LAINÉ André, Marcel, Pierre

Par René Crozet, Jacques Girault

Né le 1er juillet 1920 à Anet (Eure-et-Loir), mort le 13 octobre 2012 à Cugand (Vendée) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI en Indre-et-Loire ; militant mutualiste MGEN ; militant socialiste collaborateur du Maitron.

André Lainé
André Lainé

Fils aîné de Pierre Lainé, huissier puis greffier de justice de paix, et de Raymonde André, sans profession, André Lainé ne fut pas baptisé. Son père, militant radical-socialiste, franc-maçon à la Grande Loge de France, fut un des fondateurs de la Fédération des œuvres laïques en Indre-et-Loire et un des créateurs du Foyer laïque. En mars 1942, du fait de ses opinions politiques et philosophiques, le gouvernement de Vichy lui interdit d’exercice de sa profession, ce qui aggrava ses problèmes de santé et en traîna son décès prématuré, quatre mois plus tard. Les grands-parents maternels d’André Lainé étaient des amis de Maurice Violette, ancien ministre radical-socialiste et ancien gouverneur général de l’Algérie.

Après avoir fréquenté l’école maternelle d’Anet, André Lainé entra en 1926 à l’école primaire Mirabeau puis Rabelais de Tours et, en 1931, au lycée Descartes de Tours où il obtint le baccalauréat philosophie-lettres en 1939. Inscrit à la faculté de droit de Poitiers, il ne put poursuivre ses études supérieures en raison des difficultés financières de son père, privé de ressources par le moratoire décrété, dès la déclaration de guerre, sur tous les actes judiciaires, d’autant que l’Occupation rendait impossible les déplacements de Tours vers Poitiers. Recruté comme instituteur intérimaire pour remplacer un instituteur mobilisé, il débuta en septembre 1939 à l’école primaire supérieure Paul-Louis Courier de Tours. Il fut nommé ensuite instituteur adjoint à Langeais en 1940 jusqu’en 1956, puis instituteur adjoint à l’école Engerand de Saint-Cyr-sur-Loire de 1956 à 1964, et à l’école primaire Jean Macé, de Tours, durant l’année scolaire 1964-1965. En novembre 1965, jusqu’à sa retraite administrative en 1977, il fut placé en « mise à disposition » de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale.

À Langeais, André Lainé participa en 1944 à la création de l’Amicale laïque des anciens élèves de l’école publique et, à la fin de 1944, créa la bibliothèque publique municipale, ce qui lui valut les félicitations de Jean Guéhenno, venu inspecter les bibliothèques du département. À Langeais également, il créa en 1943 un poste de secours de la Croix-Rouge et une équipe de brancardiers qui se révélèrent très utiles lors des bombardements d’août 1944 et du mitraillage d’un train de déportés en provenance d’Angers.

Le 10 juin 1942, André Lainé se maria uniquement civilement à Langeais avec Suzanne Chéron, institutrice (normalienne) qui fit l’essentiel de sa carrière dans l’enseignement primaire avant d’être « mise à disposition » de la section de Paris de la MGEN. Ils eurent deux fils. Invité, en 1943, par l’inspecteur d’académie à « régulariser » à l’église son mariage selon les directives du gouvernement, il n’en fit rien.

Élevé dans une famille fortement politisée, André Lainé adhéra, en 1936, aux Jeunesses socialistes SFIO. Il participa à la création, puis devint secrétaire-adjoint, du Cercle laïque Bretonneau, regroupant à l’initiative du professeur Guillaume-Louis, directeur de l’École de médecine de Tours, président de la Fédération des œuvres laïques, les lycéens et étudiants laïques, pour contrebalancer l’activisme du Cercle confessionnel Laënnec. Adhérent au Parti socialiste SFIO de 1946 à 1955, il fut, de 1946 à 1954, secrétaire de la section socialiste SFIO de Langeais. En 1946, lors de la préparation des élections à la deuxième Assemblée nationale constituante, il s’opposa au remplacement du candidat sortant A.Quénard par Michel Debré. Il collabora à quatre rubriques du Réveil socialiste d’Indre-et-Loire sous son nom et des pseudonymes (André Marcel, Marcel Pierre, Enial). Il fut ensuite membre du Cercle Jean Jaurès puis de l’Office universitaire de recherche socialiste.

Adhérent du Syndicat national des instituteurs à la Libération, André Lainé fut, dès 1946, membre du conseil syndical de la section d’Indre-et-Loire, secrétaire départemental adjoint en 1948 puis secrétaire de la section départementale de 1949-1950 à 1958, et enfin secrétaire de la section départementale de Fédération de l’Éducation Nationale, de 1951 à 1958. Ses interventions dans les réunions des instances nationales du SNI portaient sur les questions de santé ou d’assurance des enseignants (réunions du conseil national du 27 décembre 1950, du 18 juillet 1955) et sur l’action de défense de l’école laïque (11 octobre 1951). Lors de celle du 14 avril 1954, dans la discussion sur les constructions scolaires, il souligna l’exiguïté des logements pour les enseignants. Il fut assesseur lors de séances de congrès nationaux du SNI, le 8 juillet 1954 et le 18 juillet 1957. Lors du congrès national du SNI, le 22 juillet 1955, dans la séance consacrée aux questions laïques, il souhaita que le SNI puisse présenter un programme minimum sur la revendication laïque qui pourrait avoir le soutien des partis politiques. En 1957, son intervention souligna le danger du recrutement d’auxiliaires et proposa des mesures pour recruter des instituteurs. Il fut placé par les membres du bureau national, le 16 janvier 1958, en huitième position sur la liste des candidats à la commission administrative paritaire nationale pour les élections du 4 mars.

