LE JEAN Emmanuel, Louis

Par François Prigent

Né le 20 avril 1922 Tréverec (Côtes-du-Nord), mort le 20 avril 2001 à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) ; instituteur ; militant SFIO puis PSU, conseiller général PS (1976-2001) de Quintin, conseiller municipal PS (1977-2001) de Quintin ; militant laïque.

Militant socialiste très investi dans les filières laïques locales, son père Charles Le Jean, instituteur, suivit son ami Antoine Mazier dans la scission du PSU. Passé par les écoles laïques, notamment au lycée de Lamballe (où avaient enseigné Henri Avril* et Antoine Mazier), Emmanuel Le Jean intégra l’ENI de Saint-Brieuc en 1939. En poste à Yvignac puis Quintin, il se fixa à Saint-Gildas à la fin des années 1950. Secrétaire de mairie, il était très engagé dans la mouvance laïque (AL, club de football…) dans une commune dirigée par une famille socialiste (SFIO puis PSU) pratiquant l’unité avec les communistes, André Plévin puis son fils Roger Plévin (garagiste).

Marié à une institutrice, Michelle Le Cardinal (née le 9 juin 1939 et décédée le 19 décembre 2002), Emmanuel Le Jean fut profondément marqué par la figure politique de son beau-père, Henri Le Cardinal, maire socialiste du Foeil entre 1945 et 1971. De fait, il existait un noyau PSU dans le secteur de Quintin, composé d’élus locaux (notamment au Vieux-Bourg avec Louis Derrien, Le Pape puis Joseph Pasco), ancrés dans les filières anticléricales. Ce micro-réseau entretenait des liens forts avec Antoine Mazier, réactivés par Yves Le Foll après son décès en 1964.

Passé au PS lors des Assises du Socialisme, Emmanuel Le Jean se présenta aux cantonales en 1976, sous la pression amicale de Charles Josselin et de Yves Le Foll, dans un contexte de succession de l’ancien notable conservateur De Bagneux. A la surprise générale, Emmanuel Le Jean l’emporta face au dauphin désigné de la droite, Bothorel. Sans mandat local, il devint à 54 ans conseiller général, contribuant au basculement du département au profit des socialistes menés par Charles Josselin.

En mars 1977, Emmanuel Le Jean conduisait la liste d’union de la gauche à Quintin, dont il fut le seul élu. En mars 1982, il l’emporta dès le premier tour lors du renouvellement des cantonales. L’année suivante, il réussit à faire entrer 2 de ses colistiers au conseil municipal. En octobre 1988, cette figure charismatique de la gauche non-communiste était à nouveau facilement réélu dès le premier tour. En 1989, Emmanuel Le Jean était élu avec 6 de ses collègues aux municipales. En 1994, il l’emporta face à Marc Le Fur, ancien sous-préfet et futur député de droite de Loudéac. En 1995, la mairie resta aux mains des conservateurs, même si la gauche progressa de façon sensible avec 11 élus.

Malade, il se retira à 79 ans de la vie politique locale. Les cantonales de mars 2001 furent l’occasion d’une forte division à gauche, avec 3 candidatures : le chanteur breton François Budet (conseiller municipal de La Plaine Haute, investi par le PS, qui obtint 16.57 % des voix), sa femme Michelle Le Jean (18.95 % des voix) et le maire communiste du Foeil Loïc Le Noane (18.15 % des voix). En dépit d’un total théorique de 500 voix de retard à l’issue du premier tour, Marc Le Fur l’emporta nettement au second tour, avec 55.85 % des suffrages exprimés. Michelle Le Jean conduisit d’ailleurs en parallèle la liste des municipales.

En mars 2008, la référence à Emmanuel Le Jean était très présente dans la campagne de la liste de gauche (sur laquelle figurait la femme de son neveu), menée par l’enseignant Yves Briens, qui fit basculer Quintin à gauche pour la première fois depuis 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136558, notice LE JEAN Emmanuel, Louis par François Prigent, version mise en ligne le 4 avril 2011, dernière modification le 5 avril 2022.

Par François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. des Côtes d’Armor. — Arch. Fédérales du PS des Côtes d’Armor. — Liste des adhérents du PSU en 1965, transmis par Christian Bougeard et Gilles Morin. — Le Combat Social puis Le Combat Hebdo]. — Entretiens avec Sylvie Le Jean (sa fille), Michel Querrien (maire PS de Cohiniac) et Charles Josselin. — François Prigent, « Les réseaux socialistes PSU en Bretagne (1959-1981) : milieux partisans, passerelles vers le PS, rôle des chrétiens de gauche », in Tudi Kernalegenn, François Prigent et alii, Le PSU vu d’en bas. Un parti dans les régions : réseaux sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années 50 - années 80), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009.

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