Par Jacques Girault
Née le 12 février 1920 à Folles (Haute-Vienne), morte le 3 janvier 1989 à Périgueux (Dordogne) ; institutrice ; militante syndicaliste du SNI ; militante communiste en Haute-Vienne, adjointe au maire d’Ambazac.
Fille d’un cultivateur, communiste comme sa mère depuis 1920, Solange Dardant, sœur de Marguerite Montré et de Mathilde Dardant, titulaire du brevet supérieur, devint institutrice en 1939. Elle épousa en décembre 1939 à Folles Francis Lagrange, fils d’un scieur de bois, communiste, futur secrétaire de mairie d’Ambazac. Le couple eut un enfant.
Dans la ferme de ses parents, Benoît Frachon notamment fut hébergé en 1940. Solange Lagrange participa à la Résistance comme courrier local des maquis et des militants illégaux et assurant le service de transports de petit matériel. Elle fit partie de la direction politique d’un groupe cantonal de Francs-Tireurs et Partisans.
Institutrice après la guerre à Blanzac et dans la région de Bellac, puis aux Billanges, Solange Lagrange, dont le mari assurait le secrétariat de mairie des Billanges, fut nommée ensuite à Ambazac où son mari devint secrétaire de mairie.
Solange Lagrange adhéra au Parti communiste en janvier 1944 à Folles. Secrétaire de la cellule communiste de Blanzac à partir d’octobre 1944, elle fit partie du secrétari at de la section communiste de Bellac de 1944 à 1946, responsable de la propagande. A partir de 1947, membre du bureau de la section communiste d’Ambazac, elle devint membre du secrétariat de cette section, en 1948, responsable de la propagande. Elle entra au comité de la fédération communiste en 1949 et y resta jusqu’en 1969. Elle suivit le stage central pour les instituteurs communistes (5-22 septembre 1956). Les responsables du stage estimaient qu’elle devait être déchargée du secrétariat de la section pour militer dans le syndicat.
Solange Lagrange, élue conseillère municipale d’Ambazac en 1959, réélue en 1965, devint deuxième adjointe. A la suite de la démission d’une minorité d’élus communistes conduits par Marcel Dubois*, une élection partielle se déroula, le 4 juillet 1965. Ce dernier conduisait une liste communiste et se présenta comme le dirigeant des protestataires réélus. Elle continuait à soutenir le maire Gabriel Texier contre l‘avis de la fédération qui lui demanda de démissionner. Elle refusa par lettre estimant que « sa démission serait un encouragement aux fractionnistes. Elle lèverait le dernier obstacle devant ces derniers dans la conquête de la mairie ». En novembre 1965, elle écrivit une lettre au comité central du PCF à propos de la situation municipale à Ambazac. Elle n’était pas devenue adjointe au maire en 1959 comme l’avait souhaité la fédération. Élue deuxième adjointe au maire à la suite des élections municipales de mars 1965, elle n’avait pas obtenu la totalité des voix des élus communistes. Dubois* qu’elle avait soutenu mais qui avait été mal accueilli comme candidat, se tenait en marge de la section communiste. Les démissions successives la visaient ainsi que le maire. Selon elle, le risque était grand de finir par lasser l’opinion ce qui favoriserait les socialistes qui avaient déjà demandé quelques places sur la liste et qui pouvaient profiter de l’affaiblissement des communistes. Rien ne fut réglé en dépit des interventions du secrétaire de la fédération Constans*. Les huit protestataires démissionnèrent à nouveau en janvier 1966, s’en prenant plus ouvertement à la secrétaire de la section communiste. Une enquête, sous la responsabilité de Pierre Doize, en avril 1966, condamnait les démissionnaires, tout en constatant qu’elle avait mené « une activité fractionniste », lui reprochant son « étroitesse » mais estimant qu’elle avait « bien défendu les positions du Parti ». Or une autre enquête menée par Marcel Rigout, Fernand Dupuy et Etienne Fajon concluait différemment, ce qui ne fit qu’accentuer le malaise. Elle quitta le secrétariat de la section communiste en juin 1968. En janvier 1969, dans une lettre à Doize, elle commentait les résultats de la nouvelle élection partielle qui avait amené la défaite des candidats communistes et l’élection de huit socialistes, qu’elle considérait comme des « adversaires soutenus par la droite ». Mais par la suite, la situation s’aggrava pour la municipalité communiste, et en 1970, la fédération constatait une campagne de dénigrement menée par Solange Lagrange et son mari contre les militants chargés d’assurer le relais du maire malade. Finalement, le 16 avril 1970, le secrétariat national du PCF lui demanda de « changer d’attitude et de respecter les décisions du Parti ».
Solange Lagrange avait adhéré au Syndicat national des instituteurs en 1939 et elle réadhéra au SNI en octobre 1944. Elle fut élue membre du conseil syndical de la section départementale en 1959 et y resta une dizaine d’années.
Par Jacques Girault
SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Presse syndicale.