LABOURET Lucien, René

Par Daniel Grason

Né le 15 juin 1899 à Beauvais (Oise), mort le 31 mars 1990 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) ; chauffeur de camion ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine.

Fils d’Auguste, brossier, socialiste, mort en 1918 et de Jeanne née Dégageux, couturière, Lucien Labouret était titulaire du certificat d’études primaires. Appelé en 1918, il effectua trois ans et demi de service militaire en France et dans les colonies. Il participa à la guerre d’Orient dans le 29e Régiment de chasseurs à pied et de Tirailleurs algériens. Il fut sergent, chef de section dans l’infanterie, mais quitta l’armée comme caporal. Il épousa le 25 mars 1922 Jeanne Pottier à Paris (XVIIIe arr.)

Au contact du mouvement syndical, de la CGTU, Lucien Labouret adhéra en 1929 au Parti communiste parrainé par Edouard Finck lui-même, cocher, futur dirigeant de la Fédération CGT des produits chimiques et d’André Rey de la branche syndicale essence. Lucien Labouret fut collecteur d’usine dans les produits chimiques.

Le 11 septembre 1933, se tenait à la salle Wagram à Paris, un meeting de soutien aux inculpés du procès de Leipzig : Georges Dimitrov, Ernst Torgler, Tanev et Popov. Les participants débordaient sur l’avenue Wagram. Maître de Moro-Giafferi, ténor du barreau démolissait l’acte d’accusation. Pour Maître Torrès : « L’affaire » avait « été montée pour se débarrasser de l’opposition la plus vivante, la plus courageuse : celle des communistes ». Le lendemain l’Humanité titrait « Les incendiaires ? Hitler ! Goering ! ». Les policiers chargèrent pendant le meeting : « matraque levée, sur les ouvriers, employés ou petits bourgeois qui n’avaient pu trouver place dans la salle. Il y eut des blessés par dizaines » rapporta l’Humanité, Lucien Labouret fut l’un d’eux. En 1936, il exerçait la profession de chauffeur de camion chez Latil, rue Championnet dans le XVIIIe arr. de Paris. Il était membre du bureau de la cellule Montmartre, à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis), là où il habitait.

Lucien Labouret, veuf de Jeanne Pottier était père d’un enfant, il le confia à sa mère domicilié 4 avenue Solon à Stains (Seine, Seine-Saint-Denis). Il partit en Espagne en train jusqu’à Marseille, puis en bateau pour rejoindre l’Espagne. Il fut incorporé à la XIVe Brigade internationale le 10 octobre 1936 et appartint au bataillon Commune de Paris. Il adhéra en 1937 au Parti communiste espagnol et au Secours rouge international. Il fut blessé à Morata de Tajuna le 12 février 1937. Il était lieutenant et affecté à l’intendance, responsable du cercle Mercantil.

Le commandant Henri Dupré, chef de l’intendance générale, l’accusa le 17 novembre 1937 de complicité de détournement de trente-cinq pains et cinquante kilos de riz. L’anticommuniste Dupré était un membre clandestin de la Légion tricolore, infiltré dans les Brigades pour collecter des renseignements pour les franquistes et organiser le sabotage. Cette accusation n’eut pas de suites fâcheuses pour Lucien Labouret. Il partit en permission le 23 mars 1938, revint combattre. Il fut responsable de la Section d’évacuation de la clinique militaire à S’Agaro, son rapatriement eut lieu le 9 décembre 1938. La commission des cadres du Parti communiste espagnol l’apprécia comme « faible » politiquement, globalement « bon », mais d’avoir manqué d’énergie » lorsqu’il était responsable du cercle Mercantil.

À son retour il fut employé au Gaz de Paris à l’usine de la Villette et demeura chez la veuve Houvre née Siguret Aline place de la grande ceinture à Stains. Le 15 janvier 1941, suite à une dénonciation, Aline et Lucien furent arrêtés par des policiers du commissariat de Saint Denis pour activité communiste, détention d’un poignard ramené d’Espagne, de deux pistolets automatiques et de leurs munitions. Mis à la disposition des autorités d’occupation ils furent condamnés respectivement à 3 mois et 4 mois de prison par un tribunal allemand. Libérés à l’expiration de leur peine ils ne furent plus inquiétés jusqu’à la libération. Il épousa Aline Siguret le 20 septembre 1941 en mairie de Stains (Seine, Seine-Saint-Denis).

Après la guerre, Lucien Labouret entreprit des démarches pour que du fait de sa détention au Cherche-Midi et à Fresnes, il soit homologué au titre d’Interné Résistant. Marcel Mugnier, Liquidateur du Front National lui délivra le 30 décembre 1953 une attestation pour la période du 1er octobre 1940 au 25 août 1944 ainsi libellée, a été arrêté pour avoir : « participé activement à la formation de notre Mouvement sur la région parisienne. A contribué pour sa part, à l’édition et la répartition du matériel anti-allemand, ainsi qu’à la récupération d’armes. Son activité fut dénoncée à la police qui l’arrêta ».

Le ministère des Anciens combattants refusa l’homologation d’Interné Résistant, écrivant en des termes très mesurés : « votre internement ne constitue pas un acte de résistance ». L’attestation du Front National était de complaisance, aucun tract antiallemand n’était produit, quant au Front National de lutte pour la Libération et l’Indépendance de la France auquel Lucien Labouret aurait appartenu, il fut créé le 15 mai 1941, et il ne participa pas à l’action de la résistance.

Lucien Labouret protesta en 1955 contre la décision. Il demanda sa reconnaissance au titre de la Résistance Intérieure Française (R.I.F.), le Front National déposa cette nouvelle demande à la fin de l’année 1980, les faits pour lesquels Lucien Labouret avait été arrêté restaient les mêmes, mais il fut homologué.

En 1978, Lucien Labouret était membre de l’AVER, habitait alors Bayonne, il y mourut le 31 mars 1990.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136291, notice LABOURET Lucien, René par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 mars 2011, dernière modification le 14 février 2016.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch, PPo, CB.91.52, 1W 269, KB 74 (notes de Gérard Larue). Dossier DAVC 21 P 325891 (communiqué par Delphine Leneveu). – Bureau Résistance : GR 16 P 325891. – Arch. AVER. – Arch. RGASPI 545.6.1043, BDIC mfm 880/2 bis, liste nominative de cadres du PCF, commissaires politiques et officiers, mars 1938 ; RGASPI 545.6.1093, BDIC mfm 880/7 ; RGASPI 545.6.1252, BDIC mfm 880/21, RGASPI 545.2.114, BDIC mfm 880/47 ; RGASPI 545.6.45/2. – l’Humanité du 12 septembre 1933. – Henri Dupré, La Légion tricolore en Espagne, 1936-1939. Préface de Pierre Costantini, Paris, Éditions de la Ligue française (Mouvement social européen), 1942. – D. Grisoni, G. Hertzog, Les Brigades de la mer, Paris, Grasset, 1979, p. 169. – A. Castells, Las Brigadas Internacionales de la guerra de Espana, Barcelone, 1974. – État civil Arch. Dép. Oise et Arch. Mun. Bayonne.

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