LAIGNEL André, René, Charles

Par Gilles Morin

Né le 4 décembre 1942 à Paris (XIVe arr.) ; assistant à la faculté de droit de Paris I ; militant socialiste de l’Indre ; maire d’Issoudun (1977-2006) ; conseiller général d’Issoudun-Sud (1976-1995) ; président du conseil général (1979-1985) ; conseiller régional du Centre ; député (1981-1988) ; député européen (1994-1999 ; 2004-2006) ; secrétaire de la fédération de l’Indre du Parti socialiste (1975-1977) ; membre des directions nationales de la CIR (1969-1971), puis du Parti socialiste (1973-2004) ; secrétaire d’État à la Formation professionnelle (1988-1991), secrétaire d’État à l’Aménagement du territoire (1992-1993) ; secrétaire général de l’Association des maires de France (2001-2011).

Issu d’une famille d’ouvriers, son père était balayeur et sa mère cartonnière, André Laignel a commencé à travailler à quatorze ans et n’a repris ses études qu’à vingt ans, pendant son service militaire. Il passa une capacité en droit, puis une licence, obtint un DES en droit et un autre en sciences politiques et enfin un doctorat d’État en droit. Il exerça alors comme assistant à la faculté de droit de Paris I jusqu’en 1981.

André Laignel, issu d’une famille communiste, a milité au PCF avant d’adhérer en 1965 à la Convention des institutions républicaines de François Mitterrand, alors qu’il était étudiant en droit. Étant arrivé dans l’Indre, comme directeur de campagne de Charles Hernu* pour les législatives de 1968, après l’échec remarquable de celui-ci, il participa à la réunion des adhérents de la CIR de l’Indre le 28 septembre 1968, qui le désigna au secrétariat fédéral. En février 1969, appartenant toujours au bureau fédéral, il était chargé de la circonscription Issoudun-La Châtre. Il intégra le groupe permanent de la CIR en décembre 1970.

André Laignel devint rapidement l’un des principaux animateurs de la fédération socialiste de l’Indre après le congrès d’Épinay et était désigné comme premier secrétaire de la fédération, après le congrès de Pau en 1975.

Dans le même temps, il se taillait un fief local, participant à sa place à la progression électorale socialiste dans des départements où l’ancien mouvement socialiste était très affaibli. Élu conseiller municipal en 1971, il conquit la mairie d’Issoudun en 1977. Il devait par la suite présider la communauté de communes du pays d’Issoudun (CCPI) à partir de sa création en 1994.

André Laignel accéda à un niveau départemental en étant élu conseiller général du canton d’Issoudun-Sud. Candidat malheureux en 1970, il battit le sortant Julien Saint-Paul en 1976 et siégea jusqu’au renouvellement de 2004. Il siégeait en 1978 à la commission départementale et à la commission des Finances et était rapporteur de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée départementale. L’année suivante, il était désigné président du conseil général de l’Indre – devenant, à cette occasion, le plus jeune président de conseil général de France –, fonction qu’il occupa jusqu’en 1985. Il fut désigné comme secrétaire général adjoint des présidents de conseils généraux de France. Enfin, en 1979, il fut désigné comme conseiller régional de la Région centre.

André Laignel joua un rôle de plus en plus important dans le parti socialiste au plan national. Signataire de la motion Mitterrand pour le congrès de Grenoble en 1973, il accéda à la direction nationale du Parti socialiste, siégeant au comité directeur de 1973 à 1975. François Mitterrand le désigna comme délégué général aux organismes associés du Parti socialiste en 1975, puis délégué général aux structures régionales en 1976-1979, enfin comme délégué général à la décentralisation en 1979-1981.

Après la victoire de la gauche en mai 1981, André Laignel, qui avait sans succès été candidat aux élections législatives de 1973 et 1978, fut élu député de l’Indre. Son rôle dans le PS était particulièrement important puisqu’il fut, à partir du congrès de Valence, secrétaire national chargé de la Trésorerie dans les années 1981 à 1990. De plus, il fut directeur de la campagne des élections législatives de 1986 pour le PS. Proche de Pierre Joxe, il incarnait la ligne mitterrandiste dans le parti.

Laignel, politiquement situé à la gauche du PS et militant laïc convaincu, joua un rôle que l’on s’accorde à juger majeur, dans la bataille autour du projet de réforme de l’éducation d’Alain Savary. Président de la commission spéciale de l’Assemblée nationale chargée d’étudier le projet de loi sur l’enseignement privé, il s’opposa au financement des écoles privées par les communes, ce qui conduisit à l’échec du projet et à la démission d’Alain Savary, puis du gouvernement Pierre Mauroy. Il devait y gagner une audience nationale, mais aussi une image de sectarisme imméritée. Sa fermeté politique lui valaient alors les surnoms de « Joxe terrier » rappelait Libération en mai 1988. Sa petite taille, et son temparament, lui valait aussi le surnom de « Napoléon d’Issoudun ».

