LACAN Félix, Jacques

Par Jacques Girault

Né le 23 septembre 1929 à L’Escarène (Alpes-Maritimes), mort le 22 décembre 1999 à L’Escarène ; instituteur ; militant syndical du SNI ; militant communiste, maire de Dugny (Seine puis Seine-Saint-Denis).

Félix Lacan en 1987 (Photographie prise par son fils Jean-Pierre Lacan).
Félix Lacan en 1987 (Photographie prise par son fils Jean-Pierre Lacan).

La famille de Félix Lacan, originaire de L’Escarène, était de tradition républicaine et laïque. Après une carrière militaire, son père, employé au Gaz, installé dans le quartier Saint-Roch de Nice, militant de la CGT et du Parti socialiste SFIO, appartenait au Cercle du Progrès de l’Escarène. Après avoir été attiré par la section locale de la Légion française des Combattants, il s’en sépara lors de la naissance du Service d’Ordre Légionnaire, en août 1941. Il rejoignit la Résistance (aide au maquis de Peille, libération du Haut-Pays en avril 1945). Devenu communiste, membre du Comité local de Libération de L’Escarène, il fut conseiller municipal de L’Escarène de 1945 à 1953.

Félix Lacan, son fils cadet, reçut les premiers sacrements catholiques puis abandonna toute croyance. À la suite de son frère aîné Roger Lacan, il entra en 1946 à l’Ecole normale d’instituteurs de Nice. En 1949, il devint instituteur à Tende (Alpes-Maritimes), commune rattachée à la France en 1947, où il fut titularisé.

Il se maria en mars 1951 à Cannes (Alpes-Maritimes) avec Marie Chassy, originaire de la région parisienne, fille d’un retraité de la SNCF, vivant avec ses parents, sympathisants communistes, sur la Côte-d’Azur. Aide-ouvrière, elle devint communiste. Voulant s’émanciper de sa famille, le couple s’installa, en 1951, en banlieue Nord de Paris. Il eut trois enfants.

Il partit au service militaire en 1956 au Fort de Vincennes. Muté comme élève-infirmier à Mourmelon (Marne). En 1957, militant clandestin, il participa à la dénonciation d’un camp de rétention pour nationalistes algériens. Cassé de son grade de sergent, étant père de famille, il ne fut pas envoyé en Algérie, mais fut placé en surveillance à l’hôpital militaire Maréchal Lyautey de Strasbourg-Neudorf où il finit son service militaire en mai 1958

Félix Lacan adhéra au Syndicat national des instituteurs à la Libération. Militant de la FEN-CGT, nommé instituteur à l’école Paul Langevin de Dugny en 1959, il fut membre du bureau de la sous-section syndicale de Dugny au début des années 1960. Il diffusait L’Ecole et la Nation.

Il adhéra à l’Union de la jeunesse républicaine de France puis au Parti communiste français à Nice en décembre 1946. Remarqué par Virgile Barel, il fut secrétaire de la section communiste de Tende.

Félix Lacan habita Aubervilliers, puis en 1954 à Saint-Denis (cité Langevin). Il fut membre du secrétariat, responsable de l’organisation, des sections communistes de La Plaine-Saint-Denis. Il entra au début des années 1950 au comité de la fédération communiste Seine-Nord-Est. En 1959, avec sa famille, il vint habiter Dugny qui, bombardée pendant la guerre, venait d’être reconstruite. Il habita d’abord cité du Moulin puis, en 1968, cité Saint-Exupéry.

Entré, en 1959, au bureau de la fédération communiste Seine-Nord-Est, responsable des questions laïques, puis membre de la commission fédérale de l’éducation, Lacan fut chargé de la réorganisation de la section communiste de Dugny, dont il devint secrétaire, et d’assurer la relève de son maire communiste François Larivière. Son arrivée fut mal acceptée par des communistes locaux qui, à cette occasion, rompirent avec le PCF. Après 1965, il resta membre du bureau de la section et, en 1966, quand la fédération communiste de Seine-Saint-Denis lors de la création du département, il devint membre du comité fédéral. Il participa à des stages pour instituteurs communistes en 1952 et en 1955, puis à une école centrale du PCF de quatre mois en 1966 à Choisy-le-Roi. Il fut le directeur-adjoint d’un stage pour instituteurs communistes en 1964 et enseigna régulièrement dans les écoles fédérales et centrales du PCF.

