LAFUMA André, Justin

Par Jacques Girault

Né le 19 mai 1911 à Agde (Hérault), mort le 3 octobre 1989 à Agde ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI ; militant socialiste dans l’Hérault.

André Lafuma. Photo d’identité.
André Lafuma. Photo d’identité.

Son père, mécanicien, blessé pendant les combats de la Première Guerre mondiale, obtint un emploi de facteur des postes à Vias où André Lafuma, pupille de la Nation, passa sa jeunesse. Il entra à l’École normale d’instituteurs de Montpellier en 1928. Il fut nommé à La Petite Motte en 1932, puis de 1933 à 1939 à Saint-Thibéry. Nommé à Agde en septembre 1939, il y revint de 1945 à 1963. Muté à l’école Gambetta de Montpellier en 1963, il y termina sa carrière en 1967. Il se maria en janvier 1933 à Sète (Hérault) avec une couturière.

Le 9 février 1939, Lafuma fut élu au conseil syndical du Syndicat national des instituteurs, avec 204 voix sur 549 votants, sur la liste « d’indépendance et d’action syndicaliste » où se retrouvaient des Amis de l’École émancipée dont il faisait partie. Gréviste le 30 novembre 1938, il fut privé de huit jours de traitement.

André Lafuma assura le secrétariat de la section socialiste SFIO de Saint-Thibéry. Partisan de la tendance de la « Gauche révolutionnaire », il ne suivit pas Marceau Pivert au Parti socialiste ouvrier et paysan. Il ne renouvela pas son adhésion au Parti socialiste SFIO à la Libération, soutenant les groupes se réclamant de la Quatrième Internationale.

En 1942, il fut déplacé à Nant (Aveyron) où il resta jusqu’à la Libération. Revenu dans l’Hérault, il appartint de 1945 à 1967 au conseil syndical du SNI et fut secrétaire départemental, au titre de la tendance « École émancipée », de 1946 à 1950, de 1952 à 1956, de 1958 à 1962 et de 1964 à 1967. Il fut élu à la Commission administrative paritaire départementale. Il siégea à la commission administrative nationale de la Fédération de l’Éducation nationale en 1948 et en 1949, comme suppléant.

Lafuma participa à de nombreuses réunions des instances nationales du SNI, y exprimant les points de vue de sa tendance. Le plus souvent, il faisait partie des commissions des résolutions. Lors du congrès national, le 19 juillet 1947, il critiqua les « cégétistes » et souhaita que l’on puisse « revenir aux traditions syndicales de la charte d’Amiens ». Lors de la réunion du conseil national, le 18 décembre 1947, il soutint la grève des instituteurs parisiens et se prononça pour la « grève générale, totale, illimitée ». Lors du congrès, le 23 mars, sur la question de l’affiliation, il affirma que la scission était une « défaite de la classe ouvrière » et que « la tâche du SNI sera de reconstituer l’unité ». Il approuva la démarche de son courant s’entendant avec les majoritaires pour que les syndicats de l’enseignement choisissent l’ autonomie Lors du congrès du 7 juillet 1954, au nom de son courant, il déclara voter contre le rapport moral. Lors de la discussion du rapport moral au congrès de Brest, le 18 juillet 1958, il critiqua les hésitations de la direction du SNI en mai 1958, jugeant ses positions « pas toujours positives ». A nouveau, le 7 juillet 1959, au congrès de Paris, il annonça son abstention sur le rapport moral regrettant le manque de tribune libre dans la presse syndicale nationale et l’absence de dénonciation de la réforme de l’enseignement.

André Lafuma fut candidat à plusieurs reprises au bureau national du SNI sur les listes C « École émancipée » présentées aux délégués aux réunions des conseils nationaux à la fin décembre : en treizième position lors du conseil national du 27 décembre 1949, en 1951, en onzième position, en 1955, en 1956, en 1957 en dixième position.

Il fut assesseur lors des séances du 20 juillet 1950 et du 20 juillet 1957 lors des congrès nationaux et lors de la réunion extraordinaire, le 8 septembre 1958, du conseil national, où fut examiné le texte du projet de Constitution soumis au référendum.

Lors de la réunion du conseil national du SNI, la démission de Gaston Diot, membre du bureau national, fut annoncée. Élu de la tendance « École émancipée », il démissionnait à la demande des militants de la tendance puisqu’il était en désaccord maintenant avec elle. James Marangé* demanda aux membres du conseil national de refuser cette démission. Lafuma protesta, indiquant que Diot était le représentant de la tendance au bureau national et qu’il s’agissait, pour la majorité nationale, d’une opération de diversion pour masquer l’opposition de sa tendance aux orientations du SNI sur la question de la guerre d’Algérie.

André Lafuma fut un des signataires du texte « Fidèle à son passé, l’École émancipée poursuit sa route », paru dans L’Ècole émancipée du 28 juin 1968, officialisant la rupture avec les militants de l’Organisation communiste internationaliste sur qui était rejetée la responsabilité de la crise. Son nom était suivi de la mention d’ancien secrétaire de la section SNI de l’Hérault. Ses cosignataires était Fédière, Bès et Guy pour l’Hérault.

Refusant tout engagement dans un parti politique, André Lafuma intervenait dans la vie locale. Par réaction contre la gestion de la production de gaz par le maire, classé « divers gauche », il s’engagea lors des élections municipales de 1959 avec des militants de gauche qui furent battus. Il fut également secrétaire de la section d’Agde de la Libre pensée.

Lafuma avait souhaité que son décès ne soit pas annoncé dans la presse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136486, notice LAFUMA André, Justin par Jacques Girault, version mise en ligne le 31 mars 2011, dernière modification le 15 décembre 2021.

Par Jacques Girault

André Lafuma. Photo d'identité.
André Lafuma. Photo d’identité.

SOURCES : L’École libératrice. — DBMOF, notice non signée. — Renseignements fournis par le fils de l’intéressé. — Notes de Jacques Faucher, de Loïc Le Bars, de Joël Vézinhet (SNUIPP Hérault).

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