par Caen. Le 16 avril 1942 vers trois heures du matin, des résistants communistes le firent dérailler, à la hauteur d’Airan, près de Moult-Argences (Calvados). Vingt-huit marins furent tués, dix-neuf autres blessés. Un nouvel attentat eut lieu au même endroit dans la nuit du 30 avril au 1er mai au cours duquel dix soldats allemands perdirent la vie.
Dès le 21 avril 1942, le commandant en chef des forces d’occupation en France et chef de l’administration militaire Karl Heinrich von Stülpnagel dressa une première liste de trente otages juifs et communistes à fusiller en représailles à l’attentat contre le « SF-Zug 906 » (le train 906).
Six d’entre eux furent fusillés le 30 avril 1942, au champ de tir de Biard (Vienne) : René François de Cachan (Seine, Val-de-Marne) ; Bernard Grinbaum, Isidore Pentier, Maurice Vedzland de Paris ; Pierre Déjardin et Fernand Bréant de Levallois-Perret.
D’autres internés communistes et juifs dont cinquante du Calvados furent désignés comme otages à déporter. Ceux-là partirent le 6 juillet 1942, à destination d’Auschwitz. Ce convoi composé essentiellement de militants communistes fut particulièrement meurtrier. Il y eut plus de 89 % de décédés et disparus. Sur mille cent cinquante-cinq déportés, mille trente-deux perdirent la vie.

Fernand Bréant fut inhumé dans le cimetière de Vouillé (Vienne). Le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre reconnut Fernand Bréant « Mort pour la France » le 17 janvier 1946 ; sa fille Jeanine fut adoptée par la Nation le 31 décembre 1946. Son nom est inscrit à Levallois-Perret sur la plaque commémorative 1939 - 1945 dans la crypte du monument aux morts. Il figure également sur le monument érigé à la mémoire des 128 fusillés sur le champ de tir de Biard, inauguré le 8 mai 1949.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136224, notice BRÉANT Fernand par Daniel Grason, version mise en ligne le 13 février 2011, dernière modification le 30 octobre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1932, BA 2113, BA 2114, BA 2117, BA 2374, BA 2377, BA 2397, PCF carton 7, PCF carton 12. — SHD AVCC, Caen, otage B VIII dossier 3 (Notes Delphine Leneveu et Thomas Pouty). — Site Internet du CDJC XLV-31. — Jean Quellien, Résistance et sabotage en Normandie, Condé-sur-Noireau, Éd. Charles Corlet, 1992. — Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz. Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éd. Autrement, 2005. — FMD, Livre-Mémorial, op. cit. — Site Internet Vienne Résistance Internement Déportation (VRID). — Mémorial GenWeb. — État civil.

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