KAUFMANN Adrien

Par Françoise Olivier-Utard

Né le 17 mai 1912 à Bouxwiller (Basse Alsace annexée), mort le 4 janvier 2001 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; avocat, communiste, membre du comité fédéral du Bas-Rhin du Parti communiste du Bas-Rhin en 1947 , président de l’ARAC du Bas-Rhin.

Adrien Kauffmann était le fils d’Albert Kauffmann et d’Ermence Levy, tous deux issus de familles juives alsaciennes installées à Bouxwiller. Albert Kauffmann dirigeait une entreprise de meubles rembourrés. Adrien fut élevé dans un milieu très religieux, traditionaliste. Il choisit de faire des études de droit à Strasbourg, puis à Paris et s’installa comme avocat en plein centre de Strasbourg, avant la guerre. Mobilisé en 1939, il fut fait prisonnier au col du Donon et fut mis au travail dans une ferme allemande qui l’accueillit et le protégea. En 1942 il fut rapatrié en France parce qu’il était atteint de tuberculose osseuse (maladie de Pott). Il fut dirigé sur Lyon, où il fut contraint de rester alité dans une gouttière pendant plusieurs mois. La même année il épousa Margot Lehmann, née le 5 août 1918 à Sarre – Union (Bas-Rhin), morte le 2 décembre 1977 à Strasbourg, issue d’une famille juive alsacienne de Sarre-Union. Elle devint sa secrétaire. Elle n’avait pas les mêmes opinions politiques que son mari et se déclarait nettement traditionaliste, votant à droite. Le couple eut une fille en 1948, qui reçut une éducation laïque tout en restant attachée aux traditions juives.

À la Libération, son adhésion au Parti communiste fut motivée par le combat des Soviétiques contre le nazisme. Il fut élu au comité fédéral en 1947 mais n’y resta qu’un an. Il devint aussi membre de l’ARAC, dont il fut président pour le Bas-Rhin en 1947. Il participa à la création du Mouvement de la Paix dans le Bas-Rhin. En 1954 il accepta de se rendre en Algérie pour y défendre les militants algériens partisans de l’indépendance. À Strasbourg, il faisait partie des avocats juifs de gauche qui défendirent les militants communistes manifestant contre la guerre d’Algérie et accusés d’atteinte à la sûreté de l’État. Il fut par exemple le défenseur de François Spielmann*, jugé en 1957 pour avoir lancé un slogan pour l’indépendance algérienne en face de la caserne Stirn.

Son adhésion au parti communiste n’était pas exempte de critique ou d’une certaine distance. En novembre 1952, il fut présent au meeting de soutien au dirigeant communiste tchécoslovaque Rudolf Slansky, accusé de titisme, qui se tint dans la grande salle du Palais des Fêtes de Strasbourg. En 1968, il n’hésita pas à dire à une réunion fédérale qu’il souhaitait que le parti entreprenne pour la Tchécoslovaquie une campagne de même ampleur que celle qu’il faisait pour le Viet-Nam.

Il quitta le Parti communiste au début des années 1970, par désaccord politique sur la question d’Israël et de la Palestine. Il ne renonça cependant pas à voter pour l’extrême gauche.

Il s’était remarié en 1982, à Sol Hatchouel.

Il était chevalier de la Légion d’Honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136345, notice KAUFMANN Adrien par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 27 février 2011, dernière modification le 27 février 2011.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, D, 261 J 27/72. — Arch. Dép. Haut-Rhin, R 756 W, carton 13 OD 132. — Humanité d’Alsace et de Lorraine, 2, 3 et 4 mai 1957. — Entretien avec sa fille Danièle le 24 février 2011.

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