MARCHANDISE Théo [MARCHANDISE Théodule, Honoré dit]

Par Julien Cahon, Renaud Quillet

Né le 24 mars 1898 à Doingt-Flamicourt (Somme), mort le 23 janvier 1976 à Doingt-Flamicourt (Somme) ; menuisier, métreur ; militant socialiste SFIO, puis communiste dans la Somme ; syndicaliste ; maire de Doingt-Flamicourt (1925-1932 et 1945-1976).

Théo Marchandise
Théo Marchandise

MARCHANDISE Théo [MARCHANDISE Théodule, Honoré dit]

Né le 24 mars 1898 à Doingt-Flamicourt (Somme), mort le 23 janvier 1976 à Péronne (Somme) ; métreur ; militant SFIO puis PCF dans la Somme ; syndicaliste CGT dans la Somme ; maire de Doingt-Flamicourt (1925-1932 et 1945-1976).

Né dans une vieille famille de maraîchers dans un village voisin de Péronne, ses ancêtres avaient probablement côtoyé la famille du chansonnier Béranger, originaire de la même localité, et son père, Raymond (Joseph, Léon) Marchandise, marié à Laure (Marie) Bigorne, fut conseiller municipal républicain.

Après l’obtention du brevet élémentaire, Théo Marchandise devint métreur. Durant la Grande Guerre, trop jeune pour être mobilisé, il se retrouva dans son village natal en zone occupée par les Allemands. En 1916, pour des faits mal connus, ceux-ci l’internèrent à la citadelle de Sedan. En 1919-1920, il fit son service militaire au 51e RI.

Marié le 20 août 1920 à Robersart (Nord) à une institutrice, Mathilde (Élise) Laugé, il adhéra bientôt à la SFIO et à la CGT. Sur le plan professionnel, il créa également après la guerre, qui avait ravagé sa région, une entreprise de matériaux de construction.

Aux élections municipales de mai 1925, il fut élu au conseil municipal de Doingt-Flamicourt et élu dans la foulée maire de cette commune. Il était alors le plus jeune maire de France. Animé d’un esprit social, il fut à l’origine de la création de la boulangerie coopérative de Flamicourt, et, selon certaines sources, d’un magasin d’alimentation coopératif. Il fut réélu maire en 1929. Entre-temps, il avait été candidat aux élections cantonales. En 1930, il siégea au sein de la fédération SFIO de la Somme à une commission de réflexion sur la question du contrôle du Cri du Peuple, aux côtés d’Alexis Mailly*, Léon Thoyot* et Rodolphe Tonnelier*. Mailly, secrétaire fédéral, voulait que l’hebdomadaire socialiste départemental soit clairement tenu en main par le parti. En 1932, sous les coups de la crise, l’entreprise de Théo Marchandise fit faillite. Devenu de ce fait inéligible, celui-ci perdit son mandat municipal et dut renoncer à représenter la SFIO aux élections législatives de mai dans l’arrondissement de Péronne. Il fut remplacé pour ce scrutin par Alfred Basquin*, qui fut élu député, et réélu en 1936. Théo Marchandise reprit alors définitivement son métier de métreur, qu’il exerça jusqu’à sa mort.

De 1939 à 1945, Théo Marchandise fut adjoint au chef cantonal de la Défense passive pour le canton de Péronne.

De retour de l’Exode, il entra à une date imprécise dans le réseau de Résistance Goélette et s’y montra actif, notamment dans le recueil de renseignements pour l’aviation alliée. Ses activités durant la Seconde Guerre mondiale lui valurent la médaille de la Résistance et la médaille commémorative de la Défense passive. Sous l’Occupation également, il rejoignit le PCF dont il resta membre jusqu’à sa mort, siégeant au comité de section de Péronne, tout en conservant une nette indépendance d’esprit, qui s’affirma encore avec le temps, bien qu’en juin 1972, par exemple, il ait été signataire d’un « appel des élus communistes de la Somme à la solidarité avec le peuple vietnamien ».

