LE HYARIC Roger. Commandant Pierre

Par Alain Prigent

Né le 19 février 1920 à Lanester (Morbihan), mort le 21 décembre 2010 à Lorient (Morbihan) ; dessinateur ; responsable inter-régional des FTP en Bretagne, adjoint divisionnaire FFI pour la Bretagne ; secrétaire de la fédération du PCF du Morbihan (1953-1962) ; adjoint au maire de Lorient (1952-1953) puis conseiller municipal (1953-1959).

Roger Le Hyaric en décembre 1951
Roger Le Hyaric en décembre 1951

Son père était un cheminot de tradition républicaine. Très bon élève, il dut cependant à quinze ans abandonner ses études à l’école primaire supérieure. Il entra alors à l’arsenal de Lorient où il fut d’abord charpentier, puis dessinateur. Il participa à sa première grève le 30 novembre 1938, dans un climat répressif extrêmement fort, subissant sa première sanction. À dix-neuf ans, il s’engagea dans l’armée à la déclaration de guerre. Refusé dans l’armée de l’Air, ne possédant pas le baccalauréat, il rejoignit le 8e régiment du génie à Angers le 18 octobre 1939. Admis à l’École militaire d’application du génie (EMAG), il suivit la formation des futurs officiers de réserve à Versailles en février 1940. Alors que début juin 1940, l’EMAG se repliait à Saint-Sulpice-sur- l’Agout (Tarn), quelques jours plus tard, le 16 juin, Roger Le Hyaric participa à la mutinerie qui éclata au sein de l’École contre les officiers incompétents.

Caporal-chef de l’artillerie BOA au 4e groupement du génie, il fut démobilisé le 28 septembre 1940 à Lyon. Il reprit son emploi à l’arsenal de Lorient le 13 octobre 1940. Il forma avec d’autres jeunes ouvriers de l’arsenal un premier groupe de résistance. Il fut congédié par mesure disciplinaire le 15 septembre 1941 avec Jean Branchoux* et Marcel Le Goff*. Echappant à l’arrestation, il rejoignit les FTPF, adhérent au parti communiste clandestin en 1943. Chef d’un petit groupe de combattants, il fut commandant de la première compagnie Lanquetil, puis dirigeant départemental, ensuite régional et enfin interrégional. Il devint dans la dernière phase de la guerre, « subdivisionnaire » adjoint de tous les FFI de Bretagne et Inter FTPF de la région Ouest. En septembre 1944, il fut chef de l’EM de la subdivision du Morbihan et du Front de Lorient.
Intégré dans l’armée comme lieutenant de la 1ère Armée, il participa à la campagne d’Allemagne en 1945 puis servit en Algérie comme officier en 1947 et 1948. Jugeant sa « position intenable, muté continuellement, sujet à toutes les brimades, expédié loin de France, bon pour l’Indochine ou la prison, » il préféra démissionner. Il fut démobilisé en février 1949. A son retour à la vie civile, marié, père de deux enfants en bas âge, il fut intégré au CDLP (Centre de diffusion du livre et de la presse) de mars à juin 1949 puis devint responsable politique et commercial pour le Morbihan du journal des fédérations communistes de l’Ouest de la France Ouest-matin.
Au terme d’un conflit entre Julien Le Pan (maire depuis 1946) et Jean Le Coutaller (député depuis 1945) sur l’orientation de la SFIO, le PCF réussit à emporter la mairie de Lorient lors d’une élection partielle en 1951 avec Charles Le Samedy*, ancien secrétaire fédéral adjoint des JS en 1938. Roger Le Hyaric fut alors élu premier adjoint au maire de la ville. Louis Moysan*, Emmanuel Gicquel*, Louis Philippe* et Pierre Cusin (PS unitaire) complétaient le bureau municipal. La nouvelle municipalité communiste n’eut guère le temps de développer ses objectifs sociaux. Lors du renouvellement de mars 1953, le puissant groupe municipal du PCF (13 élus sur 33 conseillers municipaux dont Roger Le Hyaric) fut relégué dans l’opposition à la municipalité de Troisième Force dirigée par Jean Le Coutaller (7 élus SFIO). Dans le même temps la fédération du PCF du Morbihan connut une profonde crise. Roger Rio*, secrétaire fédéral, fut écarté en 1952. Roger Le Hyaric lui succéda au secrétariat fédéral en février 1953, poste qu’il occupa jusqu’à la conférence départementale de juillet 1962. Il contribua à la marginalisation du député Louis Guiguen. Il fut alors remplacé par Armand Guillemot*.
Une telle restructuration fut de toute évidence le signe d’une défiance vis-à-vis de Le Hyaric qui demeura cependant permanent de la fédération, assumant dans le même temps la présidence départementale du mouvement des locataires. Après avoir suivi l’école centrale de formation de quatre mois, il devint en 1962 « collaborateur » du comité central, intégrant le comité fédéral en juillet 1962 jusqu’en mai 1968. Membre du comité directeur des anciens combattants et résistants, il recentra désormais son activité sur l’écriture de la mémoire de la Résistance communiste dans le Morbihan.

Il réapparut politiquement au niveau départemental le temps d’une cantonale partielle. Candidat de la section du PCF de Baud, il obtint le 18 novembre 1979 17 % des suffrages exprimés progressant de 2,4 % par rapport aux cantonales de 1976.

Resté fidèle au PCF, il participait en 2007 au comité de soutien de Marie-George Buffet. En 2010, quelques mois avant sa mort, il soutint la campagne de Gérard Perron*, maire d’Hennebont, tête de liste du Front de gauche, en dissidence avec les fédérations bretonnes du PCF.

Jean Maurice, ancien maire de Lanester, prononça son éloge funèbre lors de ses obsèques civiles à Lorient. L’inhumation eut lieu au cimetière de Saint-Barthélémy (Morbihan).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136560, notice LE HYARIC Roger. Commandant Pierre par Alain Prigent, version mise en ligne le 4 avril 2011, dernière modification le 20 février 2017.

Par Alain Prigent

Roger Le Hyaric en décembre 1951
Roger Le Hyaric en décembre 1951
Jacques Duclos avec le conseil municipal de Lorient en décembre 1951
Jacques Duclos avec le conseil municipal de Lorient en décembre 1951
Roger Le Hyaric est debout, le troisième à partir de la gauche. Au premier plan, Louis Guiguen, député, Jacques Duclos et Charles Le Samedy.

ŒUVRE : Roger Le Hyaric, Les patriotes de Bretagne, Éditions sociales, 1966. — Roger Le Hyaric, Maquisards !, Chez l’auteur, 1996. — Roger Le Hyaric, Les FTP De Bretagne. Maquisards, Terroristes, Patriotes Ou Bandits ?
Chez l’auteur, 2000.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. Notes de Paul Boulland et de Claude Pennetier (dossier individuel). — Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne. — Les réunions du CC du PCF. État des sources et des instruments de travail,, tomes 3 et 4, archives départementales de Seine-Saint-Denis, 2010. — Marcel Piriou, Quai des humbles, Éditions VO, 2001.

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