JOCHEM Louis [Alphonse, Louis]

Par Michel Pigenet, Jean-Jacques Doré

Né le 6 février 1901 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 25 janvier 1962 au Havre ; voilier puis journalier ; secrétaire du syndicat CGT Textile cotonnier du Havre de 1937 à 1939, secrétaire du syndicat des Voiliers du Havre de 1945 à 1952, secrétaire de l’Union locale CGT du Havre de 1948 à 1961, membre de la commission administrative de l’Union départementale de 1949 à 1961 ; administrateur de la Sécurité sociale.

Fils d’un journalier, orphelin de père et mère, Louis Jochem fut apprenti voilier dès l’âge de onze ans. Mobilisé le 5 avril 1921, il fut affecté dans un service auxiliaire à cause d’une myopie prononcée des deux yeux.

Rendu à la vie civile le 1er avril 1923, il reprit son métier de voilier et rejoignit le syndicat autonome des Voiliers du Havre qui avait quitté la CGT et refusé l’adhésion à la CGTU le 2 février 1922. Proche d’Albert Le Breton qui l’avait pris sous son aile, il baigna dans la mouvance syndicaliste révolutionnaire qui régnait en maître sur les quais du Havre ; le jugement de la police se limitait à un seul mot : « libertaire ». Sous l’effet de l’évolution des techniques de navigation, la profession s’était reconvertie dans la réception et l’échantillonnage des marchandises, lui-même s’était recyclé dans la transformation du coton. Le 4 janvier 1937, il fut à l’origine de la création du syndicat CGT du Textile cotonnier du Havre dont il assura le secrétariat jusqu’en 1939.

Mobilisé de septembre 1939 à juin 1940, il rejoignit la Résistance par la suite.

Le 24 avril 1945, il fut élu secrétaire du syndicat CGT des Voiliers du Havre qui comptait alors quelque 400 adhérents et en décembre 1948, il succéda à Henri Quesnel au secrétariat de l’Union locale. Il entama alors une carrière de permanent. Demeuré fidèle à l’antimilitarisme de sa jeunesse, il surmonta sa méfiance à l’égard des communistes et siégea, en 1950, au conseil national des Assises de la paix et de la liberté. Il choisit encore, à l’instar de la plupart des anciens autonomes havrais, de rester à la CGT. Soupçonné, en mai 1949, d’entretenir des relations avec le noyau des militants locaux opposés à l’orientation de la Confédération et susceptibles de rallier FO, il n’en fit rien.

Au titre de secrétaire de l’Union locale, il réclama et obtint de la municipalité l’interdiction, en 1950, de la projection du film de Marcello Pagliero, Un homme marche dans la ville, qui, d’abord bien accueilli par les dockers havrais, subissait les plus vives attaques de la part des communistes mobilisés contre une œuvre « infecte », « abjecte » et « insultante ».

Membre de la commission administrative de l’Union départementale à partir du 19e congrès (14 et 15 janvier 1953), il siégeait comme administrateur de la Sécurité sociale, au conseil des prud’hommes, au comité national des combattants de la paix et présidait le comité de défense de la Sécurité sociale, rouage de l’Union locale.

Louis Jochem s’était marié le 3 février 1945 avec Fernande Dubos au Havre où ils habitaient 78 rue Anatole France. Il assuma avec talent toutes ses responsabilités jusqu’à sa mort survenue brutalement le 25 janvier 1962.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136835, notice JOCHEM Louis [Alphonse, Louis] par Michel Pigenet, Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 17 janvier 2022, dernière modification le 17 janvier 2022.

Par Michel Pigenet, Jean-Jacques Doré

SOURCES : Centre des archives contemporaines : 920 251, art. 15. — Arch. Dép. Seine-Maritime, État civil, matricule militaire. — Arch de l’UD CGT liasse 1945-1947. — Direction des affaires sociales de la préfecture, dossiers non versés aux archives. — Arch. Institut CGT Histoire sociale, fonds du secrétaire général, dossier UD de Seine-Maritime. Congrès de la Fédération nationale des Ports et Docks, les 19-22 mars 1946 (Paris). — L’Avenir normand du 17 mars 1950, L’Avenir du Havre des 14 octobre 1949 et 14 avril 1950. — Le Havre libre 27 janvier 1962. — M.-P. Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre), communistes du Havre. Société, culture et politique, 1930-1983, thèse IEP-Paris, 1997.

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