KERJOUAN Pierre

Par François Prigent

Né le 29 septembre 1903 et mort le 15 avril 1974 à Languidic (Morbihan) ; exploitant agricole ; trésorier de la section SFIO de Languidic ; syndicaliste CNP ; conseiller d’arrondissement de Hennebont (octobre 1937) ;syndicaliste CGA ; candidat aux législatives de 1946 ; secrétaire de la section SFIO de Languidic (1948-1969) ; militant laïque.

Fils de paysan, il partit travailler à Paris après son service militaire. Revenu au pays reprendre la petite exploitation familiale, il devint au début des années 30 trésorier la maigre section SFIO de Languidic, monté par Louis L’Hévéder* (député SFIO dès 1930) qui faisait en sabots et en breton la propagande pour le recrutement SFIO dans les campagnes environnant Lorient. Contrairement à la configuration du Nord-Ouest du département où les réseaux CGPT étaient puissants et investis par les militants SFIO (dont la famille Le Coutaller*), Pierre Kerjouan fut à l’initiative d’une implantation limitée de la CNP autour de Languidic-Quéven (120 adhérents en 1938), en lien avec Romain Boquen* et Tanguy-Prigent*.

En octobre 1937, il fut élu au 2e tour avec 58.4% conseiller d’arrondissement de Hennebont face au gros propriétaire, décrit comme dorgériste Guillermé (URD), qu’il avait devancé de 400 voix au premier tour, recueillant 48% des suffrages. Il s’appuyait sur les filières militantes mobilisées lors de la campagne de Emmanuel Le Visage* (coopérateur, maire SFIO de Locmiquélic entre 1934 et 1969) face à Firmin Tristan, parlementaire conservateur. Diffusant une thématique de front de classe ouvriers/paysans, incarnée par l’émergence d’un réseau SFIO autour des Forges de Hennebont, Pierre Kerjouan rejoignit Pierre Rogel* (maire de Lanester depuis 1919) en tant que second élu SFIO au Conseil d’Arrondissement. Imprégnés d’un regard dépréciatif envers le paysan anticlérical révolutionnaire, les rapports des RG signalaient fin 1937 que « le nouvel élu n’a eu que très peu de rapports avec l’administration. Son élection a été un succès pour la SFIO, mais Pierre Kerjouan n’a et ne peut avoir aucune ambition politique, tout au plus serait-il candidat au conseil général si on l’y poussait ». Fêté par la fédération lors du congrès post-électoral à Hennebont, il présida le congrès fédéral à Auray en février 1938.

Il fut prisonnier de guerre en 1940. Il fut un des rares socialistes avec Arsène Bigno* à exercer des responsabilités au sein de la CGA contrôlée par les conservateurs dont le parlementaire Louis le Léannec. Pour compenser le faible enracinement socialiste dans les milieux paysans, il figurait en 1946 en seconde position de la liste Le Coutaller, qui comprenait Renée Rollo* (femme de déportée), Jules Kernec* (leader des JS, passé ensuite au PC à Lanester), Arsène Bigno* (conseiller général de Cléguérec), Maurice Duclos* (maire de Mauron) et Francis Martin* (conseiller municipal de Vannes). Lors de la campagne, il axa ses interventions sur les réalisations et projets impulsés par le ministre-paysan, Tanguy-Prigent. Une note des RG du 10 mai 1946 signalait cependant la « polémique dans la SFIO sur la constitution de la liste », la fédération écartant au final Julien le Pan* (maire de Lorient, stigmatisé comme l’avocat des collaborateurs) et Ferdinand Thomas* (conseiller général maire de Hennebont), préférant mettre un candidat paysan en seconde position.
En 1948, il remplaça l’instituteur Le Dréan à la tête de la section SFIO de Languidic, fonction qu’il occupait toujours en 1954. Actif au sein de l’Amicale Laïque et de la CGA, il faisait partie des listes établies par Kléber Lousteau en novembre 1959 pour relancer l’activité de la SFIO dans les milieux paysans. Il était toujours militant socialiste en 1969.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136531, notice KERJOUAN Pierre par François Prigent, version mise en ligne le 8 mai 2011, dernière modification le 12 novembre 2019.

Par François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. du Morbihan 1 M 1762 ; 1 M 4533 ; 1 M 4705 ; 1526 W ; 2 W 11936. — Arch. Fédérales du PS du Morbihan. — Arch. de l’OURS, dossiers Morbihan. — Le Rappel du Morbihan, 1934-1984. — Christophe Rivière, « Luttes paysannes et implantation socialiste dans l’arrondissement de Pontivy pendant les années 30 », in Recherche Socialiste, n° 42, mars 2008.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable