KURTZ Eugène, Antoine

Par François Igersheim

Né le 12 février 1921 à Nordhouse (Bas-Rhin), mort le 15 novembre 2006 à Strasbourg ; comptable puis magasinier, militant jociste, puis ACO (président diocésain en 1962), permanent de la CFTC Alsace (1947 à 1951) ; membre du conseil de l’Union régionale CFTC (1950-1951) ; membre du groupe « Reconstruction ».

Fils de Jean Kurtz, ajusteur à la Société Alsacienne de Constructions Métalliques (locomotives) à Graffenstaden. Jeune apprenti comptable aux Grands moulins de Strasbourg, il rencontra la JOC et l’imposa comme organisation de jeunesse à un clergé local attaché aux Cercles catholiques ou à la rigueur à la JAC rurale. Avec l’évacuation de Strasbourg, les Grands moulins cessèrent leur activité et Kurtz entra à la SACM comme magasinier des pièces et machines électriques.

Il assura l’animation des sections JOC non évacuées ou mobilisées. Mobilisé brièvement à la mi-juin 1940 avec tous les jeunes de la classe 1921, il fut renvoyé dans ses foyers, par une armée française en débandade. Il reprit son travail à la SACM absorbée par une entreprise allemande et relancée par des cadres allemands dès la fin aout, alors que les ouvriers devaient adhérer au syndicat unique allemand le Deutsche Arbeitsfront. En janvier 1941, la JOC est interdite, mais les liaisons se poursuivent sous le couvert de « Bibelstunden », cercles d’études bibliques. Destructurées et démoralisées après le pacte germano-soviétique et le rapprochement nazi et communiste, les cellules communistes dont celles de la SACM se reconstituèrent dans la clandestinité dès l’attaque allemande sur l’Union soviétique et reprirent leur place dans les courants d’opinions résistants. Kurtz décide de gagner la France de l’intérieur en juillet 1942. Il parvint à Paris puis voulut gagner la zone libre et fut repris à La Guerche (Indre-et-Loire), sur la ligne de démarcation, le 24 août 1942.

Il fut interné à Bourges, puis à Mulhouse et enfin au camp de Schirmeck pendant trois mois, enfin incorporé de force, après avoir signé une déclaration l’avertissant qu’en cas de désertion ses parents seraient évacués en Pologne. Il fut affecté pour ses classes dans une formation où règne une grande solidarité entre Alsaciens. Puis il fut transféré en mai 1943 dans une unité d’artillerie du front de Leningrad, comme radio-télégraphiste, ce qui lui permit de se tenir au courant en écoutant la BBC de Londres. Après une permission de Noël 1943, il rejoignit son unité rejetée en Estonie en janvier 1944. Il déserta le 22 septembre 1944, fut caché par des fermiers, puis s’étant débarrassé de ses papiers militaires parvint à se faire passer pour un évadé français d’un camp de travail allemand, ce qui lui valut la vie sauve et sa résidence surveillée chez le fermier qui l’avait caché. Le 16 mars 1945, il fut muni des laissez-passer pour Moscou et reçu à l’ambassade de France. Le Général Catroux lui proposa un engagement dans l’armée française et son affectation au secrétariat de la mission militaire française du général Petit.

Kurtz fut rapatrié en France en juin 1945. Il reprit son emploi à la SACM de Graffenstaden. Puis au début de 1946, il devint permanent de la JOC d’Alsace et Moselle chargé des problèmes des « malgré nous » à la demande de Théo Braun, responsable régional, puis secrétaire général de la CFTC d’Alsace. Puis Kurtz fut chargé de soutenir la réorganisation de la JOC allemande (Christliche Arbeiterjugend), et s’établit à Cologne. Dès 1947, il fut engagé comme permanent de la Fédération des syndicats chrétiens d’Alsace CFTC (métallurgie) mais dut y renoncer pour raison de santé. Il revint à la SACM en 1951, et reprit place dans la section syndicale CFTC. Engagé dans le mouvement « Action catholique ouvrière », il en est le président diocésain, dans une équipe dont fait partie également Frédo Krumnow, lors du congrès de 1962, qui marque en ce qui concerne les adhérents syndiqués une préférence pour la déconfessionnalisation de la CFTC. Kurtz fut un membre actif du groupe « Reconstruction ». Jusqu’à sa retraite en 1979, il fut inspecteur comptable d’une compagnie pétrolière. Il s’était alors engagé dans la vie des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace s’adonnant à ses goûts pour l’archéologie et la protection du patrimoine.

Il se maria en septembre 1948 avec jeanne, Céline, Weybrecht.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136475, notice KURTZ Eugène, Antoine par François Igersheim , version mise en ligne le 29 mars 2011, dernière modification le 2 septembre 2016.

Par François Igersheim

ŒUVRE : Eugène Kurtz, La guerre malgré moi, de Schirmeck à Moscou, Strasbourg 2003.

SOURCES : Charles Dillinger, Cinquante ans de JOC. Strasbourg, 1979. — De la CFTC à la CFDT 1964 : François Igersheim, « L’Évolution en Alsace ». Colloque Almémos du 13 mars 2004. Strasbourg 2004. — Jean-Marie Holderbach, Notice Eugène Kurtz, NDBA. — id. Nécrologie, RA 2006. — Notes de Jean-Marie Conraud.— Etat civil.

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