LAFAGE Zacharie [LAFAGE Marie, Zacharie, Basile]

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Né le 23 octobre 1881 à Luzech (Lot), mort le 14 avril 1967 à Cahors (Lot) ; professeur, directeur d’EPS ; militant syndicaliste du SNEPS ; militant radical-socialiste dans le Lot ; conseiller municipal (1945-1959), premier adjoint (1945-1947), maire de Cahors (1955-1959).

Zacharie Lafage
Zacharie Lafage

Marie, Zacharie Lafage était le fils de Pierre Lafage, dit Macou, matelot, devenu cultivateur puis propriétaire, et d’Anne Daudet, sans profession. Il bénéficia en 1896 d’un quart de bourse pour étudier à l’école primaire supérieure de Luzech, où il obtint le brevet supérieur. Après son service militaire effectué de novembre 1902 à septembre 1903, Il devint instituteur à Duravel puis fut nommé instituteur adjoint, délégué à l’EPS de Luzech en 1904. Il épousa alors dans sa commune natale, le 17 août 1904, Marie, Emma Bories, institutrice, fille d’un gendarme en retraite. Le couple eut deux filles, Madeleine, née en 1905, Denise, née en 1908.

Il obtint une licence d’espagnol, réussit au certificat d’aptitude à l’enseignement de l’espagnol en 1908, et fut titularisé professeur à l’EPS de Luzech. En 1912, il fut affecté professeur de lettres à l’Ecole normale d’instituteurs de Cahors, où il enseignait aussi l’histoire, la géographie et l’espagnol.

Mobilisé en août 1914, Zacharie Lafage, sous-lieutenant dans l’infanterie, fut grièvement blessé le 9 janvier 1915 à Mesnil-les-Hurlus (Marne) par des éclats d’obus aux mains et à la tête. Après avoir été opéré d’une mastoïdite, il revint au front en septembre 1916, fut commotionné le 11 octobre suivant, à Ligny, par un accident de fusil-mitrailleur et cité à l’ordre de son régiment le 19 octobre 1918. Démobilisé le 23 février 1919 au grade de lieutenant de réserve, pensionné à 40% d’invalidité, il fut décoré de la Croix de guerre puis de la Légion d’honneur à titre militaire en 1923. Il devait par la suite militer dans l’association pacifiste des « Anciens combattants du front ».

En 1920, Zacharie Lafage devint directeur de l’EPS de Cahors (où il fut distingué officier d’instruction publique en juillet 1936), puis directeur de celle de Rodez (Aveyron) en 1938, et prit sa retraite en 1939. Il militait aux œuvres laïques et au Syndicat national des EPS, affilié à la FGE-CGT, et fut membre de sa commission administrative de 1934 à 1937.

Membre du Parti radical-socialiste, il fut candidat aux élections de l’Assemblée nationale constituante en 1945. Après l’intermède de la municipalité de Cahors mise en place à la Libération sous la direction du communiste Joseph Teysseyre, président du Comité de libération local, il fut élu conseiller municipal aux élections de mai 1945 sur la liste « républicaine radicale et radicale-socialiste » conduite par le docteur Jean Calvet qui devint maire ; lui-même fut élu premier adjoint. En octobre 1947, il fut réélu sur la liste du « Rassemblement des gauches républicaines » toujours dirigée par Jean Calvet, dont la municipalité fut la première à signer le 30 juillet 1949 la Charte de la Mondialisation et se déclara « territoire mondial », grâce à l’adhésion de ses habitants et au soutien de personnalités nationales et internationales.

Aux élections municipales de 1953, Zacharie Lafage figura en 3e position comme candidat de l’union des gauches sur la liste « d’Union ouvrière et démocratique de défense des intérêts communaux dans la paix, la liberté et l’indépendance nationale » présentée par le Parti communiste français et conduite par le député communiste, Henri Thamier. Il fut élu, ainsi que Thamier et Teysseyre, mais dans l’opposition à la majorité du maire Calvet qui fut réélu maire, difficilement par 19 voix sur 27, grâce à une alliance avec les élus du MRP et du Parti socialiste, mais en refusant les voix communistes. Deux ans plus tard, ce dernier démissionna, arguant que la solidarité municipale avait été rompue par les élus du MRP et de la SFIO à l’occasion des élections sénatoriales de juin 1955, en joignant leur voix à celles des communistes. À la suite d’une séance houleuse du conseil municipal, le 21 septembre 1955, Zacharie Lafage qui n’avait pas été candidat à la succession de Calvet lors des deux premiers tours de scrutin, fut élu maire au 3e tour avec 8 voix, au bénéfice de l’âge.

Ses premières paroles furent de saluer son prédécesseur dont il avait été le premier adjoint, même s’il l’avait critiqué fortement sur les principes et méthodes de son administration. Dans sa responsabilité nouvelle, il entendait agir « non comme partisan mais en homme profondément attaché à l’administration de sa ville » pour établir un plan de modernisation et de développement de la ville, échelonné sur les années restantes du mandat. Avec l’aide de ses adjoints (Pierre Faugère [socialiste] 1er adjoint, Henri Thamier [PCF] 2e adjoint, Joseph Teysseyre [PCF], 3e adjoint) et de ses conseillers, il développa ce plan dont les réalisations (enfance, écoles, sports, eau, bourse du travail…) firent l’objet d’une plaquette « Trois ans au service de la ville », en vue des élections municipales de 1959.
Zacharie Lafage conduisit en effet en mars 1959 la liste d’ « Union et de défense républicaine et laïque et d’action communale » où se retrouvaient à ses côtés Thamier et Teysseyre, mais qui n’obtint pas la majorité après le scrutin de ballotage, de sorte que Lucien Bénac, professeur retraité, conseiller municipal radical-socialiste depuis 1945, fut élu maire pour le mandat 1959-1965.

En 1967, après son décès, le nouveau maire, Maurice Faure, fit donner par le conseil municipal le nom de Zacharie Lafage au groupe scolaire Sud, tandis que le groupe scolaire Nord portait le nom de Jean Calvet. « Il était le représentant d’une vieille tradition démocratique, conclut le maire radical-socialiste, à laquelle nous sommes tous fort attachés, et issue de l’enseignement dans lequel elle fleurit d’une manière particulière. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136447, notice LAFAGE Zacharie [LAFAGE Marie, Zacharie, Basile] par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 21 mars 2011, dernière modification le 7 février 2022.

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Zacharie Lafage
Zacharie Lafage
Maire de Cahors

SOURCES : Arch. Nat., F17/ 24745. — Arch. Nat, base Eléonore, dossier de la Légion d’honneur (n° 205849). — Arch. mun. Grand Cahors (Patricia Girardi). — Arch. IRHSES (SNEPS, Bulletin de l’enseignement supérieur et professionnel. — JO, lois et décrets, 2 avril 1896, 30 mars 1923, 30 juillet 1936. — Site Lotois du monde. — État civil de Luzech, Arch. Dép. en ligne.

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