JOANICOT Pierre, Charles

Par Pierre Alanche, Jacques Debesse

Né le 23 septembre 1927 à Trie-sur-Baïse (Hautes-Pyrénées) ; ingénieur électronicien ; responsable d’équipe JEC, militant de l’UNEF à Bordeaux ; militant CFTC puis CFDT, secrétaire du comité d’établissement de la SACM à Arcueil (Seine, Val-de-Marne) de 1959 à 1961 et du CCE d’Alcatel (1964-1968).

Fils unique de Jean Joanicot et d’Hélène Abadie, Pierre Joanicot avait pour père un receveur de l’enregistrement des domaines et du timbre à Trie-sur-Baïse (Hautes-Pyrénées) qui devint conservateur des hypothèques. Ce dernier, représentant syndical CGT, siégeait dans les commissions paritaires du ministère des Finances. Républicain anti-clérical, il avait renoué avec la pratique religieuse vers 1925, après des contacts avec Mgr Gerlier, alors évêque de Lourdes (Hautes-Pyrénées). Membre du Parti démocrate populaire avant la Seconde Guerre mondiale, résistant au sein d’un groupe Témoignage chrétien à Sainte-Hermine (Vendée), il avait rallié les rangs du Mouvement républicain populaire (MRP) à la Libération et quitté la CGT pour rejoindre la CFTC. Il était correspondant et chroniqueur du journal Le Soir à Bordeaux (Gironde) de 1945 à 1947. La mère de Pierre Joanicot, orpheline à l’âge de cinq ans, élevée par les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul à Tarbes (Hautes-Pyrénées), sans profession, participait à des activités caritatives locales.

Pierre Joanicot ne fréquenta pas l’école primaire car son père, craignant la contagion, avait refusé de l’inscrire à l’école publique où exerçait un instituteur tuberculeux. Ce furent ses parents qui lui apprirent à lire et écrire. Il faisait partie des Cœurs vaillants à Sainte-Hermine (Vendée) et fut initié par le curé de la paroisse au grec et au latin à l’âge de neuf ans. Ses études secondaires débutèrent en septembre 1938 au lycée Fénelon à La Rochelle (Charente-Maritime) où il fit partie des cadets de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC), dont il devint rapidement responsable. En septembre1940, ses parents, par peur des bombardements à La Rochelle, le mirent en pension à l’Institut Saint-Joseph de Fontenay-le-Comte (Vendée). Pendant les vacances de Pâques de 1943, alors qu’il participait à une rencontre clandestine des responsables de la JEC de Vendée et de Bretagne dans un collège de Laval (Mayenne), rencontre destinée à prendre des dispositions relatives au futur débarquement des alliées, la police allemande fit irruption pour arrêter le groupe. Heureusement, grâce à la connivence d’un soldat autrichien compréhensif à son égard, étant donné son jeune âge, il put se faufiler et échapper à l’arrestation.

Il obtint le baccalauréat de mathématique élémentaire en juin 1944, et celui de philosophie en octobre. Il suivit les cours de mathématiques supérieures puis de mathématiques spéciales, en internat, au lycée Montaigne à Bordeaux (Gironde), de 1944 à 1946, où il devint délégué des élèves. Il fut aussi responsable de l’équipe JEC et membre d’un groupe Témoignage chrétien. Admis à la faculté des sciences de Bordeaux (1946-1950), il passa plusieurs certificats de physique et chimie et intégra l’École nationale supérieure de radioélectricité de Bordeaux (ENSERB), rattachée à la faculté. Pierre Joanicot obtint le diplôme d’ingénieur en 1949 et remporta un DEA d’électronique appliquée en 1950. Dès son passage à la faculté, il avait adhéré à l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) dont il devint trésorier pour les étudiants de Bordeaux. Avec des amis protestants il fit en sorte qu’un restaurant fût créé dans cette ville et que des activités de loisirs fussent ouvertes aux étudiants. Membre de la commission universitaire du Club alpin français à Bordeaux, il devint délégué général du groupe universitaire de haute montagne (GUHM) et reçut l’homologation de chef de camp par la Jeunesse et les Sports.

En 1949, avant la fin de ses études, Pierre Joanicot avait commencé à travailler pendant ses vacances et week-ends à la Société d’études et de construction d’appareillages scientifiques et industriels (SECASI) à Bordeaux, Il réalisa le premier appareil français de radiothérapie, avec image enregistrée, assurant au patient une exposition aux rayons X de très courte durée, mais permettant au praticien une étude approfondie, sans danger, devant l’écran de restitution. Il fut appelé sous les drapeaux à Sète (Hérault) de septembre 1951 à septembre 1952, affecté à l’école de formation des officiers de transmission, en qualité d’instructeur. Il fut libéré avec le grade de sous-lieutenant puis, quatre années plus tard, celui de capitaine de réserve lui fut attribué. Durant son service militaire, il participa au congrès de l’UNEF à Arcachon (Gironde) en 1952 où, grâce à son réseau de connaissances et son aide matérielle, il facilita l’élection au bureau national d’une équipe de chrétiens progressistes, disciples de Marc Sangnier. Ceci contribua à la création d’un établissement de postcure à Sceaux (Seine, Hauts-de-Seine), destiné aux étudiants atteints de tuberculose et agréé par la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF). En outre, à la demande de Marguerite-Marie Filloux*, vice-présidente de l’UNEF bordelaise, il avait organisé le service d’ordre du congrès.