Reconduit à la députation en 1986 et 1988, il entra dans les divers gouvernements de gauche de 1988 à 1993. Il fut tout d’abord secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires sociales et de l’Emploi, chargé de la formation professionnelle, dans le premier gouvernement Michel Rocard (du 13 mai au 28 juin 1988), puis secrétaire d’État auprès du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, chargé de la formation professionnelle, dans le second gouvernement Rocard (du 28 juin 1988 au 17 mai 1991). Il fut à l’origine de la mise en place d’un crédit-formation et réforma l’ANPE. Puis il a été secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire, chargé de la ville et de l’aménagement du territoire, dans le gouvernement Édith Cresson (du 17 mai 1991 au 4 avril 1992), secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de l’aménagement du territoire, dans le gouvernement Pierre Bérégovoy (du 4 avril au 26 décembre 1992), enfin secrétaire d’État auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur, chargé de l’aménagement du territoire, dans le gouvernement Pierre Bérégovoy (du 26 décembre 1992 au 30 mars 1993).

André Laignel, qui avait déjà perdu la présidence du conseil général en 1985, subit l’effondrement de la gauche aux élections législatives de 1993 et il perdit son siège de député. Mais, il fut réélu conseiller général dès l’année suivante et maire en 1995 et retrouva un siège de parlementaire en étant élue sur la liste conduite par Michel Rocard* aux élections Européennes en 1994-1999.

Ces années furent pourtant plus difficiles. Il eut des difficultés judiciaires à l’époque de l’affaire URBA, comme ancien trésorier national du PS jusqu’en 1997. Il fut reconnu qu’il n’avait pas eu d’enrichissement personnel dans l’affaire et il avait plaidé d’ailleurs dans ce sens, expliquant que URBA avait un « rôle moral », existant afin d’éviter l’enrichissement personnel. Mais il ne parvint pas à retrouver son siège de député de l’Indre en 1997. Les changements de majorité dans le PS fragilisèrent aussi sa position. Pour le congrès de Rennes, il avait soutenu la motion Jospin-Mauroy et fut écarté de la direction nationale. Michel Rocard reprenant la direction du parti, il devint secrétaire national, chargé de mission auprès du Premier secrétaire, chargé de la campagne européenne après le congrès du Bourget en novembre 1993. La défaite relative de la liste Rocard et la perte de la direction du parti firent qu’il n’appartint pas au nouveau secrétariat national nommé par le conseil national du 17 juin 1994 et ne revint dans l’organisme central du Parti qu’à l’issue du conseil national du 14 juin 1997, lorsque Lionel Jospin s’imposa. Il y fut désigné comme responsable national pour l’emploi et la formation, dans la continuité de son action gouvernementale.

Au congrès de Brest en novembre 1997, Laignel devint secrétaire national chargé de la décentralisation, fonction confirmé à Grenoble en novembre 2000. Dans la nouvelle décennie, il devint spécialiste attitré du PS pour les questions municipales et pour les associations d’élus. Secrétaire général de l’Association des maires de France (AMF) à partir de 2001, et à ce titre membre du comité des finances locales, il présida l’observatoire des finances locales, et, toujours en charge de cette fonction, au début 2011 était vice-président du comité des finances locales. En 2004, il brigua la présidence de l’AMF, exprimant la défiance de nombreux élus locaux face à la décentralisation menée par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, ce qui lui valu de figurer au 2e tour alors que l’AMF était traditionnellement ancrée à droite. En 2008, seul candidat en lice contre le président sortant Jacques Pélissard, il réalisa le meilleur score d’un candidat de gauche à cette fonction (42,69 % des bulletins exprimés).

Secrétaire général de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains, il fut nommé responsable national aux élus au congrès de Dijon en 2003, il ne fut pas reconduit au secrétariat national le 6 décembre 2004. Il fut réélu le 13 juin 2004 au Parlement européen dans la circonscription Massif central-Centre. Il était membre titulaire de la commission de la culture et membre suppléant de la commission du développement régional.

André Laignel a contribué à peser dans la politique intérieure de son parti dans les années 2000. Il fut fondateur du club Renouveau socialiste et de « Rassembler à gauche » animé aussi par Jean-Pierre Balligand, Claude Bartolone, Laurent Fabius, Marie-Noëlle Lienemann, Jean-Luc Mélenchon, Paul Quilès, Laurence Rossignol, Alain Vidalies. Il mena campagne avec Laurent Fabius pour le non au référendum interne du PS du 1er décembre 2004 sur la constitution européenne. Après le congrès de Dijon, il entra dans l’équipe de Martine Aubry, au poste de secrétaire national chargé de l’aménagement du territoire et au développement local et conservait cette fonction en 2011.

Il militait au sein d’Ambition socialiste en 2006.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136710, notice LAIGNEL André, René, Charles par Gilles Morin, version mise en ligne le 11 avril 2011, dernière modification le 9 septembre 2011.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., CAC, 19810440/13 ; 19830172/72 ; 1986021/1 ; 19980414/25. — Arch. F. J. Jaurès, 9EF/1. — Le Poing et la Rose, n° 15, mai 1973. — Le Populaire, Édition du Berry, février 1978. — FNESER, Annuaire des conseillers généraux socialistes, sd. (1979). FNESER, Maires socialistes et républicaines, municipales, mars 1989. — Le Monde dossiers et documents supplément, mars 1986, Les élections législatives du 16 mars 1986. — Encyclopédie périodique, Communes et maires de France, société générale de presse, 1987. — Le Trombinoscope des régions, départements et DOM-TOM, La Gazette du Parlement, tome 2, Paris, 1991. — Le Trombinoscope, le pouvoir politique, volume 1, La Gazette du Parlement, Paris, 1995. — Thierry Pfister, Les socialistes, Albin Michel, 1975.

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