MANOURY Edmond

Par Gilles Vergnon

Né le 16 février 1899 à Crest (Drôme), mort le 8 août 1970 à Valréas (Vaucluse) ; ouvrier à la Boulonnerie calibrée de Valence, puis à la Cartoucherie nationale de Bourg-lès-Valence (Drôme) ; syndicaliste et militant socialiste ; conseiller municipal de Bourg-lès-Valence de 1945 à 1970 ; secrétaire de l’UD Force ouvrière de la Drôme de 1957 à 1960, puis de l’UD interdépartementale Drôme-Ardèche de 1960 à 1966.

Issu d’un milieu modeste (son père, Alphonse-Alexandre Manoury était électricien et sa mère, née Jeanne-Marie Francou, sans profession), Edmond Manoury travailla très tôt et entra en 1921, après son service militaire, à la Boulonnerie calibrée de Valence, une des principales entreprises de l’agglomération. Syndiqué à la CGT, il joua un rôle actif dans les grèves de 1936. En 1938, il entra à la Cartoucherie nationale de Bourg-lès-Valence, qui travailla pour la Défense nationale. Licencié en juin 1940, il fut finalement réintégré en 1942, restant dans l’entreprise jusqu’à sa retraite, en janvier 1959. Participant actif à la Résistance, Edmond Manoury siégea au Comité de libération de Bourg-lès-Valence, puis dans le premier conseil municipal institué par le préfet en septembre 1944.

Élu en 1945 sur la liste socialiste conduite par Jean-Louis Vacher*, il fut conseiller municipal de Bourg-lès-Valence jusqu’à son décès en 1970, exerçant les fonctions de deuxième adjoint de 1965 à 1970, dans l’équipe municipale conduite alors par Gérard Gaud*.

Élu par le congrès du 17 novembre 1945 au bureau de la fédération SFIO de la Drôme comme chargé des « groupes d‘entreprises », puis secrétaire à l’organisation en 1949, il participa sans interruption à la direction fédérale jusqu’aux années soixante. Il intervint vigoureusement au congrès fédéral du 7 septembre 1958 pour appeler au vote « Oui » au référendum, justifiant sa position par le fait que « les travailleurs en avaient “marre” de cette pagaïe » et que, si le « Non » l’emportait, « nous sommes sûrs d’avoir une dictature communiste ».

« L’un des rares ouvriers de la SFIO » comme le soulignent les Renseignements généraux, il fut aussi candidat sur la liste socialiste à l’occasion des élections législatives partielles de mars 1947.

C’est cependant sur le terrain du syndicalisme qu’Edmond Manoury déploya sa plus grande activité. Participant, avec Charles Jullian, à la création de Force ouvrière dans la Drôme, il fut membre de la commission d’organisation du congrès constitutif de l’UD-FO Drôme-Ardèche, le 26 juin 1948. Le 24 novembre 1957, le congrès de Valence l’élit secrétaire de l’UD-FO de la Drôme, en remplacement du cheminot Martial Richard, nommé à Béziers. Ses efforts de reconstitution d’une structure syndicale unique pour la Drôme et l’Ardèche aboutirent au congrès de La Voulte, le 28 février 1960 qui le nomma secrétaire inter-départemental Drôme-Ardèche. Edmond Manoury forma aussi une génération de cadres syndicaux, « l’équipe Manoury », qui anima localement Force ouvrière jusqu’en 1976. En octobre 1966, sa santé défaillante, il laissa la place à Paul Manson .

Syndicaliste et socialiste, Edmond Manoury, qui privilégia après 1948 la seconde facette de son engagement, fut représentatif de cette génération de militants socialistes marqués par la guerre froide et la scission syndicale.

Edmond Manoury était titulaire de la croix de combattant volontaire de la Résistance. Une avenue de Bourg-lès-Valence porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136567, notice MANOURY Edmond par Gilles Vergnon, version mise en ligne le 5 avril 2011, dernière modification le 27 avril 2013.

Par Gilles Vergnon

SOURCES : Arch. mun. Bourg-lès-Valence. — Archives de la fédération de la Drôme du PS. — Antonio Amaniera, Les racines de la passion, Union interdépartementale FO Drôme-Ardèche, Valence, 1997. — État civil de Crest.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable