LAIGNEL Marie-Thérèse, Jeanne

Par Jacques Girault

Née le 4 avril 1896 à Corbie (Somme), morte le 14 novembre 1954 à Paris (VIe arr.) ; professeur puis directrice de lycée ; militante pédagogique.

Fille d’un clerc de notaire, Marie-Thérèse Laignel, après avoir obtenu le baccalauréat en 1914, la licence à la Sorbonne en 1917, réussit à l’agrégation d’Italien en 1920. Nommée au lycée de jeunes filles à Lyon en 1921, elle donnait aussi des cours à l’école technique municipale de jeunes filles. Elle se maria en mars 1928 à Lyon (VIIe arr.) avec Fernand Reboul, professeur à l’école primaire supérieure puis au lycée du Parc, fils de cultivateurs. Le couple eut une fille. Divorcée en 1933, elle reprit son nom de naissance, se fit appeler « Mademoiselle » et obtint sa mutation pour le lycée de jeunes filles de Moulins (Allier) la même année. Elle fut déléguée comme directrice du lycée de jeunes filles de Bourges (Cher) l’année suivante. En 1940, ce lycée fut transformé en hôpital et elle prit la direction du lycée de jeunes filles de Lyon avant d’obtenir celle du lycée Fénelon à Paris en 1943. Cette promotion fut la conséquence de son engagement dans des mouvements pédagogiques et de ses bons rapports avec le ministère.

Marie-Thérèse Laignel passa successivement devant deux conseils d’enquête académique à Lyon et à Paris à la Libération. Pour chaque point de l’accusation, elle argumenta pour convaincre la commission. Elle fut accusée pour son dévouement à l’égard du gouvernement de Vichy et sa dureté pour les juifs. Elle expulsa de son lycée lyonnais la fille de Berthie Albrecht après son arrestation et ne la reprit que « sur injonction de l’inspection académique ». Pour sa défense, elle indiqua que la fille de Berthie Albrecht était venue l’avertir « qu’elle ne viendrait pas au lycée pendant quelques jours après l’arrestation » de sa mère. Elle fit alors un rapport à l’Inspection académique et la police ne vint pas au lycée pour « chercher la jeune fille ». Madame Samuel (Lucie Aubrac), professeur au lycée, l’accusa d’avoir, en 1943, « conduit à l’exposition antibolchevique de Lyon les élèves du second cycle alors qu’aucun règlement ne la forçait à le faire » et d’avoir obligé cinq professeurs à y aller. Ceux-ci refusèrent mais le rapport qu’elle fit à l’Inspection académique n’eut aucune suite. Elle indiqua avoir reçu cet ordre de l’inspecteur d’Académie et avoir créé les conditions pour que cette exposition « ne laisse aucune impression durable dans l’esprit des enfants ». Lucie Aubrac l’accusa aussi de s’être acharné contre deux sœurs, professeurs et résistantes. Elles avaient incité les élèves à ne pas aller à la cérémonie du serment de l’athlète au stade en 1942. Suspendue, l’une d’entre elles fut réintégrée l’année suivante comme professeur de sixième mais les rapports de la directrice ne portaient que sur ses qualités pédagogiques et sur les questions de discipline. Son arrestation, plus tard par la police, n’était due qu’à ses activités de résistante et non au rapport pédagogique. Le comité d’enquête de l’académie de Lyon demanda sa suspension. Aussitôt tous les professeurs du lycée Fénelon signèrent une pétition en sa faveur, vantant son autorité, sa grande culture, son humanité. Parmi les signataires, figurait la dirigeante du Syndicat national de l’enseignement secondaire, Jacqueline Marchand*. Après avis de la commission d’enquête du 4 juillet 1945, le ministère décida d’annuler la décision de la commission lyonnaise, le 21 septembre 1945.

Marie-Thérèse Laignel continua de diriger son lycée. Elle fut élue commissaire paritaire nationale du personnel administratif n°1 en 1948 sur une liste de la Fédération de l’Éducation nationale puis fut nommée représentante de l’administration dans la CAPN des agrégés en 1952.

Ses obsèques furent religieuses.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136548, notice LAIGNEL Marie-Thérèse, Jeanne par Jacques Girault, version mise en ligne le 4 avril 2011, dernière modification le 3 mai 2011.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : La littérature italienne, Paris, A. Colin, 1926 (rééditions en 1938 et en 1942).
Traduction de BORGESE (GA), L’Italie contre l’Allemagne, Paris, Payot, 1917.

SOURCES : Arch. Nat., F17/ 26365

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