Par Pierre Schill
Né le 21 juillet 1914 à Moyeuvre-Petite (Lorraine annexée à l’Allemagne), mort le 15 décembre 1967 à Metz (Moselle) ; employé aux usines de Wendel de Moyeuvre-Grande (Moselle), journaliste puis employé dans un centre d’accueil de travailleurs immigrés, diplômé de la faculté dentaire de Nancy ; militant CGT de la métallurgie, résistant au sein du groupe « Mario » (FTP) puis FFI ; secrétaire politique de la fédération communiste de la Moselle à la Libération.
Robert Kaufmann suivit des études jusqu’à l’âge de seize ans et fut embauché aux usines de Wendel de Moyeuvre-Grande (Moselle) où son père était contremaître. Militant à la CGT, il participa activement aux grèves du Front populaire ce qui lui valut d’être licencié. Il fut ensuite réembauché dans un autre service et décida de reprendre des études par correspondance. Il se maria en 1937 avec Fernande Mousquet.
À partir de l’été 1941, la Moselle étant annexée au Reich hitlérien, il entra avec son épouse Fernande Kaufmann* dans la Résistance, au sein du groupe « Mario » organisé par l’instituteur communiste Jean Burger*. Robert Kaufmann participa ainsi au début de l’été 1942 au vol de matériel à l’imprimerie Klein de Hagondange qui permit l’impression de tracts à distribuer à l’occasion du 14 juillet 1942. Réquisitionné au laminoir de l’usine métallurgique de Moyeuvre-Grande rebaptisée H. Göring Gewerke, il participa à des actions de déraillement de train et à l’incendie de fermes occupées par des colons allemands le 20 septembre 1943, anniversaire de la bataille de Valmy. Le groupe « Mario » démantelé, il rejoignit jusqu’à la fin de l’année 1944 le groupe FFI Krieger, alias Grégor. Son plus jeune frère fut arrêté par la police allemande et déporté dans différents camps pour mourir du typhus à Dachau.
Ses états de service lui valurent d’être nommé maire de Moyeuvre-Petite à la Libération. Il était alors journaliste au Patriote mosellan, l’organe de la fédération communiste de la Moselle. Il y resta jusqu’à la naissance de sa fille à la fin 1946 quand il décida de travailler dans un centre d’accueil de travailleurs immigrés.
Candidat sur la liste communiste aux élections législatives du 2 juin 1946, il fut l’un des artisans de la promotion de la jeune génération de militants qui s’étaient, comme lui-même, illustrés dans la Résistance. Cela revint à écarté de la liste communiste des militants charismatiques d’avant-guerre comme Adrien Scholer* qu’il remplaça en troisième position sur la liste. La liste toujours menée par Pierre Muller*, député sortant, totalisa 50 657 voix sur 256 736 suffrages exprimés (19,7 %) pour 328 315 électeurs inscrits et n’obtint qu’un seul élu.
À la conférence fédérale des 19 et 20 février 1949 à Hagondange le bureau fédéral dont il était membre ne fut pas renouvelé. Il était alors gérant de l’hebdomadaire communiste Le Patriote mosellan, dont il possédait un cinquième des parts du capital de la SARL « Le patriote mosellan » créée en avril 1950.
Ayant repris ses études, Robert Kaufmann fut diplômé de la faculté de médecine de Nancy en 1955. Il ouvrit un cabinet dentaire dans le quartier populaire de la Patrotte à Metz et s’installa en 1958 avec sa famille à Saint-Julien-lès-Metz. Il fut très actif au sein du Syndicat dentaire de la Moselle.
Mort d’une crise cardiaque à l’âge de cinquante-trois ans, ses obsèques rassemblèrent une foule nombreuse dans laquelle furent notamment remarqués le député-maire communiste de Moyeuvre-Grande César Depietri* et le Dr Léon Burger* président de la FNDIRP en Moselle et frère de Jean Burger*.
Par Pierre Schill
SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 151 W 823. — Arch. familiales. — Renseignements fournis par Fernande Kaufmann, son épouse. — E.L. Baudon, Les élections en Moselle, 1919-1956, Metz, 1956, 94 p. — Léon Burger, Le Groupe « Mario », une page de la Résistance Lorraine, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1965, 194p. — Gérard Diwo, Les formations politiques en Moselle (21 octobre 1945-17 juin 1951), thèse de doctorat d’histoire sous la direction d’Alfred Wahl, Université de Metz, 1992, 2 tomes, 423 et 157 p. — Pierre Schill, « Antifascisme et résistance ouvrière organisés autour de la CGT et du Parti communiste en Moselle annexée (1940-1945) : entre histoire et mémoire », p. 173 à 187, dans Sylvain Schirmann (dir.), Annexion et nazification en Europe, Université de Metz-AMAM, 2003. [http://www.memorial-alsace-moselle.com/f/fiches/colloque_metz/MEMORIAL_COLLOQUE_basse_reso.pdf]