MASLANKIEWICZ Boleslaw dit Bolek

Par Daniel Grason

Né le 7 août 1903 à Debice, voivodie (division administrative) de Lodz (Pologne), mort en décembre 1971 à Varsovie (Pologne) ; mécanicien ; militant syndicaliste et communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant ; commandant de la Milice en Pologne communiste.

Boleslaw Maslankiewicz quitta la Pologne avec son frère et son père dès 1915, celui-ci était membre du parti communiste. Ils travaillèrent en Allemagne jusqu’en 1919. Ils partirent au printemps pour la France, en Lorraine. Boleslaw Maslankiewicz travailla à Pompey (Meurthe-et-Moselle) dans la sidérurgie. En mai 1920, il retourna en Pologne, il n’y resta que huit mois. Revenu en Lorraine, il travailla huit mois aux aciéries de Longwy (Meurthe-et-Moselle) comme conducteur de grue, il eut ses premiers contacts avec le mouvement communiste. Il résidait à Mont-Saint-Martin, une commune limitrophe, il s’y maria en 1925 avec Marianne Bielak, née le 29 novembre 1906, à Balimow (Pologne), un fils Lucien naquit le 2 janvier 1927.

En 1927, la famille s’installa en région parisienne. Ils habitèrent 22, rue Foubert à Gentilly (Seine, Val-de-Marne). Boleslaw Maslankiewicz, mécanicien, travaillait au Grand Moulin de Paris, XIIIe arr. qui comptait plus de cinq cent ouvriers. Il fut membre de l’Association de l’université ouvrière polonaise (TUR), adhéra à la CGTU, puis il fut permanent de l’organisation syndicale chargé d’organiser la main d’œuvre d’origine polonaise. Il parlait Français, polonais, allemand, et russe, et plus tard, l’espagnol. Il lisait l’Humanité, Front rouge et Dziennik Ludowy, (Le Quotidien du Peuple), édité par les communistes polonais. Il adhéra au Parti communiste de France à l’automne 1934, il était en relation avec Joseph Kostecki-Kolosz dit Marcel Dumont, secrétaire et trésorier de la commission centrale des groupes polonais. Il connaissait Kon Wnuk, responsable du travail de masse et Georges Beaugrand, député et maire de Gentilly.

Il participa aux manifestations antifascistes de 1934, à celles du Front populaire. Il eut diverses responsabilités, organiser les jeunes au parti communiste, mener des campagnes contre l’activité de consulat polonais. Il fut au Secours rouge pour organiser la solidarité avec l’Espagne républicaine, de 1936 à son départ en Espagne. Boleslaw Maslankiewicz était de plain-pied dans l’activisme militant. Il fut trois mois secrétaire de la section polonaise, remplaçant Antek Kochanek, partit en Espagne, puis un mois responsable de Radio Sud.

Le 12 novembre 1936, sur la demande du Parti communiste, il partit en camion de Paris pour aller combattre le fascisme en Espagne. Il fut affecté à la XIIIe Brigade internationale Dombrowski, bataillon Tchapaiev, compagnie Mickiewicz simple soldat (très peu de temps), puis adjoint au commissaire de compagnie, adjoint commandant chargé de l’instruction d’un bataillon. Boleslaw Maslankiewicz fut nommé capitaine, commissaire politique. Il combattit avec le bataillon Mickiewicz à Teruel (décembre 1936, janvier 1937), Malaga (janvier 1937), Sierra Nevada (février, mars), Grenade, Cordoba et Brunete (juillet 1937).

Le 7 août 1937, paraissait le premier numéro du bulletin de la compagnie Botvine, Le Combattant de la liberté en yiddish et en espagnol. Boleslaw Maslankiewicz y était interviewé, symbole le bataillon Mickiewicz était composé de polonais et de nombreux juifs. En juillet 1938, il combattit sur le front de l’Ebre, il fut gravement blessé au crâne le 25 juillet. Il fut rapatrié en France avec l’espoir de pouvoir lui sauver l’œil gauche.