À la Libération, son inéligibilité étant depuis longtemps échue, il fut à nouveau élu maire de Doingt-Flamicourt et fut constamment réélu sans difficulté jusqu’à son décès. Cette prédominance fut notamment permise par le soutien fidèle de la section de Flamicourt, où il résidait, plus progressiste que celle de Doingt, mais surtout par sa forte personnalité, dont l’aura dépassait largement la mouvance communiste, et même les rangs de la gauche. Il représenta le PCF aux élections cantonales de septembre 1945, d’octobre 1951 et d’avril 1958 dans le canton de Péronne. Aux cantonales de 1951, il obtint ainsi 1935 voix sur 5883 suffrages exprimés contre 843 à Alfred Basquin (ex-SFIO), mais fut battu par 3107 voix par le maire RGR de Péronne, Daniel Boinet. Aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958, il incarna comme candidat du PCF dans la cinquième circonscription de la Somme (Albert-Péronne) l’opposition à la coalition gaulliste face au candidat UNR, le député poujadiste sortant Emile Luciani. Il obtint alors au premier tour 11355 voix sur 47742, soit 23,78 %, derrière Luciani (15747 voix), mais devant le socialiste SFIO Charles Deflandre (6934 voix). Au second tour, il réunit 15297 voix sur 46901, soit 32,62 %, face au vainqueur Luciani. Aux élections législatives des 18 et 25 novembre 1962, il fut suppléant du maire communiste d’Albert Alfred Leclercq*, adversaire malheureux de Luciani. Durant ces années, il fut notamment lié au député communiste de la Somme Michel Couillet.

Il fut également après guerre délégué au congrès départemental de la CGT le 28 juin 1947, secrétaire de l’Union locale CGT de Péronne, et, de 1945 à 1960, membre de la Commission administrative de l’Hôpital hospice de Péronne comme représentant de la CGT.

Dans son village, il fut fondateur et président d’honneur de l’Amicale des Anciens Elèves de Doignt-Flamicourt.

En 1953, à la demande de la direction nationale du PCF, il hébergea chez lui pendant plusieurs semaines l’écrivain André Stil, rédacteur en chef de l’Humanité, sous le coup de poursuites pour ses articles contre la Guerre d’Indochine. Au cours de ce séjour, que ne semblent pas avoir ignoré les Renseignements généraux, eut lieu notamment chez lui un dîner réunissant autour de Stil plusieurs personnalités communistes, dont un jeune professeur d’histoire-géographie au collège de Péronne, le futur historien Jean-Jacques Becker.

En tant que maire de Doingt-Flamicourt, Théo Marchandise mena une politique active de développement de sa commune et d’action sociale (Noël des enfants, repas des « cheveux blancs », centre aéré, monument aux morts et à la Résistance). On lui doit notamment la création d’une salle des fêtes et, en 1975, d’une école maternelle, à une date où l’enseignement préélémentaire était encore assez rare en zone rurale ; cette école fut inaugurée quelques jours avant sa disparition, alors qu’il était déjà hospitalisé, et reçut son nom après sa mort. Par attachement local et par souci d’éviter un alourdissement de la fiscalité, il se montra jaloux de l’indépendance de son village, repoussant les offres de fusion avec le chef-lieu de canton et d’arrondissement, pourtant contigu : en mars 1963, il s’éleva ainsi avec succès contre un projet de rattachement à Péronne de Doingt-Flamicourt et de trois autres communes. En 1960, il avait cependant accepté que son village entre dans le SIVOM du canton de Péronne, dont il devint jusqu’à sa mort l’un des vice-présidents, chargé de la voirie. Il devint aussi vice-président de l’Amicale des Maires et Maires-adjoints du canton de Péronne. En septembre 1974, après une longue attente due à son appartenance au PCF, il reçut en tant que maire la médaille de vermeil départementale.

Il fut enterré civilement dans sa commune.

Son fils unique Roland, né en 1922, ancien résistant et conducteur de travaux publics retraité, fut brièvement maire PS de Doingt-Flamicourt et vice-président du SIVOM du canton de Péronne, chargé comme son père de la voirie, de mars 1989 à son décès brutal, en octobre suivant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136747, notice MARCHANDISE Théo [MARCHANDISE Théodule, Honoré dit] par Julien Cahon, Renaud Quillet, version mise en ligne le 30 avril 2011, dernière modification le 16 octobre 2019.

Par Julien Cahon, Renaud Quillet

Théo Marchandise
Théo Marchandise

SOURCES : Arch. Dép. Somme, 21W371, 21W364, 21W391, 23W70, 1471W16. — Le Cri du Peuple, 1930-1939. — Le Travailleur de la Somme, 1945-1976. — Le Courrier picard, 12 septembre 1974 et 25 janvier 1976 (nécrologie). — Renseignements fournis par l’association Mémoire de Doingt-Flamicourt. — État civil de Doingt-Flamicourt. – Souvenirs personnels de Renaud Quillet, son petit-neveu. — Témoignages d’Arlette Quillet, née Barbare, sa nièce, Pierre Quillet, son neveu par alliance, et Jean-Jacques Becker*.

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