JULIEN Jean, Louis

Par Georges-Michel Thomas, François Prigent

Né le 3 février 1874 à Plonéour-Lanvern (Finistère), mort le 25 novembre 1957 à Brest (Finistère) ; instituteur puis directeur d’école ; conseiller municipal SFIO de Saint-Pierre-Quilbignon (1912-1925) ; conseiller d’arrondissement SFIO (1925-1934) de Brest ; conseiller municipal SFIO (1935-1941) puis adjoint (1945-1947) de Brest ; conseiller général SFIO (1934-1949) de Brest 3 ; militant laïque et coopérateur ; résistant Libération-Nord ; franc-maçon.

Fils d’un cantonnier, Jean Julien, entré à l’École normale d’instituteurs de Quimper en 1890, fut successivement instituteur à Quimper et à Landerneau. À partir de 1902, il était directeur d’école à Brest-Recouvrance, jusqu’à son départ en retraite. Il se maria le 13 octobre 1897 à Quimperlé.

Il fut un des premiers sociétaires de la coopérative L’Espérance fondée en 1911 par un groupe de fonctionnaires, lorsque cette société décida en juin 1912 d’admettre des membres non fonctionnaires. Il en fut par la suite administrateur.

En mai 1912, il fut élu conseiller municipal dans la majorité socialiste de Saint-Pierre-Quilbignon, faisant voter la gratuité des fournitures scolaires dans les écoles publiques de la commune et la création d’une cantine. De même, il fonda la société de bienfaisance des écoles publiques.

Déjà candidat en 1913, il fut élu conseiller d’arrondissement de Brest 3 en 1919, tout comme Marcel Le Guell dans le canton de Brest 2. Sans adversaire, il fut élu conseiller d’arrondissement en 1925, en compagnie de Michel Hervé (maire de Lambézellec) à Brest 2. Les rapports préfectoraux signalaient qu’il était « très pondéré, positionné à la droite du parti ». Franc-maçon, il fut initié le 24 juin 1923 à la loge des Amis de Sully (Grand Orient de France), avant de devenir compagnon (24 mars 1924) puis maître (25 janvier 1925). Il était premier surveillant (1929-1931) puis orateur (1931-1939) de la loge brestoise, dont le vénérable était alors Ernest Hervagault, un des leaders de la SFIO. En 1948, il participa à la refondation de la loge brestoise, obtenant l’honorariat en 1956.

Lors du renouvellement cantonal de 1928, le député Hippolyte Masson* s’imposa en interne face à Jean Julien, ce qui entraîna des turbulences dans la section de Saint-Pierre-de-Quilbignon, empêchant la SFIO de reprendre à Victor Euzen la mairie tenue par les socialistes dès 1912. Très implanté dans les filières laïques locales, Jean Julien devint président du Comité de Défense Laïque en 1929.

Dans un contexte militant tendu à Brest en raison de l’affaire Émile Goude, Jean Julien prit le relais de Hippolyte Masson (conseiller général depuis 1910) dans le canton de Brest 3 en octobre 1934. Il l’emporta avec 1893 voix, contre 1758 voix pour Victor Euzen. La SFIO comptait alors 2 élus seulement (Tanguy Prigent), plus un socialiste indépendant, Charles Bougot. Secrétaire du conseil général, il fut très actif dans les réseaux socialistes du conseil général, le groupe s’étant étoffé au renouvellement de 1937 (5 élus : Tanguy Prigent, Guy Le Normand, [Emile Le Roux-<227849] et Pierre Blanchard). En novembre 1938, il ne fut pas reconduit comme secrétaire de l’assemblée départementale. En 1939, il devint président de la FOL au plan départemental, prenant la suite de Louis Le Quinquis.

En 1935, il fut élu conseiller municipal, implanté dans le quartier brestois de Saint-Pierre-Quilbignon. Suspendu en 1941, son attitude était considérée comme « nettement résistante sous l’Occupation » selon le préfet, au sein du mouvement Libération-Nord, mené dans le Finistère par Tanguy Prigent. Il dut faire face à une sévère répression à la fois antimaçonnique et antisocialiste.

À la Libération il fit partie de la délégation spéciale installée le 24 octobre 1944 pour le Grand Brest. Aux élections suivantes, il entra à la proportionnelle au conseil municipal et devint adjoint au maire. Il figurait avec Guillaume Messager* parmi les principaux dirigeants de la section SFIO de Brest, qui devait faire face à une forte concurrence du PCF.

Réélu au conseil général en octobre 1945, il avait obtenu 1 860 voix (39.1 % des voix), profitant du report des voix de Renée Riou, la candidate communiste (15.3 % des voix), le candidat MRP et leader de la CFTC, [Michel Floch-23951] ayant obtenu 45.5 % des voix au 1er tour. Il fut désigné président de la commission des Travaux publics. La SFIO avait enregistré une poussée lors de ces élections, avec 7 élus ([Hippolyte Masson-120940], Tanguy Prigent, [Armand Prigent-<76432], Jean-Louis Rolland, [Pierre Postollec-<151003], plus François Manach* élu dans une partielle en 1946). A 71 ans, il incarnait le vieillissement de la SFIO brestoise (Guillaume Messager avait perdu le canton de Brest 1 au profit du MRP Albert Jaouen), son profil étant nettement plus âgé que la moyenne des conseillers généraux du Finistère (50 ans).

Au renouvellement de 1949, la gauche se présentait tout comme la droite, très divisée avec Jean Julien (SFIO), Jean Pouliquen (dissident socialiste) et Henri Menez PCF, en position d’être élu selon un rapport d’être RG. Obtenant 1 107 voix sur 6 236 suffrages exprimés (17.8 % des voix), il ne se maintint pas au second tour, mais le maire RPF de Brest, Alfred Chupin, l’emporta et fut élu conseiller général dans un contexte de reflux global de la gauche et de divisions entre SFIO/PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136696, notice JULIEN Jean, Louis par Georges-Michel Thomas, François Prigent, version mise en ligne le 9 avril 2011, dernière modification le 11 juin 2021.

Par Georges-Michel Thomas, François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. Finistère, 3 M 413 ; 31 W 412. – Arch. Fédérales du PS du Finistère. – Archives de l’OURS, dossiers Finistère. – Arch. du Grand Orient de France, loge des Amis de Sully, boîte 1929-1939. – Institut François Mitterrand, dossiers CIR. — Arch. Mun. Saint-Pierre-Quilbignon et Arch. Mun. de Brest (État civil et élections). — Fonds d’archives J. Gaumont-G. Prache. — Le Breton Socialiste. — Virginie Quintin, Elus municipaux et cantonaux dans l’arrondissement de Brest (1934-1951), maîtrise, UBO, 1999 – Pierre Brigant, La fédération SFIO du Finistère (1905-1969), thèse, Rennes 2, 1999. — Marc Guivarch, Les élections à Brest (1945-1959), maîtrise, UBO, 1993. — Jean-Yves Guengant, Brest et la franc-maçonnerie. Les Amis de Sully des origines à nos jours, Éditions Armeline, Brest, 2008. — Le Télégramme de Brest, 28 novembre 1957 — Le Coopérateur de France, édition du Finistère, 21 décembre 1957. — Notes de Jacques Girault et de Jean-Yves Guengant.

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