« En considération de son travail et des tâches qu’il devait accomplir », Eduardo d’Onofrio dit Edo estima, le 6 juillet 1940 dans ses appréciations sur Boleslaw Maslankiewicz que « sa préparation politique » était « tout de même assez faible ». « Notre commission l’a signalé au parti communiste polonais comme un camarade vaillant pendant le combat ». Il concluait : « Camarade au caractère calme et réfléchi. Modeste, actif. Attaché au parti et de confiance ».

Quand il fut rétabli, Boleslaw Maslankiewicz, effectua du travail pour le parti communiste de France, parmi les internationaux polonais rapatriés d’Espagne. Les polonais étaient partis très nombreux de France, mineurs du Nord et du Pas-de-Calais, sidérurgistes de Lorraine, métallurgistes de la région parisienne.

Dans ses souvenirs Louis Gronowski Brunot raconte, que dès août 1940 : « Sur le conseil de Siwek-Diamant, je me rendis chez Maslankiewick qui vivait à Gennevilliers dans une sorte de cage à lapins. Je lui demandais de réunir quelques camarades sûrs, le jour convenu, il m’en présenta un groupe de cinq – un peu trop par rapport aux consignes reçues. Deux d’entre eux travaillaient sur un terrain d’aviation des Allemands et, avec quelques Italiens. Ils se proposaient d’effectuer des sabotages de matériel. Je les encourageai dans cette pieuse intention tout en recommandant la vigilance. Les Polonais étaient dispersés dans la région parisienne ; on délimita des secteurs dont chacun fut pris en charge par l’un des camarades. Je rencontrai ce groupe encore deux ou trois fois puis une direction à trois fut désignée, et je n’eut plus de contact avec Maslankiewicz ».

Le 27 mai 1942, siégeait la Section spéciale, dix-huit militants communistes dont trois polonais : Franz Sobocki, Kazimierz Szawejko et Boleslaw Maslankiewick devaient comparaître, pour distribution de tracts et papillons communistes en région parisienne. Trois des dix-huit étaient déjà fusillés comme otages, deux au Mont Valérien à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) : Maurice Gunsbourg le 7 mars 1942 et René Sahors, le 31 mars 1942. Franz Sobocki arrêté en novembre 1941, détenu à Lens (Pas-de-Calais), fut fusillé au fort du Vert Galant à Marquette (Nord) le 31 mars 1942.

Franz Sobocki, Kazimierz Szawejko et Boleslaw Maslankiewick étaient membres du comité central du parti communiste clandestin des immigrés polonais de la région parisienne, responsables du triangle de direction des FTP-MOI polonais. Kazimierz Szawejko sera condamné à quinze ans de travaux forcés, il sera déporté « NN » le 28 février 1944, à Mauthausen (Autriche), où il disparaîtra.

Boleslaw Maslankiewick était depuis plusieurs mois dans la région de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) où les travailleurs polonais étaient nombreux. À la fin de 1943, il échappa à une tentative d’arrestation, fut envoyé en Bourgogne. Il participa à l’inter région FTP (Saône-et-Loire, Côte-d’Or, Nièvre), il poursuivit l’organisation du mouvement communiste dans le bassin minier de Montceau-les-Mines chez les femmes avec l’organisation des femmes Maria Konopnicka et avec l’Union de la jeunesse polonaise de France, Grunwald. Il logea chez Katarzyna Witucka, militante du groupe Konopnicka, mère de trois filles. Après la guerre, il l’épousera en Pologne.

Après le débarquement du 6 juin 1944, Boleslaw Maslankiewick forma une unité militaire polonaise, le bataillon Mickiewicz, qui deviendra le 9e bataillon FTP de Saône-et-Loire, il prendra la tête d’un groupe de maquisards soviétiques. Dès la Libération, il sera envoyé par le parti communiste dans le Nord Pas-de-Calais pour y renforcer l’encadrement des groupes FTP polonais. Il retrouvera Boleslaw Jelen, ex-Brigadiste, commandant du bataillon Mickiewicz. En décembre 1944, près de deux mille cinq cents polonais s’engagèrent dans l’armée française.

