AVRAMESCO Armand alias TOUFESCO Nicolas

Par Daniel Grason

Né le 12 décembre 1913 à Paris (XVIIIe arr.) ; architecte, radio-électricien ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant ; déporté.

Armand Avramesco.
Armand Avramesco.

Fils de Isaac, horloger, et de Stella Brenner, ménagère, Armand Avramesco suivit des études, il était titulaire du baccalauréat. Poursuivit-il des études en Roumanie ? Selon sa biographie qui fut rédigée en Espagne, il entra à l’académie d’architecture, puis à l’école militaire du génie pour les officiers de réserve. En 1932, Armand Avramesco adhéra au Secours rouge, en 1935, il fit partie d’une cellule d’étudiants. En 1936 et 1937, il était membre d’une organisation sportive d’étudiants. Membre du Bloc démocratique des travailleurs et des paysans, il en fut le trésorier. Du fait de son engagement politique, la police l’arrêta trois fois, en 1931, 1932 et 1937. A chaque fois, il soudoya les policiers rejoindre la liberté. Il parlait roumain, français, allemand, espagnol, catalan et yiddish. Artisans, les parents d’Armand Avramesco étaient selon lui porteurs de valeurs démocratiques.

Armand Avramesco revint en France en 1937, pour s’engager dans les Brigades internationales. Il arriva en Espagne le 17 septembre 1937. Il fut affecté au bataillon de réserve de la XIIIe Brigade à Casas Ibanez, puis à l’Etat Major de la 35e Division au service cartographique. Il continua dans les mêmes fonctions au bataillon Diacovitch à la 129e Brigade, ensuite à la Compagnie de mitrailleuses. Il sera successivement secrétaire du commissaire du bataillon. Il prit part aux combats sur les fronts d’Aragon et du Levant en mars et avril 1938. Dans le camp de démobilisation des Brigades internationales en novembre 1938, il était commissaire politique de compagnie.

Eduardo d’Onofrio dit Edo écrivit le 19 novembre 1941, en guise d’appréciation : « Très actif et discipliné, au front bon. Depuis son séjour en Espagne, il s’est beaucoup développé au point de vue politique. Notre commission l’a signalé comme bon volontaire et communiste au Parti communiste de Roumanie. La carte du Parti communiste espagnol n’a pu lui être remise pour des difficultés techniques ».

Pendant l’occupation allemande, il fut arrêté comme Juif, interné à Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) le 20 août 1941, malade, l’administration du camp le libéra le 4 novembre. Il prit part à la résistance au sein d’un groupe de la Main d’œuvre immigrée (MOI) du parti communiste. Il fut arrêté le 7 janvier 1944, par deux inspecteurs de la BS 1 alors qu’il se présentait au domicile de Joseph Litwak 2 impasse Grimaud, Paris XIXe arr. Il présenta aux policiers une carte d’identité au nom de Nicolas Toufesco, né à Kichinev (Roumanie). Son domicile 6 rue Saint-Gilles, à Paris IIIe arr. qu’il occupait avec sa compagne Jehevet Samoil fut perquisitionné.

Armand Avramesco était aussi en possession d’une fausse carte d’identité portant le nom de José Palau, et des cartes d’alimentation toutes aussi fausses au nom de Simon Costin. Une carte des environs de Paris divisée en cinq secteurs fut trouvée, ainsi qu’un poste récepteur de TSF et la somme de 13 000 Frs. Armand Avramesco était le trésorier de l’organisation. Sa compagne Jehevet Samoil, née le 12 avril 1911 à Moscou, juive roumaine, possédait une fausse carte d’identité et de rationnement au nom d’Edwige Costin, et une fausse carte d’alimentation au nom de Jeanne Belmant. Chargée de la propagande et de la distribution des tracts, elle était appointée mille francs par mois. Brutalisé lors d’interrogatoires en présence de Fernand David, il livra deux rendez-vous.

Fut aussi appréhendé Joseph Litwak, juif autrichien, né le 27 février 1899, à Lemberg, Lvov (Pologne), comptable, qui demeurait 2 impasse Grimaud, Paris XIXe arr. Il détenait des faux papiers d’identité, quittances de loyer, gaz et électricité au nom de Camille Loutre. Dans son appartement se trouvait un poste récepteur de TSF, une machine à imprimer, un lot de caractères d’imprimerie, ainsi qu’une brochure sur le fascisme. Joseph Litwak était chargé de la garde du matériel, et appointé cinq cents francs par mois.

Tous les trois furent déportés parce qu’ils étaient résistants et juifs. Joseph Litwak, matricule 36915 fut déporté à Neuengamme (Allemagne) le 15 juillet 1944, il y décéda à une date inconnue. Jehevet Samoil déportée avec son faux prénom Edwige transita par Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 21 juillet 1944, elle fut dirigée vers Ravensbrück, ensuite à Sachsenhausen (Allemagne), d’où elle retrouva la liberté le 22 avril 1945.

Armand Avramesco était dans le transport n° 79, le dernier, composé de cinquante et un juifs qui partit le 18 août 1944 de Drancy en direction de Buchenwald (Allemagne). Fait très exceptionnel, quinze déportés s’échappèrent, dont treize à Morcourt (Aisne), le 21 août 1944, Armand Avramesco fut de ceux-là.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136349, notice AVRAMESCO Armand alias TOUFESCO Nicolas par Daniel Grason, version mise en ligne le 7 juin 2017, dernière modification le 1er juillet 2020.

Par Daniel Grason

Armand Avramesco.
Armand Avramesco.

SOURCES : RGASPI 545.6.836. BDIC mfm 880/42. — Arch. PPo, PC carton 16, 77 W 729 — Beate et Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, 1979. — Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil, XVIIIe arr.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 140 cliché du 12 janvier 1944.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable