LALUMIÈRE Pierre [LALUMIÈRE Gustave, Pierre]

Par Corrie Nebot, Gilles Morin

Né le 7 septembre 1930 à Caudéran (Gironde), mort le 21 janvier 1996 à Paris (VIe arr.) ; inspecteur des impôts, puis professeur agrégé à la faculté de droit de Bordeaux ; militant socialiste de la Gironde, membre du comité des experts du Parti socialiste, maire du Bouscat (1977-1983), député au Parlement européen (1979-1984).

Fils de Pierre, Maurice Lalumière, maraîcher puis propriétaire d’un petit commerce d’alimentation au Bouscat, et de son épouse Suzanne Dubourg, épicière, Pierre Lalumière était issu d’une famille radicale. Son grand-père, Pierre, Gustave, bonapartiste, fut un farouche dreyfusard. Ses parents auraient appartenu au comité local du Parti radical. Élevé dans la confession catholique, sa mère étant très croyante, il s’en éloigna, le curé de la paroisse refusant de lui donner le premier prix, puisque ses parents n’étaient pas tous pratiquants. Son père, gazé de la Première Guerre mondiale, décéda d’une insuffisance cardiaque en 1959.

Pierre Lalumière, après avoir fréquenté l’école communale du Bouscat, entra au lycée Longchamp de Bordeaux. Il obtint son baccalauréat et s’inscrivit à la faculté de droit de Bordeaux. Il échoua à l’oral du concours d’admission de l’École nationale d’administration mais obtint le concours de l’École des impôts. Il fut donc tout d’abord quelques mois inspecteur adjoint des impôts, affecté à la brigade d’inspection des viticultures. Maurice Duverger l’incita à reprendre ses études et, en 1956, il obtint le titre de docteur en Droit, avec une thèse sur l’Inspection des finances. De 1956 à 1958, il fit son service militaire, étant affecté à l’état-major général des Armées à Paris, ce qui ne perturba pas ses études. Reçu premier à l’agrégation de droit public, spécialiste du droit fiscal et des finances publiques, il enseigna, à partir du 1er février 1958, les institutions financières et les finances publiques à la faculté de droit et à l’Institut d’études politiques de Bordeaux. Cette même année, il rencontra Catherine Lalumière, née le 3 août 1935 à Rennes. Ils se marièrent le 4 avril 1960 et deux ans plus tard, elle fut nommée assistante à la faculté de droit de Bordeaux après avoir enseigné à Rennes. Pour sa part, il enseigna onze ans à Bordeaux, avant d’être nommé le 1er novembre 1969 à Paris où son épouse le rejoignit deux ans plus tard. Titulaire de la chaire des finances publiques de l’Université de Paris-1, il fut aussi chargé de cours à l’École nationale d’administration.

Pierre Lalumière adhéra au Parti socialiste SFIO en 1962 et fut immédiatement désigné comme candidat suppléant de Robert Brettes, qui fut élu député aux élections législatives de l’automne dans la 6e circonscription. Deux ans plus tard, il présida le comité départemental de la Gironde d’Horizon 80, club militant pour la campagne présidentielle de Gaston Defferre* et fut collaborateur du maire de Marseille. Puis il fut l’un des principaux animateurs départementaux de la campagne présidentielle de François Mitterrand* en 1965, faisant à cette occasion la connaissance de celui-ci. Il appartint au Comité exécutif départemental de la FGDS de la Gironde en 1966, au titre de la SFIO. Il fut encore signataire de la motion Defferre « Pour le nouveau parti démocrate socialiste », pour le congrès national extraordinaire de décembre 1968.

Secrétaire général de la section du Bouscat depuis 1971, Pierre Lalumière fut présenté aux élections législatives de 1973 dans la première circonscription, en tant que titulaire cette fois. Il fut associé en 1973 au groupe des experts du Parti socialiste, chargé des questions de fiscalité. Signataire de la motion Mitterrand pour le congrès de Grenoble en 1973, il devait par la suite être associé aux campagnes électorales de François Mitterrand, comme animateur de la cellule économique en 1974 et 1981 et introduisit son épouse dans le groupe d’experts du PS. Il apparut dès 1975 comme l’un des principaux soutiens du Mitterrandisme au plan départemental.

La liste d’Union de la gauche obtint 51 % des voix aux élections municipales du Bouscat en mars 1977, P. Lalumière devint maire. Il se présenta une dernière fois aux élections législatives en mars 1978. Après avoir rassemblé 28 % des voix, il accéda alors au second tour et obtint 43,9 % des suffrages. Il figura en 38e position sur la liste PS-MRG aux élections européennes en 1979 et, élu, siégea à ce Parlement du 23 novembre 1981 au 23 juillet 1984. Il appartint à la commission du budget et à la commission du contrôle budgétaire.

Pierre Lalumière ne se représenta pas aux élections législatives de 1982, sa femme étant candidate, et élue dans la 3e circonscription. Mais il se présenta aux élections cantonales de mars 1982 et échoua au renouvellement des élections municipales de mars 1983 : après avoir obtenu 42,6 % des voix au premier tour, il perdit la mairie au second avec 47,5 % des suffrages, contre le RPR Jean Valleix.

En 1985, atteint de la maladie d’Alzheimer, Pierre Lalumière démissionna de sa dernière fonction, conseiller municipal du Bouscat.

Pierre Lalumière était officier de réserve de l’armée de l’Air et il était auteur de nombreux ouvrages de droit.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136537, notice LALUMIÈRE Pierre [LALUMIÈRE Gustave, Pierre] par Corrie Nebot, Gilles Morin, version mise en ligne le 4 avril 2011, dernière modification le 28 novembre 2021.

Par Corrie Nebot, Gilles Morin

SOURCES : Arch. Dép. Gironde, IW170, IW184, IW383. — Arch. mun. du Bouscat. — Archives de l’OURS, dossiers Gironde ; 2/APO/2, fonds FGDS. — Sud-Ouest, janvier 1973 à avril 1984. — Horizon 80, n° 5, avril 1965. — Revue française de finances publiques, tome 58, 1997. — Francis Heinrich, 1964 : « Monsieur X à Bordeaux », Bulletins de l’IHTP, n° 79, « Les Français et la politique dans les années soixante (II) ».

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