À Dugny, les luttes contre la guerre d’Algérie connurent une acuité particulière en raison de la proximité de l’aéroport du Bourget et la mairie fut plastiquée par l’OAS en décembre 1961. A l’issue des élections municipales de mars 1965, membre de la liste « Union ouvrière et démocratique », Lacan fut élu maire de la ville. Il cessa d’enseigner pour se consacrer à temps plein à son mandat municipal. Épaulé dans son action par le député Maurice Nilès et le conseiller général Jacques Gonzalès*, il fut réélu en 1971 à la tête d’une liste comprenant des « démocrates de gauche » tandis que les socialistes locaux, comme en 1965, se présentaient sur une liste concurrente avec des candidats de droite. En 1977, à la tête d’une liste d’union de la gauche avec cette fois des socialistes, il affronta une liste conduite par Adéodat Larivière, ancien dirigeant communiste local et neveu de l’ancien maire communiste. Cette liste, qui unissait des dissidents communistes et socialistes soutenus par la droite locale, fut battue de peu. Lacan ne voulait pas se représenter en 1983 pour des raisons personnelles, mais, devant la pression du PCF, effectua un nouveau mandat. La liste qu’il conduisait en 1989, affrontant au premier tour des divisions entre communistes et socialistes, fut battue de peu par une liste de droite. Il resta conseiller municipal jusqu’en 1995 et ne se représenta pas.

Pendant ses mandats de maire, de nombreuses innovations virent le jour dans la commune. Citons la bibliothèque municipale et le conservatoire de musique en 1967, la construction de l’école maternelle Marcel Cachin en 1969, l’ouverture du collège d’enseignement secondaire Jean-Baptiste Clément et l’ouverture de deux clubs de jeunes en 1971, le centre aéré de loisirs primaires pour remplacer les garderies scolaires en 1973, les services techniques municipaux en 1976, le nouveau centre municipal de santé en 1977, l’inauguration du lycée hôtelier François Rabelais en 1979 et l’espace culturel Victor Hugo en 1987. L’habitat social fut encouragé avec la cité Antoine de Saint-Exupéry en 1968 et, dans le cadre de l’Office départemental d’HLM, les cités Maurice Thorez en 1971 et Salvador Allende en 1973. La même année s’ajouta la construction du lotissement pavillonnaire de l’Hermitage permettant à des personnes à faibles revenus d’accéder à la propriété. En 1971, fut inaugurée l’église Saint-Denis remplaçant l’ancienne détruite en 1943. En 1981, le Parc départemental de La Courneuve connut une extension sur Dugny. La municipalité, en 1988, engagea une lutte contre le projet d’autoroute A16 qui devait éventrer la ville.

À partir du milieu des années 1970, les communistes défendant l’emploi touché par la désindustrialisation et le développement de l’aéroport de Roissy à partir de 1975. Félix Lacan participa notamment aux luttes de la SECA, société de réparations d’avions comme membre de la cellule communiste d’entreprise. Dans le cadre des actions pour la paix et le désarmement, en 1973, il fit occuper le hall de l’aéroport du Bourget-Dugny contre la reprise des essais nucléaires français à Mururoa. Dans les années 1980, il s’engagea dans le Mouvement de la paix et participa à « l’Appel des 100 » contre les fusées Pershing et la guerre du Golfe. Ayant fait adhérer sa ville au Comité de jumelage France-RDA en 1967, il y milita activement, comme à d’autres associations telles Tourisme et travail et la Confédération nationale du logement.

Secrétaire de la section du PCF de Dugny, il anima le mouvement d’opposition en restant correspondant local de la presse communiste (Journal d’Aubervilliers, devenu 93 Hebdo jusqu’à son interruption en 1998).

Proche de sa retraite d’enseignant, Félix Lacan reprit un poste d’instituteur à Saint-Denis au début des années 1980. En 2004, le conseil municipal donna son nom à un square de la commune.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136239, notice LACAN Félix, Jacques par Jacques Girault, version mise en ligne le 14 février 2011, dernière modification le 2 octobre 2022.

Par Jacques Girault

Félix Lacan en 1987 (Photographie prise par son fils Jean-Pierre Lacan).
Félix Lacan en 1987 (Photographie prise par son fils Jean-Pierre Lacan).

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Saint-Denis (fonds Félix Lacan). — Arch. com. Dugny. — Archives du comité national du PCF. — Presse. — Renseignements fournis par les fils de l’intéressé.

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