KIRN Richard

Par Pierre Schill

Né le 23 octobre 1902 à Schiffweiler (Sarre, Allemagne), mort le 4 avril 1988 à Völklingen (Sarre, Allemagne) ; mineur en Sarre puis aux Houillères de Petite-Rosselle (Moselle) ; secrétaire du syndicat des mineurs sarrois et responsable de la propagande pour la circonscription de Sulzbach (Sarre) du Parti social-démocrate allemand (SPD) ; secrétaire adjoint du Syndicat CGT des ouvriers mineurs de la Moselle ; député au Parlement de la Sarre élu en 1947 ; ministre du Travail et des affaires sociales et vice-premier ministre de la Sarre.

Secrétaire du syndicat des mineurs sarrois, Richard Kirn était aussi responsable de la propagande pour la circonscription de Sulzbach (Sarre) du SPD, parti social-démocrate auquel il avait adhéré en 1923. Il s’exila dans le bassin houiller mosellan après le référendum de 1935 rattachant la Sarre à l’Allemagne nazie. Il poursuivit ses activités syndicales en présidant la section des mineurs frontaliers.

Le 8 décembre 1935 au congrès de Merlebach (Moselle), les syndicats unitaires et cégétistes des ouvriers mineurs de Moselle fusionnèrent pour donner naissance au Syndicat des ouvriers mineurs de Lorraine. Alphonse Rieth* fut élu secrétaire général du syndicat et Richard Kirn, issu des rangs de la CGT, fut élu, comme Marcel Kirsch*, secrétaire adjoint. Il avait la responsabilité, avec le communiste Wilhelm Frisch*, de représenter les nombreux mineurs sarrois exilés en Moselle depuis 1935.

Militant actif, il figurait sur la « liste noire » de la direction des Houillères de Petite-Rosselle qui avait recensé 223 mineurs de la CGT et de la CGTU particulièrement « actifs ». Richard Kirn anima les grèves du Front populaire dans le bassin houiller lorrain. Il dut gérer de fortes tensions avec les militants issus de la CGTU, notamment Marcel Kirsch*, qui souhaitaient que le mouvement de grève prenne une tournure plus radicale.

Son nom figurait dans le compte rendu d’interrogatoire d’Alphonse Rieth* arrêté par la Gestapo en octobre 1940. Le secrétaire général du Syndicat confédéré des mineurs de Moselle y décrivait dans le détail les structures de la CGT mosellane et donnait des informations sur les socialistes et communistes sarrois exilés en Moselle qui furent pour la plupart d’entre eux arrêtés par la Gestapo.

Richard Kirn quant à lui fut arrêté le 22 septembre 1941 par les autorités françaises, peut-être dans le sud de la France où il avait tenté de se réfugier. Remis aux nazis, il fut enfermé dans la prison de la Gestapo à Sarrebruck (Sarre). Il fut condamné le 12 avril 1943 par un tribunal de Berlin à huit ans de prison et libéré de sa prison du Brandebourg par l’Armée Rouge à la fin du mois d’avril 1945.

Richard Kirn retourna en Sarre (Allemagne) au lendemain de la guerre et fut élu en octobre 1947 député au parlement de la Sarre. Il fut ensuite nommé ministre du travail et des affaires sociales lorsque Johannes Hoffmann était ministre-président socialiste (1947-1955) d’une région devenue un État doté de sa souveraineté propre, en vertu de la constitution adoptée par le Parlement élu en octobre 1947. L’indépendance du territoire étant reconnue par de nombreuses instances internationales, Johannes Hoffmann et Richard Kirn cherchèrent à consolider cette position d’espace intermédiaire entre la France et l’Allemagne. Richard Kirn s’impliqua dans les discussions au cours de l’année 1954 qui devaient décider de l’avenir d’un territoire sous tutelle économique et militaire française mais pour lequel les dirigeants allemands réclamaient la fin du statut spécial et une intégration complète au sein de la jeune RFA.

Finalement les accords de Paris (23 octobre 1954) prévoient de doter la Sarre d’un « statut européen » dans le cadre de l’Union de l’Europe occidentale. La perspective d’une future nation fédérée européenne est toutefois rejetée (par 67,7 % des voix) par les Sarrois consultés par référendum le 23 octobre 1955. Les Accords de Luxembourg signés par la France et la RFA le 27 octobre 1956 entérinent le rattachement politique de la Sarre à l’Allemagne pour le 1er janvier 1957.

Suite à ces événements, Richard Kirn décida de s’installer une nouvelle fois en « exil » en Moselle, à Sarreguemines, cité de la faïence située du côté français du cours de la Sarre. Il resta un observateur attentif de la vie politique de sa région natale et obtint finalement en 1986, au lendemain de l’élection du socialiste Oskar Lafontaine comme ministre-président du Land de Sarre, la distinction honorifique du « Mérite de la Sarre ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136705, notice KIRN Richard par Pierre Schill, version mise en ligne le 10 avril 2011, dernière modification le 8 septembre 2011.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. des HBL : Vt233-B128 ; Vt323-B10, B12 et B20. — Arch. du Syndicat régional des mineurs CGT de Merlebach (Moselle) : Der Kumpel, 17 novembre 1954. — Klaus-Michael Mallmann, Gerhard Paul, Das zersplitterte Nein : Saarländer gegen Hitler, Dietz, Bonn, 1989. — Luitwin Bies, Gestapo contra CGT Lothringen. Die Auskünfte des Alphonse Rieth von 1940, Saarbrücken, VVN-Bund der Antifaschisten, Landesverband Saar, 2000, 27 p. – Pierre Schill, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, Éditions Serpenoise, 2006.

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