LE GUERN Christian

Par Alain Prigent

Né le 20 juillet 1906 et mort le 6 février 1963 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; électricien ; secrétaire du syndicat CGT de la Compagnie Le Bon (1936), secrétaire adjoint (1939) puis général de l’union départementale CGT des Côtes-du-Nord (1945) ; membre du CDL des Côtes-du-Nord (1943-1945).

Son père Ernest Le Guern qui défendit avant 1914 le projet de la Maison du Peuple, adhéra au PC après la scission de 1920. Secrétaire de la fédération communiste en 1924 il disparut en 1926. Son fils, Christian Le Guern, commença son parcours militant sous le Front Populaire. Militant de la CGTU, il fut secrétaire du syndicat CGT réunifié de la Compagnie Le Bon en 1936. Il joua un rôle très important dans la gestion des conflits qui se développèrent dans le département pendant la période du Front Populaire (1936-1938. Il siégea dans les commissions de conciliation avec Théo Hamon* et Amédée Quinio*. Il fut élu secrétaire adjoint de l’UD en 1939 remplaçant René Houzé* qui avait quitté le département.

Lors du Congrès de Juin 1938, il intervint sur le développement du sport populaire. Dans le numéro d’octobre 1938 de L’Avenir Syndicaliste, organe de l’UD de la CGT des Côtes-du-Nord, Christian Le Guern, secrétaire administratif de l’USOB (l’Union Sportive Ouvrière Briochine), souhaita que les syndicats s’investissent plus dan la pratique sportive de masse.

N’étant pas adhérent du PC, bien que sympathisant, il échappa aux exclusions prononcées après le pacte germano-soviétique par les instances de l’UD CGT des Côtes-du-Nord. Après la décision de Vichy de faire disparaître les confédérations, les syndicats continuèrent à se réunir autour des travailleurs non mobilisés. En décembre 1941, il anima une réunion des syndicats CGT avec Théo Hamon*, ancien secrétaire de l’UD. On y parla de la Charte du Travail. Il participa à la réunion des syndicats CGT du Maine-et-Loire. Il participa avec Théo Hamon aux réunions avec les autorités de Vichy jusqu’en 1943.

Le jour de l’Ascension 1943, Louis Guilloux*, ami de Pierre Petit*, un des responsables de la CGT et du PC clandestin à Saint-Brieuc, rendit visite à l’abbé Jules Chéruel, professeur de philosophie au Lycée Saint-Charles, porteur d’un message du PC, de la CGT et du FN. Les grandes arrestations d’août qui frappèrent essentiellement le PC clandestin et perturbèrent le processus de négociation entre les différentes forces de la Résistance. En septembre 1943, Christian Le Guern renoua avec l’abbé Chéruel. Le CDL, composé de huit organisations, se réunit alors pour la première fois vers le 15 décembre 1943 chez l’abbé Chéruel. Le Guern siégea au CDL jusqu’à sa dissolution en 1946. A la Libération il siégea dans plusieurs commissions chargées de l’épuration. Il intervint pour la défense de Théodore Hamon, auquel on reprochait une adhésion au RNP et sa participation au COSI. Il affirmait que son adhésion lui avait été « arrachée » et témoignait de l’aide apportée à de nombreux syndicalistes communistes, et à lui-même menacé d’accusation par le SPAC.

Dans les Côtes-du-Nord, la reconstitution de l’UD se réalisa sous la direction des unitaires très actifs dans les structures de la clandestinité, Le Guern représentant la CGT au CDL dès janvier 1944, fut secondé par Jean Le Bars*. Lors du premier congrès, le 17 et 18 mars 1945, en présence d’Henri Raynaud*, Christian Le Guern, confirmé dans ses fonctions de secrétaire de l’UD, annonça des effectifs de 20 000 adhérents.

Le Guern abandonna officiellement le secrétariat général, pour des raisons professionnelles le 7 juillet 1945. Jean Le Bars, militant communiste, lui succéda au secrétariat général le 7 juillet 1945. Après avoir participé au conseil confédéral national où les deux courants, confédérés et unitaires, s’affrontèrent durement, il ne put se faire à l’idée d’une nouvelle scission. Minoritaire au sein du bureau, ne se reconnaissant dans aucune des deux grandes tendances il jugea inutile de rester dans l’exécutif, et annonça lors à la CA du 28 septembre 1945, après avoir longuement hésité, sa démission des instances départementales.

Le Guern accepta le poste de délégué régional CGT en 1946, poste sans réelle consistance compte tenu de la départementalisation de l‘organisation. Il réintégra les instances départementales devenant secrétaire adjoint à l’issue du congrès des 17 et 18 mai 1947. Après la scission, il ne figurait pas dans l’organigramme de l’UD. Une note des renseignements généraux du 6 septembre 1950 indiquait qu’il était à cette époque « permanent CGT, élu au conseil d’administration de la caisse des allocations familiales. Il n’est plus au CA de la MSA, débarqué par Landerneau. »

En juin 1951, lors des élections législatives dans les Côtes-du-Nord, il figurait sur la liste d’entente républicaine conduite par Emile Le Gac* composée de radicaux en désaccord avec ceux du RGR qui avaient rallié sur la liste de René Pléven. Ce fut le dernier engagement public de Christian Le Guern. Cette liste n’obtint qu’à peine 4% des voix (10 363 en moyenne) face aux listes apparentées (51,4%). Du coup, avec 26,6% des voix, le PCF perdait ses deux députés et le RPF (16,9%) n’en avait aucun. Emile Le Gac avait recueilli 11 009 suffrages.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136798, notice LE GUERN Christian par Alain Prigent, version mise en ligne le 25 avril 2011, dernière modification le 25 janvier 2022.

Par Alain Prigent

ICONOGRAPHIE : Photo du CDL en 1945.
SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, 12W47. — Arch. de l’UD CGT des Côtes d’Armor. — AD35/214W87, dossier de Justice de Théo Hamon (Gilles Morin). — L’Aube Nouvelle, hebdomadaire de la fédération des Côtes-du-Nord du PCF (1945-1951). — Christian Bougeard, Le choc de la deuxième guerre mondiale dans les Côtes-du-Nord, thèse de doctorat d’État, Rennes II, 1986. — Christian Bougeard, "Le syndicalisme en Bretagne du Front Populaire à la deuxième guerre mondiale", Le Mouvement Social, N°158, 1992. — Christian Bougeard, "La CGT dans les Côtes-du-Nord (1920-1950)", Annales de Bretagne, sous la direction de Claude Geslin, N° 3, 1995. — Alain Lozach, Visages de la Résistance bretonne, Coop Breizh, 2003, 375 p. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Notice d’Ernest Le Guern rédigée par Yann Le Floch in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (DBMOF), période 1919-1939.

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