En janvier 1945, ils furent intégrés par le général de Lattre de Tassigny dans la première armée française Rhin et Danube, 201e régiment de pionniers nord-africains. Les polonais furent organisés en deux unités, 19e et 29e groupement polonais chacun était composé de deux cent quatre-vingt-dix hommes. Ils étaient placés sous le commandement des colonels Thévenot et Huret, ainsi que des commandants Boleslaw Maslanskiewicz, Gherard et Boleslaw Jelen.

Fin janvier 1945, ils prirent part aux combats sur le Rhin et à la libération de Colmar. Ils restèrent en Allemagne occupée jusqu’à la jusqu’en octobre 1945. Ils partirent alors avec l’autorisation des autorités militaires françaises et alliées, en Pologne en novembre 1945, en uniformes, en armes, avec leur étendard aux couleurs françaises et polonaises. Le 18, ils défilèrent dans Varsovie en ruines, en présence du corps diplomatique de la mission militaire française, d’une foule très nombreuse. Au cours d’une prise d’armes, en présence de Boleslaw Bierut, Chef du gouvernement provisoire de la République polonaise, le maréchal polonais Michal Rola-Zymierski, passa en revue les 19e et 29e groupements d’infanterie polonaise. Ceux-ci décidèrent le jour même leur auto-dissolution. Certains militaires décidèrent de rentrer en France, d’autres restèrent en Pologne.

Boleslaw Maslankiewick fut membre de la Milice (Police) à Varsovie. En janvier 1947, il fut nommé commandant de la Milice pour la voivodie de Lublin, il fut muté en 1950 à la celle de Zielona-Gora, située à la frontière avec la République démocratique allemande (RDA) où il resta jusqu’en 1953.

Le XXe congrès du PCUS en février 1956, la mort de Bierut et le retour de Wladyslaw Gomulka à la tête du gouvernement et du Parti ouvrier unifié polonais (POUP), déclencha une attaque des conservateurs du POUP dit groupe de « Natolin ». Le chef de file était Kazimierz Mijal, membre du comité central, ex-collaborateur de Bierut. Boleslaw Maslankiewick était dans cette mouvance. Mijal accusa Gomulka de mener la Pologne vers un retour au capitalisme. Il se rallia aux thèses de Mao-Tsé-Toung, fut évincé du comité central en 1959. Mijal créa un fantomatique Parti communiste de la Pologne. En juin 1964, cette activité scissionniste fut dénoncée au IVe congrès du POUP. Kazimierz Mijal, muni d’un faux-passeport albanais se réfugia dans ce pays. Plusieurs membres de cette organisation dont Boleslaw Maslankiewick furent accusés de « complot maoïste », ils furent arrêtés et incarcérés plusieurs mois.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136719, notice MASLANKIEWICZ Boleslaw dit Bolek par Daniel Grason, version mise en ligne le 21 avril 2011, dernière modification le 27 octobre 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. RGASPI 545.6.741, BDIC mfm 880/39. – Arch. PPo. BA 2056, 77W, 161. – André Jeannet, Mémorial de la Résistance en Saône-et-Loire. Biographie des Résistants, Éd. JPM, 2005. – Louis Gronowski Brunot, Le dernier grand soir. Un juif de Pologne, Seuil, 1980. – Pierre Buhler, Histoire de la Pologne communiste. Autopsie d’une imposture, Karthala, 1997. – David Diamant, Combattants Juifs dans l’armée Républicaine espagnole. 1936-1939, Éd. Renouveau, 1979. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, EFR, 1979. – Jean-Marie Fossier, Zone interdite, Éd. Sociales, 1977. – Castells Andreu, Las Brigadas internacionales de la guerra de España, Barcelone Ariel, 1974. – Gaston Laroche (Boris Matline), On les nommait des étrangers. Les immigrés dans la Résistance, ÉFR, 1965. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – Site Internet Mémoire des hommes. – Proposition de loi du groupe communiste au Sénat relative à l’attribution de la carte de combattant aux soldats polonais ayant servi dans l’armée française, 3 décembre 1997. – Remerciements à M. Gérard Soufflet, de nous avoir communiqué des informations des archives de l’Institut de la Mémoire Nationale (IPN), Varsovie.

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