En 1952, Pierre Joanicot fut embauché à la Société alsacienne de construction mécanique (SACM) en qualité d’ingénieur électronicien, affecté au laboratoire du département marine de Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine) et dépendant de l’usine d’Arcueil (Seine, Val-de-Marne). La classification « secret défense », attribuée aux produits et techniques liés à son activité professionnelle, le contraignit à s’abstenir de tout engagement politique. L’usine d’Arcueil étant devenue établissement de la Société alsacienne de construction atomique, de télécommunication et d’électronique (ALCATEL) en avril 1964, il travailla dans les secteurs techniques, technico-commerciaux, et devint responsable du bureau d’études de la société jusqu’au transfert des activités composants et électroniques à l’entreprise Thomson-CSF en 1983. Victime d’un grave accident de la route, il fit valoir ses droits à la retraite anticipée en 1987.

Au sein de la SACM, la représentation des cadres était monopolisée par la Confédération générale des cadres (CGC) mais, sur l’incitation de Roger Faist*, qu’il côtoyait au Mouvement des ingénieurs et chefs d’industrie (MICIAC) à Sceaux, Pierre Joanicot adhéra à la CFTC en 1953. Il fut élu délégué du personnel et du comité d’établissement sur liste sans étiquette en 1957. Réélu en 1959 sur liste CFTC, il devint secrétaire du comité d’établissement de l’usine d’Arcueil (1959-1961), s’attachant à structurer d’une façon durable les activités sociales et culturelles, prises en charge antérieurement par la direction de l’établissement (son successeur sera Maurice Allézy). Il fut désigné représentant des cadres au conseil d’administration de la société (1959-1970). Lorsqu’Alcatel naquit de la fusion de la Compagnie industrielle de téléphone (CIT) et du département énergie nucléaire, télécommunications et électronique (ENTE) de la SACM, Pierre Joanicot devint membre du comité central d’entreprise (1964-1968). Il organisa des week-ends de formation syndicale avec les militants des établissements de Mulhouse (Haut-Rhin) et de Graffenstaden (Bas-Rhin) où la CFTC était fortement implantée. Avec Jacques Moreau*, de la fédération CFDT de la Chimie, invité à ces sessions, il prit part aux débats internes à la CFDT sur la place des cadres dans l’organisation et contribua à la structuration inter catégorielle des syndicats et fédérations. Partisan de la déconfessionnalisation de la CFTC, il participa aux réunions de consultation à la SACM, qui aboutirent à une approbation de l’évolution vers la CFDT à une très large majorité.

Engagé dans la vie associative locale, Pierre Joanicot contribua au déploiement du modeste équipement culturel de la ville de Sceaux qui acquit la notoriété de centre culturel intercommunal des Gémeaux. Il participa à la création de l’Union nationale des centres d’action culturelle (UNCAC), et en fut nommé président en 1959. Il travailla à la restructuration de la maison de quartier des Blagis à Sceaux, qui devint en 1979 le centre social et culturel des Blagis (CSCB). Il en fut président et siégea au conseil national de la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF). Dans ce cadre, il collabora en 1982, avec Michel Serres, à la mise en œuvre d’une initiation à l’informatique destinée aux milieux défavorisés à Nanterre (Hauts-de-Seine) et, à la demande du sous-préfet d’Antony (Hauts-de-Seine), coopéra à un atelier pédagogique pour aider les mères de famille et les jeunes à trouver un emploi. En retraite, dans sa commune de résidence, Bielle (Pyrénées-Atlantiques), il devint administrateur de l’association « Histoire et mémoire de Bielle et Bilhères-en-Ossau ».

Depuis son arrivée en région parisienne, Pierre Joanicot avait milité à l’Union sociale des ingénieurs catholiques (USIC) qui animait des cellules de réflexion sur des sujets de démocratie économique. Il participa avec sa femme, à Sceaux, aux réunions d’équipes de foyers du mouvement des ingénieurs et chefs d’industrie
(MICIAC), dont il devint responsable au plan régional en 1954. Il fut un des artisans de la fusion de l’USIC et du MICIAC pour créer, en 1965, le mouvement des cadres chrétiens (MCC).

Pierre Joanicot s’était marié en 1954, civilement à Bordeaux, puis religieusement à Gavarnie (Hautes-Pyrénées), la même année, dans le cadre d’un camp du GUHM, avec Monique Castebert, ancienne élève de l’École nationale supérieure des métiers d’art à Paris (IIIe arr.). Elle anima des formations artistiques, participa à de nombreuses activités sociales, au plan local et dans le secteur hospitalier. Elle fut candidate aux élections municipales de Sceaux en 1977, sur une liste des Groupes d’action municipale (GAM), intitulée « groupe scéen pour la participation locale ». Le couple eut trois enfants : Luc (1956), Matthieu (1959), Inès (1961).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136776, notice JOANICOT Pierre, Charles par Pierre Alanche, Jacques Debesse, version mise en ligne le 25 avril 2011, dernière modification le 3 septembre 2011.

Par Pierre Alanche, Jacques Debesse

SOURCES : Archives UPSM-CFDT. — Entretiens avec Pierre Joanicot, février et mars 2011.

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