LEBOULANGER François, Philippe

Par Bruno Carlier

Né le 27 avril 1882 à Cahors (Lot), mort le 10 novembre 1943 à Limas (Rhône) ; inspecteur de l’Assistance publique ; militant de la protection de l’enfance dans la Loire.

François Leboulanger et Charles Beutter (ADSEA, cliché transmis par Bruno Carlier)

François, Philippe Leboulanger était le fils d’un chef de secteur aux chemins de fer de l’état. Il se maria en janvier 1912 à Paris XIXe avec Emma Gerbault.

Sous-inspecteur de l’Assistance publique dans l’Yonne jusqu’en 1923, François Leboulanger fut inspecteur départemental de la Haute-Loire jusqu’en 1929, puis dans la Loire entre 1929 et 1943.

Comme inspecteur de l’Assistance publique, il pratiqua une forme de tutelle qui n’excluait pas l’humanité, ni la prise en compte des situations individuelles, et aboutit parfois à l’expression de sentiments presque filiaux de la part des pupilles, ce qui était une façon de mettre en œuvre, sans pour autant la nommer, la notion d’intérêt de l’enfant.

La Fédération des Œuvres publiques et privées de protection de l’enfance du département de la Loire qu’il fonda en 1931 avec le pédiatre Charles Beutter donna un cadre à son action. Comme responsable de la Fédération, il participa en effet à la création de la consultation médico-pédagogique (1932 : enquêtes sur les mineurs délinquants, les enfants dits anormaux), le village-école d’Usson-en-Forez (1935 : accueil familial d’enfants déficients), le Comité de défense des enfants traduits en justice (1931 : exercice de la liberté surveillée, présentation d’enquêtes au tribunal), et fut le principal animateur du Comité de vigilance (1936) chargé, dans le cadre des décrets-lois du 30 octobre 1935 de fournir des délégués à la surveillance éducative (mesure moins contraignante que la déchéance, cette surveillance de la famille est aussi une mesure d’assistance ; elle fut précédée par un travail d’enquête et de signalement – le Comité cependant ne dépassa pas le chiffre, en 1941, d’une vingtaine d’enquêtrices bénévoles dirigées par Mlle Magand).

C’est sous sa direction que l’Assistance publique de la Loire ouvrit en 1933 à Saint-Thurin un internat pour ses pupilles anormaux, et en 1936 un Centre d’accueil pour les pupilles difficiles, jouxtant la Maison d’accueil destinée aux mineurs en attente de jugement, à la création de laquelle il participa également.

Homme d’apparence joviale, maniant l’humour, François Leboulanger savait, avec d’autres au sein de la Fédération mais peut-être davantage qu’eux, utiliser la presse, la radio, les conférences, pour sensibiliser l’opinion en faveur de l’enfance.

François Leboulanger mourut le 10 novembre 1943 chez son fils Max, substitut à Villefranche-sur-Saône. Son remplacement à l’Inspection de l’Assistance publique par Gaston Pontal à cette époque, sur laquelle nous avons peu de précision, paraît cependant s’être accompagné de quelques tensions. Donné comme inspecteur honoraire sur son avis de décès, il n’était cependant pas explicitement présenté comme retraité lorsque le 23 octobre 1943 il présenta une causerie sur « le rôle de la déléguée à l’assistance éducative » au Comité de vigilance de la Fédération, où il affirma notamment que « ce serait contrevenir aux règles de la plus élémentaire probité historique que d’affirmer, comme certains ont trop tendance à le faire aujourd’hui — que la nécessité d’une protection efficace de la famille vient seulement d’être reconnue en France. » Si rien ne dit qu’il a été démissionné, le débonnaire fonctionnaire de la Troisième République paraît peu goûter l’État français.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136255, notice LEBOULANGER François, Philippe par Bruno Carlier, version mise en ligne le 16 février 2011, dernière modification le 20 avril 2020.

Par Bruno Carlier

François Leboulanger et Charles Beutter (ADSEA, cliché transmis par Bruno Carlier)

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Loire, 12W171. — Archives ADSEA (Fédération). — Bruno Carlier, Sauvageons des villes, sauvageons aux champs, les prises en charge des enfants délinquants et abandonnés dans la Loire (1850-1950), Publications de l’Université de Saint-Étienne, décembre 2006.— Etat civil.

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