Dès la création de la section départementale de la MGEN, en avril 1947, André Lainé y eut des responsabilité. Il fut secrétaire adjoint jusqu’en 1955 et en devint vice-président de 1955 à 1959 puis trésorier de 1959 à 1962 et enfin président de 1962 à 1983 et président honoraire après 1983. Élu administrateur national de la MGEN de 1963 à 1983, il participa à la commission des soins coûteux de 1963 à 1967, à la commission nationale de surveillance de 1965 à 1967. Élu au bureau national de la MGEN en 1967, chargé des sections départementales jusqu’en 1973, il eut également en charge la mise en place du système informatique de 1969 à 1979.

De 1960 à 1971, administrateur de l’Union mutualiste d’Indre-et-Loire, Lainé en devint secrétaire adjoint en 1962. À la demande d’Edmond Breuillard, il fut le fondateur de la section d’Indre-et-Loire de l’APAJH et du groupe d’orthogénie qui se transforma par la suite en planning familial. À la demande de Jules-Marie Coq* et de Denis Forestier, il fut, en 1962, le fondateur de la section départementale d’Indre-et-Loire de la Fédération nationale des mutuelles de fonctionnaires et agents de l’État. Il en devint président en 1971 et le resta jusqu’en 1981, puis il redevint simple administrateur. Il fut administrateur national de la FNMFAE de 1969 à 1981.

André Lainé fut élu en 1957 administrateur départemental pour l’Indre-et-Loire de la Caisse primaire d’assurance maladie, sur la liste mutualiste. Puis, par consensus des syndicats et du patronat, il devint président du comité qui aboutit à la création de l’URSSAF d’Indre-et-Loire (département très en retard sur ce plan). Il s’agissait de donner vie à cet organisme qui n’avait qu’une existence théorique en raison des rivalités entre les deux caisses, CPAM et Caisse d’allocations familiales. La réforme de 1967 exclut André Lainé, avec les autres militants mutualistes, de la gestion des organismes (CPAM, URSSAF).

André Lainé, en qualité de secrétaire départemental du SNI et de vice-président départemental de la MGEN, fut en 1958, avec l’inspecteur d’académie et le chef du service de pédiatrie du Centre hospitalier universitaire régional de Tours, l’un des fondateurs du Centre médico-psycho-pédagogique de Tours. Il en assura la vice-présidence de 1982 à 1997. Il fut membre du comité départemental d’Indre-et-Loire et du Comité académique des œuvres sociales de l’Éducation nationale, de 1969 à 1983. Il fut également, de 1976 à 1980, membre du conseil d’administration de l’Institut universitaire de technologie de Tours, y représentant la MGEN.

André Lainé fut membre du Comité national d’histoire de la Sécurité Sociale de 1982 à 1997, succédant à Henri Aigueperse qui l’avait proposé.
Retraité à Tours, il fut pendant une dizaine d’années délégué départemental de l’Éducation nationale. Il fut aussi le secrétaire départemental de la Fédération générale des retraités de la fonction publique dans les années 1980-1990.

Il collaborait à la rédaction de notices du corpus « enseignants » du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social français. Il faisait partie du comité de patronage de l’Association pour l’Histoire des militants associatifs et syndicalistes de l’Éducation.

André Lainé entra à l’EHPAD "La Chimotaie" de la MGEN, où il décéda.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136550, notice LAINÉ André, Marcel, Pierre par René Crozet, Jacques Girault, version mise en ligne le 4 avril 2011, dernière modification le 8 juillet 2022.

Par René Crozet, Jacques Girault

André Lainé
André Lainé
André Lainé
André Lainé
Communiqué par son fils, Jérémy Lainé

ŒUVRE : Il fut l’auteur de brochures concernant l’histoire de la mutualité, publiées par le Comité d’histoire de la Sécurité sociale au titre des communications : « L’évolution vers la solidarité à partir de la charité, vue à travers les discours » en 1987 ; « La préservation de quelques archives » en 1988 ; « De 1900 à 1945, les instituteurs ont préparé la création de la MGEN » en 1989 (repris dans une communication au groupe de recherches d’histoire du syndicalisme enseignant, Centre fédéral FEN-CRHMSS, publié dans le n° 9 des Cahiers du centre fédéral en 1994) ; « La création de la section MGEN d’Indre-et-Loire » en 1997.

SOURCES : Documentation MGEN. — L’École libératrice. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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