LASNE Suzanne dite Josette

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Née le 20 janvier 1924 à Paris (VIe arr.), morte le 15 mars 1943 à Auschwitz (Pologne) ; employée de bureau ; agent de liaison de l’interrégion parisienne des FTP.

Suzanne Lasne
Suzanne Lasne
Cession à titre gracieux par les archives de la préfecture de police.

Fille de Charles Lasne, orfèvre, et de Catherine Bernard, aide-comptable, Suzanne Lasne obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Employée de bureau elle travaillait à la société Prixminimes 12 rue d’Amsterdam à Paris (IXe arr.). Orpheline de mère depuis l’âge de neuf ans, elle demeurait avec son père au 143 bis avenue Michel-Bizot à Paris (XIIe arr.). Selon ses déclarations elle entra en contact avec des militants communistes en septembre 1940, elle se politisa par la lecture de tracts et brochures qui lui étaient données.
Entrée dans l’action clandestine en juillet 1942, elle accepta d’assurer la liaison entre différents distributeurs de tracts du parti communiste clandestin, elle quitta son travail et le domicile familial par mesure de prudence, elle habita 11 rue Alibert à Paris (Xe arr.). En septembre-octobre, elle devint agent de liaison, chargée de porter armes et explosifs, elle était aussi chargée de copier des formules permettant de fabriquer des explosifs. Permanente, elle était rétribuée deux mille francs par mois, plus les frais de déplacements et de temps à autres des tickets d’alimentation. Suzanne Lasne assurait la liaison avec neuf régions de l’inter région parisienne des FTP de P1 à P9. La liaison avec la région P10, celle des FTP-MOI de la région parisienne était confiée à Chari Gruia alias Charlotte Scordas.
Le 13 décembre 1942 trois inspecteurs de la BS2 interpellaient Roger Gouffault alors qu’il se présentait au domicile de Roger Pinçon. Les policiers perquisitionnèrent le local atelier au 22 rue de Loos (Jean-Moinon) dans le Xe arrondissement, lieu où Roger Gouffault fabriquaient valises, boîtes en bois de petites dimensions, boîtes métalliques destinées à faire sauter des rails de chemin de fer… et dispositifs de mise à feu. Des policiers restèrent dans le local attendant d’éventuels visiteurs, le 14 décembre à la tombée de la nuit Suzanne Lasne dite Josette et Raymond Lambert dit Leclerc se présentèrent et furent interpellés.
Les policiers perquisitionnèrent son logement du 11 rue Alibert, ils saisissaient : une grenade, 50 allumeurs à acide, dix-huit tubes d’ablonite, des produits chimiques. Près d’un millier de tracts et brochures édités par le parti communiste clandestin étaient découverts : « Le problème de l’heure », « Défense passive », « Le Maréchal a dit », « Fonctionnaires Français et cheminots », L’Humanité, La Vie ouvrière, « Bulletin d’informations », « Pas un homme en Allemagne » et Russie d’aujourd’hui. Enfin, les policiers trouvaient des correspondances, des carnets, et de la documentation permettant la fabrication d’explosifs…
Emmenée dans les locaux des Brigades à la préfecture de police, malmenée, frappée… il apparut aux policiers que Suzanne Lasne avait eu de nombreux contacts avec différents responsables FTP : Georges Vallet dit Raoul, Albert Gueusquin dit Bob, Victor Rousseau dit Dupré, Roger Pinçon dit Pierre… et avec les agents de liaisons : Camille (peut-être Jacqueline Rouveyrol, Hélène (Simone Claudet), Gaston (Louis Berre), Nicole, Perron, Félix (Gustave Frémont), Raymond… Elle assuma ses actes, elle possédait le double des clés des dépôts d’armes de la rue de Loos et du 16 Cité Raynaud à Paris (XIVe arr.) administré par Raymond Lambert dit Leclerc.
Incarcérée à Fresnes jusqu’au 23 janvier 1943, elle fut transférée au camp de Royallieu à Compiègne la veille du départ du convoi du 24 janvier 1943. Suzanne Lasne était en compagnie de Jeanne Alexandre, Angèle Mercier et Marie-Louise Colombain impliquées dans la même affaire dans ce transport de 230 femmes à destination d’Auschwitz (Pologne). Seuls les deux premiers chiffres de son matricule 31… ont été connus. Elle mourut au revier (infirmerie) de Birkenau le 14 mars 1943, elle était âgée de dix-neuf ans. Selon Charlotte Delbo « Du jour de son arrestation, elle a été minée par le remords ». La raison en aurait été qu’elle avait dans sa poche au moment de son arrestation un papier sur lequel elle avait inscrit ses rendez-vous des prochains jours, elle ne put le détruire.
Une plaque est apposée au 23, rue du Docteur Arnold Netter (Paris XIIe arr.) où elle vécut.
Par arrêté du 2 août 1993 du ministre des Anciens combattants et Victimes de guerre la mention « Morte en déportation » fut apposée sur son acte de décès. Déclarée « Morte pour la France », elle a été homologuée combattante des Forces française de l’intérieur (FFI), Déportée internée résistante (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136832, notice LASNE Suzanne dite Josette par Daniel Grason, Gérard Larue , version mise en ligne le 20 janvier 2016, dernière modification le 24 septembre 2021.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Suzanne Lasne
Suzanne Lasne
Cession à titre gracieux par les archives de la préfecture de police.

SOURCES : Arch. PPo. 77W 486 (dossier Henri Fongarnand), GB 114 bis BS2 22 bis, KB 24. – Bureau Résistance GR 16 P 73621. – Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éd. de Minuit, 1995. (Notes de Jean-Pierre Besse). – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – JO n° 216 du 17 septembre 1993. – Site internet GenWeb. — Site internet Mémoire des Hommes. – État civil.

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